Football sud-américain : nuances et spécificités

First team scout pour le Club Tigre UANL (Mexique), Bastien Rodriguez nous propose un éclairage sur son parcours, ainsi que sur les différentes nuances et spécificités du football sud américain.

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Aujourd’hui, expatrié au Mexique après une longue étape en Colombie, comment êtes-vous arrivé au football, avant d’atterrir dans celui de l’Amérique du Sud ?

Comme beaucoup, j’ai joué au football dès le plus jeune âge, dans différents clubs amateurs de la région de Toulouse. Les années passant, j’ai fait des études d’urbanisme, très éloignées du football même si j’avais toujours une petite idée derrière la tête. J’ai eu la chance d’effectuer mon service civique, au sein de la Ligue Nord-Pas-de-Calais, près de Lille. J’ai donc commencé à passer les diplômes d’entraîneur et à entraîner bénévolement dans les clubs amateurs du coin.

Rapidement, j’ai eu l’opportunité de signer un contrat aidé pour les moins de 25 ans comme salarié dans un club, en qualité d’éducateur, secrétaire, intendant, bref un peu la personne à tout « bien » faire dans l’association. C’est vraiment à partir de ce moment-là que mon aventure professionnelle dans le football a démarré, même si à l’époque, je travaillais dans un club amateur. J’ai obtenu un diplôme d’éducateur sportif avec le ministère des Sports, puis j’ai enchainé avec la licence UEFA B ou le Brevet de Moniteur de Football (BMF), ainsi qu’un DU d’analyste vidéo à l’université de Lille.

En fin de contrat au club, j’étais libre pour aller vivre en Colombie, qui était un projet de vie avec ma compagne d’origine colombienne. Je n’avais aucun contact sur place, mon espagnol était basique, j’ai donc contacté tous les clubs professionnels colombiens de première et de deuxième division.

Je n’ai eu qu’une seule réponse, pour un entretien avec l’America de Cali qui s’est soldé par un stage bénévole de 3 mois. J’ai débuté fin 2019 comme analyste vidéo pour les équipes de jeunes de l’America Cali. Au bout de 3 mois, le club m’a proposé un contrat qui m’a permis de débuter dans le milieu du football professionnel en Amérique du Sud.

Analyste vidéo pour les équipes de jeunes, beaucoup de représentations existent à propos de cette fonction dans les clubs. Quelle était la mission que l’America de Cali vous avait confié auprès des jeunes notamment dans un football sud-américain que nous imaginons assez différent du football français, voire européen, au niveau de l’organisation, des compétitions, des infrastructures, etc ?

Tout d’abord, quand j’arrive au club, l’America de Cali est un club majeur de première division colombienne, plusieurs fois champion du pays, quatre fois finaliste de la Copa Libertadores (1985 1986, 1987 et 1996). C’est un club que je compare à l’Olympique de Marseille en termes de ferveur populaire, avec des supporters dans tout le pays, mais aussi dans tout le continent.

Pour autant cette fonction d’analyste vidéo n’existe pas, ni chez les professionnels, ni chez les jeunes. Le directeur sportif de l’époque, Alvaro Rius était espagnol, il est aujourd’hui en Arabie Saoudite, au club Al Qadisiya, qui vient de monter en première division, avec notamment un recrutement spectaculaire.

« J’étais le seul et le premier analyste du club, avec peu voire pas de moyens. Je travaillais d’ailleurs avec mon propre matériel, puisque le club n’avait rien »

Malgré un CV vierge ou presque d’expérience professionnelle, il m’a fait confiance et m’a demandé de faire des rapports collectifs sur les forces et les faiblesses de nos équipes de jeunes, mais aussi d’observer les axes individuels d’amélioration de nos jeunes. J’ai par la suite, réalisé quelques rapports collectifs sur l’équipe professionnelle.

L’idée c’était de montrer au club ce qu’il était possible de faire et l’impact de la vidéo tant au niveau des staffs qu’au niveau des joueurs. Evidemment le cadre de travail était très vague, puisque j’étais le seul et le premier analyste du club, avec peu voire pas de moyens. Je travaillais d’ailleurs avec mon propre matériel, puisque le club n’avait rien.

La vidéo existait avant moi bien sûr, mais personne n’y était vraiment affecté. La bonne nouvelle, c’est que cette fonction s’est démocratisée et nous avons créé un réseau d’analyste vidéo en Colombie et aujourd’hui, la majorité des clubs ont recours à plein temps à des professionnels de l’analyse vidéo.

Votre mission consistait surtout à l’analyse des joueurs et des équipes du club de l’America de Cali, mais il existe encore un pas en avant à faire, après avoir fait les constats illustrés à la vidéo. L’opérationnalisation des constats était -elle prévue sur le terrain d’entrainement et si oui, est-ce une mission qui vous auriez aimé faire au regard de vos formation d’entraineur ?

Quand je suis arrivé en 2020, nous avons mis en place tout un programme avec le directeur sportif, fixé une ligne directrice dans l’individualisation du travail vidéo avec les jeunes. Je travaillais à partir des U17 jusqu’aux U20, j’avais donc trois catégories à charge, les U17, U18 et U20.

L’idée était de rédiger des rapports individuels en match, contextualisés autour du modèle de jeu mis en place par le directeur sportif chez les jeunes. Malheureusement, la pandémie a coupé net notre élan dans ce travail. Sans entrainement et sans match, il était difficile de poursuivre longtemps les entretiens en visioconférence. Nos analyses ne concernaient que les joueurs et les équipes du club, puisque nous étions focalisés sur le travail de formation du club.

Après quelques semaines, en juin 2020, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’équipe première du club et à partir de ce moment-là, mes missions ont complètement changé. Seule la compétition comptait, la recherche du résultat immédiat, avec des analyses de l’adversaire, en lien avec la philosophie de l’entraineur. J’étais en contact permanent avec le staff, c’était très riche, d’autant que j’ai eu la joie de vivre le titre de champion de Colombie.  

De notre point de vue européen, on imagine assez bien les caractéristiques du football argentin, celles du football brésilien, ou du football uruguayen. Comment définiriez-vous les caractéristiques du football colombien ?

Comme en Europe, il y a plusieurs tendances selon les pays et notamment des caractéristiques individuelles assez marquées. Si nous nous focalisons sur le football colombien, celui-ci est assez technique, avec un rythme de jeu modéré où la plupart des équipes essaient de construire depuis leur ligne défensive. Très peu d’équipes proposent un football direct, notamment parce que le joueur colombien apprécie de recevoir le ballon dans les pieds et assez peu de courses dans la profondeur.

Je crois que les types de terrains, pas toujours de bonne qualité favorisent ces caractéristiques et empêchent un rythme de jeu élevé notamment pour s’assurer le contrôle du ballon. Sur les aspects athlétiques, les joueurs colombiens ont des aptitudes très intéressantes notamment des qualités de vitesse, d’explosivité et d’appuis assez naturelles qui expliquent que les joueurs s’exportent bien. Le football colombien, est vraiment un mélange de ces qualités spécifiques et de réelles qualités techniques. 

Au-delà des terrains, dans quelle mesure les conditions de jeu dans la région de Barranquilla où la chaleur est étouffante au niveau de la mer et celles de Bogota, située à plus de 2000 m d’altitude influencent-elle la façon de jouer et favorisent une grande variété de profils de joueurs colombiens ?

J’ai eu la chance de travailler dans le club de Junior de Barranquilla qui occupe une place particulière sur l’échiquier du football colombien, avec un taux d’humidité proche de 90% tous les jours. Par exemple, les séances d’entrainement ont lieu, à 7H00 du matin, et tout le travail préparatoire débute vers 6H20. Les horaires sont très particuliers, parce qu’après 9h00 du matin, c’est très compliqué d’être sur le terrain jusqu’à 16h00.

C’est pourquoi certains matchs de championnat sont programmés à 15H00 pour tirer profit des conditions très difficiles, notamment face aux équipes « d’altitude », celles de Bogota et près de la frontière équatorienne. C’est aussi valable dans l’autre sens, quand nous devions aller jouer à Bogota, nous n’avions pas le temps d’offrir une adaptation physiologique aux joueurs, aussi nous faisions le voyage dans la journée, pour éviter de rester trop longtemps, ce qui n’est pas une mince affaire sur le plan organisationnel et logistique.

En plus, il fallait adapter nos exigences dans la mise en place de notre modèle de jeu parce qu’il était difficile de jouer de la même manière. J’ai eu la chance d’être dans des staffs techniques qui prônaient une grande intensité, avec une pression haute, pour récupérer le ballon le plus vite possible à la perte.

« Il fallait adapter nos exigences dans la mise en place de notre modèle de jeu parce qu’il était difficile de jouer de la même manière »

En jouant à Bogotá, à presque 2500 m d’altitude, il fallait s’adapter et accepter de reculer notre première ligne de pression pour ne pas exploser en vol. On avait l’impression que le terrain était lourd, que nous manquions d’oxygène et que chaque effort marquait un peu plus les organismes.

Historiquement, les clubs « de la mer », comme Junior de Barranquilla, souffrent énormément en altitude et ne gagnent quasiment jamais à Bogotá et réciproquement. Aujourd’hui, j’ai la chance de travailler au Mexique où je retrouve ces contrastes climatiques mais ils sont moins marqués. Dans les compétitions continentales, aller jouer au Chili, au Pérou ou pire encore en Bolivie, réclament que ces facteurs soient pris en compte, ce qui est nettement moins vrai en Europe.

Historiquement, les pays comme l’Argentine, le Brésil, la Colombie et l’Uruguay, sont de gros pourvoyeurs de joueurs vers les plus grands clubs européens. Comment expliquez-vous que le Mexique ne soit presque pas concerné par l’exportation massive de ses meilleurs joueurs y compris vers le championnat brésilien de plus en plus attractif ?

Selon moi, la Ligue Mexicaine de football, est l’une des trois plus puissantes du continent américain. En effet, les clubs mexicains sont forts économiquement et très bien structurés avec une approche très professionnelle, à l’image des entreprises qui prennent le contrôle des clubs pour y injecter beaucoup d’argent. Le revers de la médaille de cette approche, c’est que le jeune joueur mexicain signe généralement un premier beau contrat professionnel, d’un point de vue économique.

Par ailleurs, les équipes de la ligue mexicaine sont assez compétitives, et retardent le début de la carrière professionnelle, avec des joueurs qui débutent en équipe professionnelle vers 20 ou 21 ans, voire 23 ans, ce qui est très tard. En Colombie, en Uruguay, en Argentine ou au Brésil, c’est très différent, les clubs font débuter très tôt leurs meilleurs éléments vers 17, 18 ans. Parfois, avec moins de 20 matchs en première division et un contrat modeste, ils font le grand saut vers l’Europe.

A valeur égale, le joueur mexicain est beaucoup plus cher que le joueurs argentin, colombien, uruguayen ou brésilien. La concurrence entre les joueurs sud-américains est très forte pour aller en Europe. Entre la valeur initiale du contrat et l’âge auquel il débute avec les professionnels, le joueur mexicain n’est pas le premier choix.

Le championnat brésilien, commence à devenir très attractif et commence à attirer des joueurs européens, offrant des conditions de salaire comparables à l’Europe. Historiquement, le championnat mexicain est un championnat relevé du continent, capable d’attirer des joueurs étrangers en offrant des salaires importants. Aujourd’hui, les joueurs mexicains qui s’exportent, tentent leur chance avec des prêts avec la garantie qu’ils pourront revenir, à l’image du jeune mexicain Jorge Ruvalcaba prêté une saison au standard de Liège, en Belgique.

Il a joué avec la réserve du Standard et il est revenu, à 22 ans, pour bonifier son expérience à l’étranger et s’imposer en équipe première. Après une saison en Europe, on voit nettement sa progression. Par exemple, il y a un défenseur central qui, pour moi, aurait le niveau pour s’imposer en Europe, malheureusement, le prix du joueur empêche des championnats intermédiaires comme la Belgique ou les Pays-Bas de le recruter. A niveau équivalent, un joueur en Colombie, en Uruguay, en Argentine, coûtera 5 fois moins cher.

L’exemple du championnat mexicain laisse dans l’expectative, notamment sur l’identification des talents. Depuis plusieurs décennies, les sélections mexicaines, sont très compétitives notamment sur les championnats du monde U17, U20 y compris aux Jeux Olympiques, avec une majorité de joueurs U23. Souvent séduisants dans le jeu, les jeunes mexicains sont talentueux chez les jeunes, comment expliquez-vous leurs difficultés à franchir le pas chez les adultes ? 

Le format des compétitions de la ligue mexicaine de football ne favorise pas la compétitivité des équipes. A partir des U15 jusqu’au U23, il n’y a ni montée, ni relégation dans des championnats des clubs professionnels qui se rencontrent en U15, U16, U17, U18, U19, U23. Tout d’abord, la catégorie U23 n’a pas de sens puisqu’à cet âge les joueurs doivent se confronter aux aléas de la compétition et qu’il est trop tard pour la formation.

Chez les professionnels, depuis la pandémie, Il n’y a plus de montée et de descente, afin de permettre à la deuxième division de se développer d’un point de vue économique et réduire l’écart avec la première division. La dynamique de compétition sportive est très réduite par rapport à beaucoup de pays et cela n’aide pas le joueur mexicain à sortir de sa zone de confort.

Qu’entendez-vous par sortir de sa zone de confort ?

Le Mexique propose de très bonnes infrastructures d’entraînement, des clubs organisés et compétitifs ainsi que des contrats intéressants, même si cela n’a rien à voir avec ce qu’on peut retrouver en Europe. Le joueur de football mexicain profite d’un certain confort, d’un point de vue économique, mais aussi sportif, éducatif, médical que n’ont pas la grande majorité des joueurs sud-américains. Souvent, un jeune professionnel sud-américain, n’a pas de contrat professionnel en bonne et due forme.

Il est souvent livré à lui-même, sur le logement, l’alimentation, l’éducation, la communication, le médical, mais aussi dans sa gestion au quotidien ne serait-ce que pour venir au centre d’entrainement. Tout cela est nettement moins vrai au Mexique. La formation mexicaine est très performante et met l’accent sur un football cognitif, technique mais aussi sur les aspects athlétiques avec notamment des profils de joueurs très dynamiques, capables d’effectuer des courses à très haute intensité, mais le modèle de compétition est moins stimulant qu’ailleurs.

« La dynamique de compétition sportive est très réduite par rapport à beaucoup de pays et cela n’aide pas le joueur mexicain à sortir de sa zone de confort »

Je travaille comme scout pour les Tigres de Monterrey, ma mission se focalise sur l’observation de joueurs confirmés pour un éventuel recrutement au sein de l’équipe professionnelle. La cellule fait aussi un suivi avec des jeunes joueurs professionnels, notamment à travers l’observation des sélections de jeunes, notamment les U20 et les U23, voire les U19 et U17 mais c’est plus rare. Je constate que peu auraient le niveau pour intégrer l’équipe professionnelle, bien au chaud dans leurs championnats respectifs U20 et U23.

Travailler dans un club comme les Tigres de Monterrey, rime peut être avec une forme d’ouverture culturelle et sportive. Le club a été précurseur dans la volonté de recruter des joueurs internationaux, à l’image de Florian Thauvin, mais surtout Pierre André Gignac. Cette tendance s’étend désormais dans les autres pays du continent, mais concernent essentiellement des retours au pays d’origine. Le club a-t-il une cellule dédiée au « marché européen et plus particulièrement français ?

Il n’y a pas de cellule en tant que telle dédiée à l’Europe, mais nous suivons beaucoup de championnats européens, comme l’Espagne, la France, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas. Effectivement, le joueur potentiellement recruté, s’il est passé par l’Europe, retiendra forcément notre attention, c’est une réalité. D’ailleurs ce passage par l’Europe est un atout à nos yeux pour les joueurs mais aussi pour les entraineurs potentiels.

Aujourd’hui, notre entraineur de l’équipe première, est serbe, Veljko Paunović. Après une longue carrière de joueur en Espagne, notamment à l’Atletico de Madrid, il est devenu entraineur, tout d’abord à la tête des sélections de jeunes de son pays. Il est ensuite parti en MLS en prenant l’équipe de Chicago Fire, avant d’aller en Angleterre au Reading FC, puis au Mexique au CD Guadalajara.

 Ce n’est pas valable dans tout le Mexique, mais le club est très friand de techniciens passés par l’Europe, qui vont partager leur vécu. Ils vont pouvoir apporter différentes méthodologies, différentes idées sur le jeu et apporter un niveau d’exigence qui va permettre au club de progresser et de mieux se structurer au niveau sportif, dans l’organisation des ressources humaines, etc.

Juan Carlos Osorio, technicien colombien a marqué de son empreinte son étape à la tête de la sélection mexicaine, à l’instar d’un certain Ricardo La Volpe, qui ont coïncidé avec un certain renouveau dans le jeu et une identité très singulière.  Malgré tout, l’école des techniciens argentins semble dominer sur le continent sud-américain, à l’image de Jorge Sampaoli comme sélectionneur du Chili, José Pekerman de la Colombie ou Marcelo Bielsa en Uruguay. Comment expliquez-vous cette « exception mexicaine » avec encore aujourd’hui, pour la 3ème fois Javier Aguirre, un ancien international mexicain au poste de sélectionneur ?

Effectivement, Ricardo La Volpe a réalisé presque toute sa carrière au Mexique et beaucoup pensent qu’il est mexicain, mais il est bel et bien argentin. Il est le point de départ de ce football de possession, qui se construit depuis l’arrière, avec notamment la fameuse Salida Lavolpiana. Cela consistait à faire redescendre le « pivote » (milieu axial) entre les deux défenseurs centraux pour former une ligne de 3 et permettre aux latéraux de jouer plus haut pour libérer de l’espace entre les lignes.

Cette grande tendance sur la sortie du ballon depuis l’arrière, amenée à son paroxysme par Pep Guardiola lors de son passage au FC Barcelone (2008 à 2012) est toujours très en vogue. Il est fort possible que Pep Guardiola, ait anticipé sa carrière d’entraineur en finissant celle de joueur aux Dorados de Sinaloa, sous les ordres de Ricardo La Volpe …

La plupart des entraîneurs de la Ligue professionnelle mexicaine sont argentins ou uruguayens, d’ailleurs l’influence argentine va plus loin que cela au Mexique. Les étrangers du sud du continent d’une manière générale, qu’ils soient argentins, chiliens, uruguayens ou paraguayens, trustent les fonctions d’entraineurs, de capitaines, voire de leaders dans les équipes de première division. Cette tendance « étrangère » est presque historique au Mexique, et peut aussi se vérifier à un degré moindre en Colombie avec le droit à 4 joueurs étrangers. Pendant longtemps, il était possible au Mexique d’aligner 10 joueurs étrangers, aujourd’hui ils sont limités à 9.

Mécaniquement, les leaders, ceux qui vont donner le ton sont très souvent étrangers, à l’image de notre gardien de but historique, l’argentin Nahuel Guzmán au club depuis 10 ans, notre capitaine est aussi argentin Guido Pizarro ou encore André Pierre Gignac, notre français leader d’attaque.

Plus globalement, le départ de Rafael Márquez vers la réserve du FC Barcelone avait laissé un vide. Le Mexique a du mal à trouver un joueur, aujourd’hui sur le banc, avec son expérience et sa personnalité. Autant d’éléments qui peuvent expliquer en partie, l’influence du football argentin au Mexique, en Colombie, mais plus largement sur tout le continent. En Amérique du Sud, la formation des entraineurs est très influencée par l’école argentine y compris dans les formations ici au Mexique, puisque je continue à me former ici.

« L’Argentine a la double capacité à exporter des joueurs et à les faire revenir au pays en fin de carrière pour leur permettre de devenir entraineur »

La méthodologie argentine a vraiment le vent en poupe, tout comme ce qui se fait en Espagne. L’Argentine exporte énormément de joueurs vers Europe qui reviennent au pays pour devenir entraineur, à l’image de Gabriel Milito, qui fait vraiment bien jouer ses équipes et qui a officié à l’Atletico Mineiro, au Brésil. Il a été très marqué par son passage en Europe et fortement influencé par son étape barcelonnaise sous les ordres de Pep Guardiola.

Dans un autre style, Gabriel Heinze met à profit toute sa carrière dans les championnats français, espagnols, anglais et italiens pour proposer des choses lorsqu’il était à la tête du Velez Sarsfield. L’Argentine a la double capacité à exporter des joueurs et à les faire revenir au pays en fin de carrière pour leur permettre de devenir entraineur. Cet atout majeur explique probablement, la place centrale qu’occupe le football argentin dans la formation des entraîneurs et la diversité des idées sur le jeu.

De Toulouse à Monterrey, en passant de Lille à Barranquilla, 3 pays sur presque 3 continents, que retirez-vous de vos rencontres, vos expériences, de ces cultures, ces matchs ?

Ce que je vais dire n’est pas très original, mais le fait de s’expatrier m’a permis de m’ouvrir aux gens, aux nouvelles idées, aux différents contextes. J’adore la spontanéité et la créativité des sud-américains, malgré des conditions de travail et de vie, parfois très différentes de ce qu’on peut connaître en Europe. Ils cherchent toujours le positif pour aller de l’avant, à se hisser à leur meilleur niveau sur le terrain comme dans la vie.

Personnellement j’ai beaucoup changé ma façon de voir la vie, le football et les situations en retenant le positif. Ce que je vis chaque jour ici, en Amérique latine, tient en deux mots, créativité et positivité 

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