Le projet de jeu, c’est ce qui nous guide

Pionnier de l’analyse du jeu en France, passé par les Girondins de Bordeaux et le Stade de Reims, Cyril Duhal nous propose un éclairage sur son parcours, sa vision sur du métier et le fonctionnement du département associé.

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Qu’est-ce que le football représente pour vous ?

Comme beaucoup de gens qui travaillent dans ce milieu, c’est une passion. A l’origine, c’était être avec mon père, l’accompagner les week-ends, retrouver mes copains, avoir un ballon, jouer n’importe où. Ces notions de jeu et d’amitié me sont très chères.

Aujourd’hui c’est un métier qui m’a permis de rencontrer des personnes du monde entier et à chaque fois, le mot « football » a créé une étincelle dans la relation et la rencontre. En général, les gens se transforment lorsqu’on parle de football.

Pour moi, l’essence même de ce jeu, sans parler du football professionnel, c’est ce partage-là. La passion ne m’a pas quitté, lorsque je suis devenu un acteur professionnel de ce monde, car c’est incroyable de vivre des journées de championnat, la Ligue des champions, etc.

Vous êtes l’un des pionniers de l’analyse du jeu en France, avec une très longue expérience aux Girondins de Bordeaux, puis au Stade de Reims. Comment avez-vous vécu son évolution ?

Le métier d’analyste a énormément évolué, surtout ces dix dernières années avec l’incorporation de la data et des sciences. Néanmoins, dans la reconnaissance de notre statut, je trouve qu’il n’évolue pas si vite que cela, notamment par rapport aux autres pays européens, voire au-delà.

Lorsque j’ai commencé au Girondins de Bordeaux, mon statut n’était pas clair. Pour la plupart des composantes du club, j’étais le « technicien vidéo ». Mon rôle était assez peu valorisé par la direction du club, parce que le métier n’était pas bien compris à cette époque-là.

« Le métier d’analyste a énormément évolué, surtout ces dix dernières années avec l’incorporation de la data et des sciences. »

Cependant, pour les entraîneurs, mon statut était très clair, je faisais partie du staff technique. J’ai commencé avec Elie Baup et Pierrot Labat, un historique des Girondins et à l’époque, nous utilisions des magnétoscopes et des cassettes VHS.

D’une cassette à l’autre, il fallait observer, découper. C’était fastidieux mais aussi très formateur. Cela a développé chez moi, ténacité, endurance et adaptabilité face aux multiples taches de ce métier. Ce sont pour moi des qualités essentielles pour cette fonction.

« Notre statut a évolué, nous nous sommes professionnalisés parce que les entraîneurs ont mis en avant notre rôle et notre expertise »

Aujourd’hui, ce problème d’appartenance au staff technique existe moins, on parle de responsable de l’analyse du jeu, d’analyste tactique, etc. Dans le recrutement aussi, il y a beaucoup de choses qui ont changé à travers l’utilisation de la vidéo. Notre statut a évolué, nous nous sommes professionnalisés parce que les entraîneurs ont mis en avant notre rôle et notre expertise.

Par ailleurs, les médias grand public ou spécialisés n’abordent pas forcément notre métier de manière adaptée. Ils disent souvent que nous sommes des analystes vidéo, ce qui ne veut pas dire grand-chose. Selon moi, nous sommes des analystes du jeu et de la performance sportive. Nos outils d’analyse sont la vidéo et les données.

Il n’y avait pas de parcours de formation lorsque j’ai commencé, je suis un pur autodidacte. Je trouve d’ailleurs qu’il y a encore du chemin à parcourir. A l’instar peut être de l’Angleterre, nos métiers doivent être encore médiatisé et reconnus par les clubs. Lorsque je vois des analystes qui travaillent en bord de terrain, comme cela a été le cas pour moi au Stade de Reims, qui sont impliqués aux entraînements, cela me réjouit, parce que nous sommes vraiment en train de changer de statut.

En football (comme dans d’autres domaines), le travail intellectuel permettant d’analyser le jeu est souvent confondu avec l’utilisation des outils technologiques ou supports permettant de le rendre observable. Néanmoins, la valeur réside bien dans la robustesse du cadre de références d’observation et d’analyse développé par l’analyste, afin de décoder et d’interpréter les images vidéo ou les données proposées. Selon-vous, à quoi est due cette confusion ?

C’est la méconnaissance du sujet qui mène à cela. Parfois, les directeurs techniques ou les directeurs généraux des clubs ne savent pas véritablement ce que nous faisons. Pour eux, l’étiquette vidéo c’est effectivement rassurant. Par ailleurs, dans les staffs, nous pouvons être confrontés à des profils qui considèrent que nous n’avons pas vraiment les compétences pour parler de problématiques associées au jeu.

Dans mon parcours, j’ai rencontré des gens qui étaient très ouverts, très à l’écoute et dans le partage. Des gens qui étaient sûrs de leurs qualités d’homme et de professionnel. Avec ceux-là, en général, la collaboration a été magnifique. A l’inverse, il y a aussi eu des gens qui étaient un petit peu en crainte de cette approche et ces idées-là.

« Lorsque je vois l’approche d’un club comme le Toulouse FC et de son président Damien Comolli, je me dis qu’ils ont vraiment tout compris »

Plus jeune, j’avais dit à Jean-Louis Gasset : « peut-être que je vais te dire une bêtise, mais je vais quand même partager mon idée ». Il m’avait répondu : « c’est important que tu me dises ce que tu penses, parce que j’attends de toi que tu me dises tout. Si ce sont des bêtises, on en rigolera ensemble. Tu es le seul à regarder autant de match, à autant superviser nos adversaires ou notre jeu. Peut-être que ce que tu diras pendant ou après le match fera « tilt », donc s’il te plaît, ne te bride pas. »

Pour moi, c’était incroyable. Cela m’a décomplexé, parce qu’en face de moi, je n’avais pas quelqu’un qui me disait « tu n’as pas été professionnel, tu ne peux pas parler ». C’est quelque chose qui peut être très violent lorsqu’on commence ce métier et je ne le souhaite à personne.

Néanmoins, notre statut a évolué, les analystes seront de moins en moins confrontés à cela. Lorsque je vois l’approche d’un club comme le Toulouse FC et de son président Damien Comolli, je me dis qu’ils ont vraiment tout compris. Je pense que le fait qu’il ait exercé, qu’il ait mis les mains dans le moteur, est un atout considérable.

Alors, comment définiriez-vous le métier d’analyste du jeu ?

L’analyste du jeu doit être en mesure d’apporter toutes les réponses concernant le jeu d’une équipe ou de son équipe, par l’intermédiaire des outils d’analyse. Il est à disposition de l’ensemble du staff et plus particulièrement de l’entraîneur, mais aussi des joueurs, avec l’accord de ce dernier.

Par exemple, lors de la préparation du match à venir, il doit pouvoir informer le staff sur toutes les caractéristiques du prochain adversaire. Pourquoi ont-ils changé de système ? Quel phénomène de jeu a déclenché ce changement ? Nous devons répondre à toutes les questions.

Nous devons nous imprégner de l’histoire de l’équipe, de celle de l’entraîneur, sa culture, etc. Cela demande énormément de travail et je ne parle que des aspects associés à la supervision de l’adversaire.

Aujourd’hui, l’entraîneur principal a de multiples rôles : il est en survêtement quand il est sur le terrain, il met le costume de manager lorsqu’il est avec ses dirigeants ou les agents et celui de communicant lorsqu’il est avec la presse.

Avec ces différents rôles à jouer, il ne peut pas tout assumer seul, il doit se fier à son staff, à ses adjoints et au responsable de l’analyse du jeu pour lui apporter certaines réponses.

« L’analyste du jeu doit être en mesure d’apporter toutes les réponses concernant le jeu d’une équipe ou de son équipe, par l’intermédiaire des outils d’analyse. »

Également, si un entraîneur des gardiens se demande pourquoi l’équipe adverse a changé de système défensif sur les coups de pied arrêtés, on doit trouver la réponse. Tout cela concerne la supervision des adversaires. Sur la supervision de notre équipe, c’est le staff qui va définir ce qui peut conditionner nos performances. Ils vont identifier un problème, développer des axes de réflexion pour y remédier et nous allons apporter des éléments supplémentaires pour essayer de corroborer leurs propos ou peut être d’aller à l’inverse et d’apporter une nouvelle réflexion.

C’est ce que nous avions mis en place à Reims et cela a été d’une richesse extrême. Le staff effectuait toujours sa propre analyse et nous, nous restions vigilants et prêts à leur apporter des éléments permettant d’éclairer leurs analyses. C’est ce qui fait la richesse d’un staff.

Durant un match, un entraîneur principal ou adjoint est au bord du terrain. Il doit apporter des réponses rapides à des problématiques rencontrées dans le jeu, il doit communiquer avec des personnes exerçant des responsabilités différentes. La chance de l’analyste, c’est d’avoir une vue d’ensemble depuis la tribune.

 « Intervenir au bon moment, pour un analyste du jeu, c’est un art »

Etant donné l’avantage procuré par sa position, il doit être juste dans son intervention, ne pas parasiter l’analyse des adjoints et savoir, au moment opportun, apporter un élément de réponse supplémentaire ou un élément de réflexion différent. Cela s’apprend et c’est quelque chose d’assez difficile, parce qu’il faut être juste.

Il m’est parfois arrivé d’intervenir de façon maladroite, de me dire que j’avais mis le bazar dans notre réflexion commune et ça ce n’est clairement pas notre objectif. Dans un staff, il est essentiel que chacun reste à sa place et se focalise sur son périmètre, pour bien fonctionner. Intervenir au bon moment, pour un analyste du jeu, c’est un art. C’est un rôle qui pourrait presque se résumer à cela.

Il ne doit pas parasiter la réflexion des entraîneurs et des décideurs, parce que ce que nous leur apportons conditionnera leur prise de décision. D’ailleurs, nos interventions sont souvent contraintes dans le temps, comme lors de la mi-temps par exemple. Il est décisif de savoir intervenir au bon moment et d’avoir une analyse cohérente.

Etant donné l’avantage procuré par sa position, il doit être juste dans son intervention, ne pas parasiter l’analyse des adjoints et savoir, au moment opportun, apporter un élément de réponse supplémentaire ou un élément de réflexion différent

Par ailleurs, tout le monde peut formuler un jugement ou une opinion. C’est là que l’analyse des données statistiques est intéressante, car elle nous permet d’enrichir les réflexions menées par le staff. Nous sommes des lanceurs d’alerte et notre rôle est de dire parfois : « peut-être que nous nous trompons un peu dans notre analyse, nous allons dans la mauvaise direction. Je vous propose d’explorer celle-ci avec mes outils ». Approcher les choses de cette manière, ce n’est pas tirer la couverture à soi.

Je n’ai jamais dépassé mes fonctions dans un staff. Si un entraîneur principal ou adjoint veut que je sois sur le terrain et que je n’hésite pas à intervenir, alors je me permets de vraiment dire des choses. Mais si ce n’est pas le cas, je suis toujours prudent, parce que ce n’est pas mon rôle.

En fonction des prérogatives définies en amont au sein du staff, on peut donc être amené à jouer un rôle d’entraineur dédié à l’analyse du jeu/performance ou alors un rôle d’analyste et dans ce cas, il faut savoir rester à sa place, être attentifs aux réflexions menées par le staff et lui apporter des éléments au moment opportun, pour enrichir le débat.

Indépendamment du degré d’information dont chacun bénéficie, en football, tout le monde a plus ou moins le sentiment d’avoir un avis éclairé lui permettant d’évaluer les performances individuelles et collectives. Lorsqu’on est analyste, quelles sont les exigences permettant de formuler un avis éclairé ?

La vidéo et les données sont des outils essentiels pour aller vers cela. Des proches me disent souvent que tout le monde a son avis sur le football et me demandent comment, en tant que professionnel, je perçois cela ? C’est vrai que c’est un sport magnifique où tout le monde a un avis, de la discussion de comptoir aux débats sur les médias spécialisés.

Il y a d’ailleurs des points de vue qui sont très éclairés, indépendamment de leur origine et il ne faut pas se couper de cela. Néanmoins, nous avons un avantage, c’est que la vidéo et les données vont nous permettre d’être plus exigeants dans notre analyse. Nous avons le temps de revoir la vidéo, de nous approprier les statistiques, de les digérer, de les analyser. Cela change tout.

Par exemple, je travaille beaucoup sur les angles de vue. A Reims, nous avions des caméras qui nous permettaient d’avoir plusieurs angles, ce qui nous aidait beaucoup dans la compréhension de la prise de décision des joueurs et de leurs mouvements.

Lors d’une intervention d’après-match, dire que la prise de décision d’un joueur et son exécution ont peut-être été influencés par sa mauvaise orientation corporelle et qu’on peut le montrer, cela permet d’être pris en considération. Bien entendu, je peux me tromper dans mon analyse, mais bien souvent, cela permet à l’entraîneur ou aux membres du staff d’avoir une meilleure compréhension.

C’est pareil pour les données, notamment pour de l’analyse à long terme, car je me méfie un peu de son utilisation avec une vision à court terme. Dans le suivi des performances de jeunes joueurs par exemple, cela peut nous amener des éléments de réflexion intéressants.

La donnée doit bien entendu être contextualisée, mais elle va nous aider à intervenir auprès du joueur, en présence du coach. Lorsqu’on demande à un joueur d’évaluer ses performances, sans support, il rencontre généralement des difficultés à être juste. Avec la donnée, combinée à la vidéo, on va pouvoir lui apporter des éléments de réponse précis.

« En 20 ans, j’ai côtoyé un certain nombre de joueurs qui rencontraient des difficultés à comprendre ce que l’on attendait d’eux, car le langage et les supports de communication utilisés n’étaient pas adaptés »

L’objectif n’est pas de se focaliser sur ce qui ne va pas, mais au contraire d’utiliser ces outils pour effectuer un constat avec des exemples concrets et définir ensemble les aspects que nous pourrions améliorer. Donc, l’observation et l’analyse vont s’appuyer sur la vidéo et/ou les données, pour être pertinentes. Cela permet de proposer une perspective, une ouverture sur l’avenir. Ce sont des boussoles qui vont orienter la progression.

En 20 ans, j’ai côtoyé un certain nombre de joueurs qui rencontraient des difficultés à comprendre ce que l’on attendait d’eux, car le langage et les supports de communication utilisés n’étaient pas adaptés. Très souvent la vidéo n’était pas assez utilisée.

Par exemple, expliquer à un joueur que la transition c’est le passage d’un état à un autre, cela peut être désarçonnant. En revanche, lui montrer une vidéo où un joueur réagit immédiatement durant ce changement de statut, cela commence à faire sens. Si en plus, on y ajoute des données qui permettent de matérialiser la progression, cela devient concret. Accompagner la progression du joueur est un aspect passionnant du métier.

A Reims, lorsque Oscar Garcia était l’entraineur, nous avons beaucoup travaillé sur la progression du joueur et sur ces boussoles qui donnent une orientation. Lorsque le joueur comprend cette idée, à l’aide de l’image, de l’intervention de l’analyste et du staff, mais aussi des données, la voie à suivre s’éclaircie.

Lorsque vous quittez les Girondins pour rejoindre le Stade de Reims, le projet champenois semble être en pleine mutation. Assez rapidement, Oscar Garcia devient l’incarnation du projet. Comment avez-vous appréhendé le développement de la cellule d’analyse du jeu dans ce nouvel environnement ?

Quand j’étais aux Girondins, j’appartenais à un club historique français dans lequel il n’y avait qu’une toute petite vision de ce que peut être la construction d’une cellule ou d’un département d’analyse du jeu. C’est quelque chose qui m’a frustré pendant de longues années, parce que j’étais dans le club de mon enfance, de mon cœur.

J’ai été formé aux Girondins de Bordeaux et c’était incroyable pour moi de travailler là. Pour autant, auprès de ma direction, même si cela se passait très bien, je n’arrivais pas à leur faire percevoir cette vision de développement de notre secteur.

Les entraîneurs le percevaient, mais comme ces derniers ne s’inscrivent généralement pas dans le long terme, il y a des choses qui sont difficiles à mettre en place. J’avais expliqué au club qu’il y avait des choses qui se faisaient, notamment en Allemagne, en Angleterre et que nous pouvions faire de même.

« J’appartenais à un club historique français dans lequel il n’y avait qu’une toute petite vision de ce que peut être la construction d’une cellule ou d’un département d’analyse du jeu »

C’est-à-dire, créer un département et ancrer cela au club en développant une véritable méthodologie qui irait des pros aux équipes de jeunes. C’était mon projet depuis le titre de champion de France avec Laurent Blanc.

Aujourd’hui, pour en discuter avec mes homologues, il n’y a pas toujours de véritable projet d’ancrage ou de méthodologie dans les clubs. C’est un aspect où nous avons encore du retard par rapport à d’autres pays. Lorsque je quitte les Girondins pour rejoindre le Stade de Reims, je sors d’un club conservateur pour arriver dans un club qui est une véritable start-up.

Lors de mes échanges avec les dirigeants, je leur dis avoir la capacité de développer une véritable méthodologie autour du club et une structure innovante. Le club décide de me faire confiance pour définir les grandes orientations et mener ce projet, puis il y a eu la mise en place concrète.

Définir, puis mettre en place un projet avec une vision à long terme et pérenniser la méthodologie, c’est une chose, répondre aux exigences de l’entraîneur, notamment lorsqu’il y a une divergence dans la vision, c’en est une autre.

Au départ, j’ai donc dû répondre à des exigences qui étaient plutôt associées à du court terme (résultat immédiat) et en même temps, construire un département d’analyse de la performance qui permettrait d’installer et pérenniser une certaine approche méthodologique propre au club (long terme).

« Il n’y a pas toujours de véritable projet d’ancrage ou de méthodologie dans les clubs »

J’ai commencé à structurer le département en m’appuyant beaucoup sur ce qui avait été fait auparavant, notamment par Laurent Bessière (préparateur physique) et Quentin Hecquet (analyste du jeu). Je ne suis donc pas parti d’une page blanche, mais tous les projets que j’avais en tête à Bordeaux, le stade de Reims m’a permis de les mettre en application.

A la fin de cette première saison, j’ai présenté les avancées du projet au club. Cette saison nous avait permis de poser des bases vers la création d’un département et je souhaitais savoir s’ils me suivaient toujours. La réponse étant positive, j’ai pu étoffer mon équipe avec un autre analyste, un data scientist et des stagiaires. Ce qui était intéressant, c’était de réunir des compétences transverses au sein du même département.

Ce qui nous a aussi beaucoup aidé, c’est l’arrivée d’Oscar Garcia comme entraineur de l’équipe première. Il était ouvert aux technologies, il avait goûté au projet Red Bull lorsqu’il était à Salzburg et il avait travaillé en Israël où un certain nombre d’innovations technologiques sont développées.

« Ce qui nous a aussi beaucoup aidé, c’est l’arrivée d’Oscar Garcia comme entraineur de l’équipe première »

Lorsque je lui ai présenté le département, j’ai mis en avant le fait que nous répondrions à toutes ses questions sur les aspects « immédiats », c’est à dire le match à venir, que ce soit en termes de supervision ou d’analyse post-match. En parallèle, je lui ai aussi proposé que, tous les dix matchs, nous fassions un point avec notre data scientist, notre data analyste et notre analyste du jeu, afin de développer des perspectives d’analyse à long terme, en lien avec son projet de jeu.

Durant les périodes de compétition, ce second volet n’était pas du tout abordé. Nous nous étions défini des plages horaires où il n’y avait personne au club, afin de travailler sur ces projets à long terme. Au quotidien, notre mission était de répondre aux exigences du staff et d’être très bons sur cet aspect.

Que ce soit sur les projets à court ou long terme, il était essentiel de toujours travailler sur l’analyse de la performance sportive, en lien avec le projet de jeu. Cela nécessite une collaboration très étroite en amont, avec l’entraîneur et son staff.

Lorsque Oscar Garcia est arrivé, nous avons échangé sur la manière de travailler et il m’a fait part des différents éléments dont il aurait besoin. Je lui ai répondu qu’il n’y avait aucun problème, mais que ce qui m’était indispensable pour bien travailler, c’était de connaitre parfaitement son projet de jeu.

« Que ce soit sur les projets à court ou long terme, il était essentiel de toujours travailler sur l’analyse de la performance sportive, en lien avec le projet de jeu »

Un analyste ne peut pas passer à côté de cette contextualisation, sinon tout le travail d’analyse des données peut être faussé et nous pourrions nous éparpiller. Maitriser son projet de jeu nous a permis d’identifier ses priorités, évaluer ce que demandaient ses exigences sur le plan de jeu offensif, défensif, les transitions, etc.

À partir de là, c’était facile de travailler sur le développement de projets à moyen-long terme, sur la base de données, la base de données vidéo, l’intervention auprès des joueurs, la prévention auprès du collectif, etc.

Donc tous les dix matchs nous faisions un bilan. Lorsque les joueurs étaient en pause et que les internationaux rejoignaient leurs sélections, nous nous réunissions avec le coach. Nous lui présentions ce sur quoi nous avions travaillé depuis le dernier bilan, en termes de collecte et d’analyse de données.

Je me trompe peut-être, mais il me semble que nous visions juste. En l’espace d’une année, nous avons fait des choses d’une richesse absolue et cela a été très épanouissant. Le Stade de Reims et Oscar Garcia m’ont donné cette opportunité.

Mettre en place une cellule d’analyse du jeu, ce n’est pas simple. Il faut s’approprier le travail qui a été fait auparavant et continuer à construire. Travailler avec un entraîneur qui est impliqué sur ces aspects là et dans un club qui comprend les enjeux est aussi indispensable. Au niveau des décideurs il y a des visions plus ou moins durables, mais il y a des clubs qui ont une vision de ce que peut être une cellule d’analyse du jeu, je pense à Toulouse, Lens, Clermont ou Rennes, entre autres.

« Mettre en place une cellule d’analyse du jeu, ce n’est pas simple. Il faut s’approprier le travail qui a été fait auparavant et continuer à construire. Travailler avec un entraîneur qui est impliqué sur ces aspects là et dans un club qui comprend les enjeux est aussi indispensable. »

Je pense que Will Still, avec qui j’ai pu collaborer succinctement, a récupéré une bonne base pour travailler et une approche méthodologique qui correspondait aux caractéristiques de l’équipe et du club.

Les clubs devraient raisonner en termes de méthodologie. RedBull est un très bon exemple et encore je ne sais pas précisément ce qu’ils font pour avoir cette cohérence. Toulouse est un autre exemple qui me semble intéressant.

Lorsqu’un nouvel entraîneur arrive dans un club, comment appréhende la phase de co-construction d’un référentiel commun, basé sur le projet de jeu que celui-ci souhaiterait mettre en place ?

Le projet de jeu, c’est le référentiel. C’est ce qui nous guide. Je pense avoir un caractère créatif, mais pour autant, ça ne peut pas partir dans tous les sens. Lorsqu’on est analyste du jeu, on doit être très structuré dans son travail.

Ce que j’ai adoré chez Oscar Garcia et son staff, c’est qu’ils nous ont dit précisément comment ils voulaient essayer de jouer, en prenant en compte les joueurs qu’ils avaient à disposition et en nous associant à cette démarche.

Par conséquent, la première chose à faire, c’est comprendre le projet de jeu. Lorsqu’un entraîneur arrive, il faut que je m’approprie sa vision, ses convictions et aussi son histoire. Le mot clé c’est : compréhension. Comment le coach va m’aider à comprendre son projet de jeu, comment je vais l’assimiler et comment je vais pouvoir, tout en conservant sa complexité, le transmettre aux joueurs.

« Le projet de jeu, c’est le référentiel. C’est ce qui nous guide »

Durant la période de préparation de début de saison, nous avions mis en place des interventions par poste, par binômes, par ligne, pour faire comprendre le projet de jeu aux joueurs. Son projet étant totalement différent de celui du précédent coach, j’avais insisté sur cette rupture et qu’il allait falloir être habile dans la communication pour favoriser la compréhension des joueurs. Il en était conscient et comme il ne parlait pas très bien français, il m’a proposé de m’en occuper.

Connaissant les joueurs, je lui ai proposé d’utiliser la vidéo de manière synthétique, pendant toute la période de préparation, pour que les joueurs s’approprient rapidement son projet de jeu. Ce travail a été une trame qui nous a suivi durant toute la saison.

L’assimilation de ce référentiel est un élément clé dans la réussite d’une saison. Cela doit nous permettre de retranscrire ce qui est attendu par le coach, par le biais des images ou des données, à n’importe quel moment. Être analyste, c’est aussi être un très bon communicant.

Pour un coach, être en mesure d’effectuer des piqûres de rappel, que ce soit pour conforter les garçons dans le référentiel commun ou les rattraper lorsqu’ils en sortent est quelque chose de très intéressant.

Les images et les données, sont des supports formidables pour réajuster le tir. Aujourd’hui, quand je vois jouer le Stade de Reims, il est clair que cette équipe et ce groupe-là s’appuient sur un référentiel commun qui est très clair et pertinent.

« Être analyste, c’est aussi être un très bon communicant »

Par exemple, le match entre l’OM et Reims cette saison (2023-2024) était intéressant à observer relativement à ces questions de projet et d’identité de jeu. Du côté de l’OM, j’étais très curieux d’observer comment le changement d’identité de jeu avait été opéré.

Ils partaient du projet assez singulier d’Igor Tudor, qui avait ancré un certain nombre d’idées fortes, pour changer radicalement d’identité et de référentiel commun avec l’arrivée de Marcelino. En plus de cela, un certain nombre de joueurs, notamment offensifs, étaient nouveaux. Pour un analyste, travailler sur ce type de transition est quelque chose de colossal.

Côté Reims, lorsque Oscar Garcia est parti en cours de saison, il y avait un certai nombre de choses qui avait été mises en place. Le projet de jeu était très ancré et Will Still, lors de la transition, y a ajouté une nouvelle dimension avec cette période d’invincibilité de douze matchs.

Cette saison est un peu la saison de la confirmation pour lui et c’est intéressant de voir comment cela a été pérennisé d’une saison à l’autre, avec de nouveaux joueurs, dont un certain nombre d’étrangers. Donc oui, l’élément clé d’un analyste, c’est le projet de jeu, c’est évident. C’est comme vouloir monter le moteur d’une voiture, sans avoir de plan. Ce n’est pas possible.

L’art de raconter des histoires (storytelling) adaptées à son audience est une dimension fondamentale lorsqu’on communique. En effet, pour être opérationnel, tout le monde n’a pas besoin du même niveau d’information et/ou du même type d’histoires. Comment abordez-vous cet aspect relativement à l’avant, pendant et l’après-match ?

C’est un aspect sur lequel j’insiste beaucoup. Par exemple, pour un data scientist, même si les éléments de réponse qu’il veut apporter sont très pertinents et très scientifiques, il doit s’adapter aux personnes à qui il va raconter une histoire. On peut avoir les données les plus pertinentes du monde, si elles ne sont pas assimilables par l’auditoire, cela a peu d’intérêt.

Sur cet aspect j’ai eu beaucoup de chance parce que j’ai pu travailler avec Jean-Louis Gasset et Laurent Blanc. Ils m’ont marqué à vie. Jean-Louis Gasset a une intelligence dans la communication qui est assez exceptionnelle, il m’a beaucoup influencé sur cet aspect.

Prenons l’exemple d’une supervision d’adversaire, qui est quelque chose de récurrent. En moins de dix minutes, il faut présenter le prochain adversaire. Avec le coach, on va choisir l’attitude à adopter en fonction du contexte.

Si on joue le Paris Saint-Germain, qu’allons-nous chercher à communiquer aux joueurs ? Leur faire peur ? Les décomplexer ? A l’inverse, si nous jouons contre une équipe qui est mal classée, quel type de communication serait le plus adapté ?

« On peut avoir les données les plus pertinentes du monde, si elles ne sont pas assimilables par l’auditoire, cela a peu d’intérêt »

Personnellement, comme beaucoup d’autres, j’aime bien éveiller la vigilance des joueurs, lorsqu’on joue une équipe soi-disant mal classée ou que nous sommes dans un contexte favorable. A l’inverse, lorsqu’on joue une équipe comme le PSG, je vais essayer de trouver des éléments qui permettront de décomplexer et dédramatiser la rencontre. Je pense que c’est un aspect qui passe par l’analyse du jeu et/ou par la préparation mentale.

Le plus important, en vue d’une réunion, c’est de définir sa stratégie et son approche en fonction du public auquel on va avoir affaire. Mon objectif, lorsque je réalise un montage à destination des joueurs, c’est d’imaginer ce qu’ils vont retenir des sept minutes de montage.

J’adore être au contact des joueurs, mais surtout, j’aime bien savoir avec quoi ils ressortent lors de ces réunions. C’est un exercice intéressant parce que certains sont plus ou moins à l’écoute, d’autres ont une capacité de concentration plus ou moins importante, etc.

Nous sommes tous différents par rapport à cela. Pour moi, un montage doit se limiter à quatre ou cinq éléments. Par ailleurs, que ce soit avec Oscar Garcia, Francis Gillot et d’autres entraineurs, j’ai eu la chance de présenter mes montages au groupe, ce qui me semble être un aspect essentiel. Je proposais une stratégie au coach, en fonction du contexte et de ce que nous voulions éveiller chez les joueurs, à travers l’utilisation de l’image et de la donnée.

Ensuite, à l’intérieur de cette intervention, nous définissions quelques points essentiels pour lesquels nous pensions avoir un degré élevé d’assimilation par les joueurs. Pour arriver à cela, le contenu, mais aussi le moment où a lieu l’intervention sont très importants.

Avec Oscar Garcia, lorsque les garçons revenaient après le lundi de repos, nous les mettions tout de suite dans le bain du prochain adversaire. L’intervention était succincte et axée sur les aspects qui seraient travaillés durant la semaine, en fonction de 3 points clés identifiés dans le jeu de l’adversaire.

Exemple : ils jouent long, ils sont très forts en transition et ils sont très forts dans leur façon d’enclencher un pressing. Donc les joueurs reviennent de leur week-end et nous leur présentons le prochain adversaire. Nous attaquons la réunion en leur disant qu’être bons sur ces trois aspects va être déterminant pour réussir à les battre. Puis nous annonçons que ce qui va être abordé sur le terrain aujourd’hui sera le premier aspect, que le lendemain nous aborderons le second et que le surlendemain nous travaillerons le troisième.

Le coach leur disait que durant la semaine, nous leur fournirions tout ce qui était nécessaire pour comprendre l’adversaire et être performant contre ce dernier. Par exemple, lorsque nous nous préparions à jouer Strasbourg (1ère saison de Julien Stéphan), nous avions mis l’accent sur deux aspects.

Tout d’abord, les duels. Pourquoi ? Parce que les données montraient que c’était la meilleure équipe du championnat sur cette dimension. L’autre aspect, c’était notre animation sur les phases de transition défensive parce qu’à l’époque, cette équipe avait le feu dans les jambes sur ce moment du jeu.

Nous voulions leur montrer que si nous n’étions pas bien replacés et que durant la séance associée à cet aspect, nous n’étions pas bons, cette équipe nous sanctionnerai, etc. Donc, les joueurs reviennent de week-end, de leur zone de confort et tout de suite on éveille leur vigilance et une prise de conscience. A la fin, le coach leur demandait si tout était clair, puis nous leur montrions la séance du jour. En fonctionnant ainsi, les choses étaient claires et ultra cohérente pour les joueurs.

Certains d’entre eux considèrent leur métier d’un point de vue très professionnel. Dans ce registre, j’ai adoré travailler avec des joueurs comme Yunis Abdelhamid, Wout Faes ou encore Jens Cajuste. C’est le type de joueurs qui vient vous voir après votre intervention, qui pose des questions, qui veut des images, etc.

En parallèle, il y a des joueurs qui sont très performants, mais qui sont moins réceptifs à ce type support. Ce qui était intéressant avec cette réunion du mardi, c’est que nous arrivions à emmener tout le monde. Malgré qu’ils ne soient pas réceptifs aux mêmes choses, le fond et la forme de cette réunion nous permettait d’avoir une bonne communication.

Nous arrivions à sensibiliser les joueurs sur les aspects essentiels du prochain adversaire. Ensuite, le jour du match ou la veille, nous proposions une vidéo plus technique. Sur cette vidéo, je suis un peu plus réservé, parce que de par sa nature, elle apportait des choses à certain joueur mais nous en perdions d’autres en cours de route.

Sur les vidéos individuelles, l’intervention se fait d’une autre façon. Par exemple, avec Yoann Gourcuff c’était passionnant. C’est un garçon qui se pose beaucoup de question sur le jeu, c’est un entraîneur né. Il a très clairement été conditionné par son père.

Néanmoins, avec lui, l’erreur aurait été de penser qu’il fallait aller vraiment dans le détail, parce que cela aurait fini par l’embrouiller. Ce but qu’il marque contre le PSG, cette spontanéité, il ne fallait surtout pas la perdre. C’est un équilibre qui est difficile à trouver et il faut être très habile pour communiquer.

Pour vous quels sont les éléments indispensables au développement d’un analyste ? Par ailleurs, comment accompagnez-vous la montée en compétence de ceux qui composent votre département ?

Pour les jeunes, en tout cas ceux que j’ai pu croiser, l’aspect le plus important, c’est le professionnalisme. C’est à dire être très exigeant avec soi-même et intervenir au moment opportun. C’est d’ailleurs une erreur que j’ai pu commettre quand j’étais jeune.

Par exemple, un data scientist n’est pas là pour porter un jugement sur une phase de jeu, surtout lorsqu’il s’adresse au staff. Ce n’est pas son rôle selon moi. Néanmoins, l’objectif n’est pas de brider les gens.

Qu’il s’adresse à moi et qu’il me dise que sur cette phase de jeu nous aurions pu faire différemment, cela enrichit le dialogue. La compétence d’un analyste, c’est de savoir agir et d’intervenir au moment opportun, de ne pas parasiter.

« L’aspect le plus important, c’est le professionnalisme. C’est à dire être très exigeant avec soi-même et intervenir au moment opportun »

Il y a beaucoup de monde dans un staff et parfois, à la mi-temps d’un match, tout le monde parle, tout le monde intervient, tout le monde veut apporter quelque chose et changer le cours du match. Mais est-ce le rôle du data scientist d’intervenir à ce moment-là si on ne le lui demande pas ? Est ce même le rôle du responsable de l’analyse du jeu ? Pourtant, nous sommes souvent très proches des joueurs.

Quand des jeunes ou de nouveaux éléments arrivent dans un staff, au début ils sont très intimidés. Puis, c’est naturel, ils veulent trouver leur place. J’aime bien avoir des profils et des compétences variés dans mon équipe, pour ensuite mettre ces compétences en relation.

Mon rôle est de les accompagner dans l’observation du jeu, dans le développement de leurs idées, dans la manière dont ils vont les traiter, dont ils vont les communiquer, etc. Il y a de multiples aspects, mais je dirais que ce qui va conditionner tout cela, c’est être un vrai professionnel.

Lorsque j’ai construit la cellule à Reims, j’avais préparé des documents très concis pour chacun des éléments qui constituaient la cellule d’analyse, afin de définir leurs prérogatives. Ce qui est difficile quand on collabore avec cinq personnes, c’est de bien savoir qui doit apporter son expertise sur quels sujets. Si chaque membre de l’équipe a été recruté, c’est que l’on estime qu’ils ont certaines compétences. Nous attendons qu’ils les expriment de façon très libérée, avec efficacité tout en restant dans le cadre qui a été défini.

« Il y a beaucoup de monde dans un staff et parfois, à la mi-temps d’un match, tout le monde parle, tout le monde intervient, tout le monde veut apporter quelque chose et changer le cours du match »

Il est essentiel pour un entraineur de partager le projet de jeu, le plan de jeu avec son staff, afin que tout le monde fasse partie de l’aventure sur toute la saison. De la même façon, le responsable d’une cellule d’analyse doit être en mesure de donner le plan de travail sur toute la saison à tous les membres de son équipe.

Dans mon management, je me suis nourri de beaucoup d’entraîneurs venant d’horizons très différents. Ricardo, qui est un grand monsieur, avait ce côté très posé, pour alerter, recadrer, remettre les choses dans leur contexte, définir les rôles de chacun. Son management m’a énormément marqué.

Aujourd’hui c’est ce que j’essaye de faire ruisseler quand je travaille avec des jeunes. Toute cette énergie-là, comment la canaliser et la rendre finalement plus efficace. Les compétences, le courage (parce qu’il faut être courageux pour faire ce métier-là) et la motivation sont souvent présents, mais il faut orienter.

C’est comme un jeune joueur qui arrive dans un groupe pro. Il court partout, il est comme un dingue, il veut faire de son mieux. Le travail du staff c’est de le cadrer afin qu’il devienne professionnel. En ce sens, le parcours d’un joueur comme Aurélien Tchouaméni est exceptionnel.

C’est quelqu’un de réfléchi et très calme, mais quand je vois la structure de son jeu, que ce soit en équipe de France ou au Real Madrid, qui sont deux environnements très différents, je trouve cela phénoménal. Il a très bien compris son rôle en équipe de France, ce qu’attendait Didier Deschamps et les libertés qu’il peut avoir dans l’organisation mise en place.

Les entraîneurs qui m’ont inculqué cela, qui m’ont parfois recadré, m’ont beaucoup servi et cela me sert aujourd’hui dans mon management. L’objectif principal est de répondre aux différentes demandes et ensuite, tout ce que chacun a pu créer en parallèle, on va le mettre de côté, le reprendre peut-être plus tard, mais ce n’est pas inintéressant. Il faut leur faire confiance, les laisser s’exprimer. Brider les gens, cela n’a jamais été très bon. Il faut laisser s’exprimer le potentiel, il faut le libérer.

Cela peut rassurer d’avoir un certain contrôle, d’exercer une certaine forme de crainte chez les autres. Ce n’est pas mon mode de fonctionnement. Par exemple, j’ai adoré travailler avec Maëva Ruiz (analyste du jeu équipe féminine Juventus de Turin).

« Brider les gens, cela n’a jamais été très bon. Il faut laisser s’exprimer le potentiel, il faut le libérer »

Elle était impressionnante de maturité, en termes d’exigence, professionnalisme. Lorsqu’elle avait une tâche à réaliser, elle savait quel chemin il fallait emprunter pour arriver à ses fins. Là où d’autres jeunes pouvaient proposer des analyses, un peu superficielles ou s’éparpiller, elle démontrait tout par l’image.

Être analyste est métier où nous sommes chahutés et qui est assez dur. Il faut s’imposer. Certains décident de s’imposer par la manière forte, mais je n’y crois pas sur le long terme. Je pense qu’il faut intégrer les gens, les mettre en confiance, ne pas fermer la porte aux initiatives, il faut communiquer. Comme Jean-Louis Gasset m’avait dit : « tu ne diras jamais une bêtise ».

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