La force, c'est la qualité physique fondamentale

L’entrainement adjuvant est l’un des deux blocs qui forment l’entrainement structuré, méthodologie d’entrainement développée par Francisco Seirul lo Vargas (FC Barcelone) et son groupe de recherche.

Erik Roqueta, actuel coordinateur du département performance du Club Deportivo Guadalajara (détaché du FC Barcelone) est spécialiste de ce bloc d’entrainement et nous explique ses spécificités.

Quel est votre rôle au Club Deportivo Guadalajara ?

Un partenariat a été signé entre le Chivas Guadalajara et le FC Barcelone, où j’étais préparateur physique et spécialiste de la force du Barça B. Dans le cadre de ce partenariat, le club m’a offert la possibilité de venir au Mexique. L’idée était de venir en tant que coordinateur du département de la performance et en parallèle prendre en charge l’entrainement adjuvant de l’équipe première.

Je remplis donc deux missions essentielles, à savoir mettre en place la méthodologie de l’entrainement structuré sur l’optimisation du travail athlétique et former tous les préparateurs physiques du club à cette méthodologie. En parallèle avec l’équipe première, je me consacre à l’accompagnement de l’équipe des préparateurs physiques en charge des problématiques liées à la prévention des blessures, au travail de la condition physique, la restauration athlétique et les qualités physiques spécifiques des joueurs.

Dans l’entrainement structuré nous savons qu’il y a deux blocs, l’entrainement optimisant et l’entrainement adjuvant, qui nous intéresse particulièrement. Pouvez-vous éclaircir concrètement ces deux notions ?

La principale différence entre les deux blocs, c’est que l’entrainement adjuvant concerne essentiellement ce qui se passe en amont et en aval de la séance. En d’autres termes, l’objectif est de mettre le footballeur dans les meilleures conditions possibles avec des éléments, qui ne sont pas spécifiques au jeu.

« L’objectif est de mettre le footballeur dans les meilleures conditions possibles avec des éléments, qui ne sont pas spécifiques au jeu »

Alors, que l’entrainement optimisant est celui qui prépare le joueur au match, en mettant en œuvre des environnements spécifiques du jeu, afin d’optimiser toutes les structures qui façonne le joueur ainsi que les éléments du jeu. L’entrainement adjuvant repose sur quatre piliers :

  • L’entrainement préventif qui s’appuie sur la casuistique lésionnelle du football et se focalise sur les facteurs importants de blessure comme, les ischios, les quadriceps, les genoux, en d’autres termes, sur toutes les blessures récurrentes du football. Dans ce pilier nous distinguons l’entrainement préventif individuel où nous tenterons de corriger les déficits et déséquilibres des joueurs, liés à leurs blessures mais aussi sur la base de leur évaluation fonctionnelle.
  • L’entraînement structurel, qui vise avant tout à obtenir un bon équilibre de la masse corporelle, notamment entre la masse musculaire et la masse graisseuse.
  • L’entrainement de restauration, qui vise la restauration biologique du joueur, notamment après les matchs et lors de la séance +1 (le lendemain du match), ou séance +2 (surlendemain du match) ou lors de séances « fortes » du microcycle structuré.

L’entrainement des qualités spécifiques, qui se focalise avant tout sur les manifestations spécifiques de la force dans le football, à savoir la force de lutte, la force de saut, la force de déplacement et la force d’actions avec le mobile.

Vous avez évoqué 4 manifestations différentes de la force, comment est-il possible de les optimiser, mais plus encore de les individualiser tout au long de la semaine, de la saison notamment avec des jeunes joueurs, d’autant qu’il existe autant de joueurs que de profils différents? 

Tout d’abord, je pense qu’en tant que préparateur physique, au-delà du contrôle de la charge, nos deux grands objectifs sont de permettre au joueur d’atteindre son plus haut niveau de performance possible à chaque match et prévenir les blessures, même si les joueurs finissent toujours par se blesser un jour ou l’autre, nous visons une réduction la plus drastique possible du taux de blessure dans l’effectif. De mon point de vue, ce sont les deux grands objectifs du préparateur physique, réduire au maximum le risque de blessure et permettre aux joueurs d’exprimer tout leur potentiel.

Concrètement, en tant que préparateur physique, spécialiste de la force, en collaboration avec les physiothérapeutes, nous réalisons une batterie de tests pour déterminer le profil de force et de vitesse du joueur et identifier ses déficits fonctionnels,

« Les deux grands objectifs du préparateur physique, réduire au maximum le risque de blessure et permettre aux joueurs d’exprimer tout leur potentiel »

En fin de compte, ce que je veux, c’est que le joueur court plus vite, saute plus haut, change de direction plus vite, mais il faut bien organiser tout cela au cours du micro cycle. Il faut prendre en compte dès le départ, dans le cadre de la programmation, les caractéristiques du joueur, ses déficits, ses besoins, ses attentes. Il faut aussi réfléchir aux exigences spécifiques de son poste, ce qui est attendu d’un défenseur central ou d’un excentré est très différent et les risques de blessure qui en découlent sont aussi très différents.

Pour prendre un exemple, un défenseur central aura besoin de plus de force qu’un joueur à l’intérieur, alors qu’un latéral aura besoin de davantage de force de déplacement à haute intensité qu’un milieu défensif. Finalement en paraphrasant, notre responsable de la physiothérapie, Oriol Pastor avec qui j’ai travaillé au Barça « d’un point de vue physique le football devient chaque jour, une pratique individuelle au sein d’un sport collectif ».

« D’un point de vue physique le football est devenu un sport individuel au sein d’un sport collectif »

De plus en plus, nous nous concentrons sur l’individu, notamment dans la prévention des blessures, parce que chaque joueur est différent, selon son profil, son passé, son poste ou son âge, par conséquent ses besoins sont différents. Nous essayons de les traiter autant que possible individuellement, même si tout le monde n’a pas forcément besoin d’avoir une entrée, un plat et un dessert différent des autres. Il est très important, que le préparateur physique analyse bien le joueur, ses mouvements, ses capacités motrices pour évaluer ce dont il a besoin individuellement tout en gardant la vision collective du football. Il me semble que ce serait une grave erreur de vouloir aborder ces aspects de prévention uniquement de façon globale et collective.

En tant que préparateur physique, spécialiste de la force, vous devez analyser l’activité football et surtout analyser le joueur de football. Comment le feriez-vous, en arrivant dans un club, en ayant peu d’éléments sur l’historique de chaque joueur et les éventuelles blessures ?

Tout d’abord, quand vous arrivez dans un nouveau club, il est important dans la mesure du possible de se rapprocher de votre prédécesseur, afin de collecter toutes les données possibles du joueur, l’historique des blessures, ses tests fonctionnels, ses tests de force. Tout ce que vous pouvez recueillir sur la condition physique du joueur, la charge externe des séances, toutes les informations afin de dresser un profil détaillé de chaque joueur et établir des axes d’optimisation et des protocoles de travail.

La grande majorité des méthodes d’entrainement préconisent, un jour de repos complet de lendemain du  match (MD+1) alors que le cadre méthodologique de l’entrainement structuré invite à laisser un jour de repos complet le surlendemain du match. Que vous inspire cette différence importante et comment organisez-vous la séance je jour-ci ?

Il y a un éternel débat sur le sujet du jour idéal pour le repos, mais je crois que cela dépend surtout du contexte, de la culture de l’équipe, du pays, des convictions du staff, de l’entraîneur, mais il n’y a pas de recette unique. Je crois que tout est valable dans le football, si vous l’utilisez bien dans son contexte et surtout si vous faites preuve de beaucoup de bon sens.

Cependant au regard de la littérature et des études scientifiques, il semble préférable de réaliser une séance de récupération le lendemain du match (MD+1). En effet, si vous coupez le lendemain du match, vous perdez 24 heures de l’état de forme du joueur, pendant lesquelles beaucoup de choses peuvent arriver. En revanche, si tous les joueurs sont à disposition le lendemain du match, en cas d’alerte, une pointe musculaire ou un état de fatigue, vous pouvez scanner le joueur beaucoup plus objectivement et beaucoup plus rapidement que si vous manquiez les premières 24 heures.

« Je crois que tout est valable dans le football, si vous l’utilisez bien dans son contexte et surtout si vous faites preuve de beaucoup de bon sens. »

Et puis, je pense que dans le cadre du processus de récupération, beaucoup de choses peuvent accélérer ce processus, concernant les joueurs ayant joué plus de 60 mn (+60 mn), notamment par un travail de mobilité des hanches, avec des haies, le foamroller, l’hydrothérapie, et même les exercices de musculation du haut du corps. Je pense qu’avec tout ce travail de récupération effectué lors de la séance du lendemain, vous êtes beaucoup plus serein pendant le jour de repos, le surlendemain du match. Vous avez vu le joueur, vous savez quelles sont ses difficultés, son état d’esprit et même son moral à l’issue du match. Pour ma part, je crois que le surlendemain du match (MD+2) est idéal pour que le joueur se repose et déconnecte physiquement et psychologiquement.

Les joueurs non convoqués, les non entrants et ceux qui ont joué moins de 60 minutes (-60 mn), effectueront une séance compensatoire avec une charge physique où nous viseront des valeurs équivalentes à 60 % des hautes intensités d’un match (High Speed Running), afin de limiter les méfaits du manque de temps de jeu. Ceux qui ne jouent pas beaucoup s’habituent au déficit de HSR c’est pourquoi nous proposons ce type de séance le MD+1.

L’idéal serait même de pouvoir reproduire un match 11×11, mais le nombre de joueurs disponibles n’est pas suffisant. Aussi, nous essayons de proposer des situations les plus contextualisées possibles. Une fois la séance de régénération effectuée par les joueurs (+ 60 mn) et celle de compensation réalisée par les joueurs (-60 mn), la séance MD+1 a permis de « remettre le compteurs à 0 » ou presque.

Autant d’éléments, qui font que lors de la séance à -4 jours (MD-4) du match, la première du microcycle et juste après le jour de repos, vous retrouvez tous les joueurs dans le même état physique pour entamer un nouveau microcycle. Cependant, si le staff n’est pas formé ou friand de cette approche et qu’il considère qu’il vaut mieux donner le jour de repos, le lendemain, alors il faudra s’adapter.

Pouvez-vous revenir sur l’entrainement adjuvant, puisque vous avez évoqué un travail en aval et en amont de la séance. Comment organisez-vous ce travail physique dans le cadre d’un microcycle classique ?

Sans revenir sur les séances MD+1 et MD+2 que je viens d’expliquer, reprenons à partir d’une séance – 4 jours (MD -4) avant le match.

La première chose que nous faisons avant l’entraînement, c’est le protocole individuel de prévention de chaque joueur ou activation individuelle, qui dure environ dix minutes. Nous mettons beaucoup l’accent sur la prévention individuelle, aussi chaque joueur a un travail individualisé en fonction de ses déficits et déséquilibres, qui dure entre 10 et 15 minutes à chaque séance. Après ce protocole individuel nous entamons un travail groupal qui dure environ 15 à 20 minutes, sur la base des risques de blessures du footballeur en mettant l’accent sur les structures qui souffrent le plus par la pratique du football.

« Nous mettons beaucoup l’accent sur la prévention individuelle, aussi chaque joueur a un travail individualisé en fonction de ses déficits et déséquilibres, qui dure entre 10 et 15 minutes à chaque séance. »

Lors de la séance MD-4 nous nous focalisons sur les ischios et le pubis en utilisant toutes les formes de contractions (isométriques, concentriques et excentriques), les patrons de mouvements variés et variables. Puis, les joueurs vont sur le terrain pour la séance et une fois terminée ils viennent au gymnase pour réaliser un travail structurel sur le haut du corps. Ce travail est basé non pas sur des mouvements spécifiques au football, mais des mouvements plus analytiques, afin d’optimiser la structure du joueur tant sur la composition que sur la masse musculaire.

C’est d’autant plus important ici, puisqu’aux Chivas et au Mexique plus largement, le profil anthropométrique n’est généralement pas aussi athlétique que celui des joueurs européens. Aussi, nous insistons beaucoup sur l’optimisation structurelle du joueur, notamment au niveau de l’hypertrophie. Nous menons ce travail de fond, non pas avec des charges lourdes à une faible vitesse mais davantage sur la vitesse d’exécution et des charges moyennes, afin qu’il ait de bonnes sensations sur le terrain et que cela n’interfère pas avec les exigence de l’activité, notamment du point de vue de la vitesse.

Dans la séance -3 (MD-3), nous débutons par le protocole d’activation puis nous entamons un travail sur les qualités spécifiques du footballeur. Nous nous concentrons, possiblement sur une des séances clé au niveau adjuvant, à savoir les qualités spécifiques de la force dans le football, c’est-à-dire les accélérations, les décélérations, les changements de direction, les sauts, qu’ils soient réalisés sur un pied ou deux pieds, et toutes les actions qui impliquent la « force de lutte ».

« Nous menons ce travail de fond, non pas avec des charges lourdes à une faible vitesse mais davantage sur la vitesse d’exécution et des charges moyennes, afin qu’il ait de bonnes sensations sur le terrain et que cela n’interfère pas avec les exigence de l’activité, notamment du point de vue de la vitesse »

Nous les travaillons à travers des exercices qui peuvent être plus ou moins spécifiques selon le moment de la saison, organisés sur une tri série au cours de laquelle, vont s’enchainer un exercice fondamental, un exercice complémentaire (ou compensatoire) et un exercice d’application. Nous effectuons un gros travail sur les membres inférieurs avec notamment de la surcharge (gilet lesté, par exemple), en recherchant des mouvements spécifiques au football. Une fois ce travail terminé, nous allons sur le terrain, pour une séance d’optimisation.

Après la séance sur le terrain, les joueurs qui sont au-dessus, des indices de masse grasse, ce qui arrive ici aux Chivas, feront un travail post séance, orienté sur le métabolique, avec pour objectif de diminuer ce pourcentage de graisse. Ce travail métabolique sera court mais très exigeant, cependant le volume ne peut être important à 3 jours du match (MD-3). Les joueurs qui n’ont pas de problèmes de poids, font une autre séance de travail de musculation pendant une vingtaine de minutes.

Sur cette séance – 2 deux jours (MD-2), avant le match, nous faisons à nouveau un travail de prévention individuelle, pour enchainer sur un travail groupal. Nous mettrons surtout l’accent sur un travail proprioceptif et beaucoup de prévention au niveau des articulations et un focus particulier musculaire sur le quadriceps et notamment le droit antérieur (ou droit fémoral), qui est aussi l’un des muscles qui souffrent le plus dans le football. Cette partie dure environ 15 minutes, nous diminuons la charge et les intensités de cette activation, puis nous allons sur la partie terrain de la séance.

A la fin de la séance, il y a possibilité pour le joueur, s’il le souhaite et sur la base du volontariat, de faire un travail en salle. Nous laissons les joueurs choisir « à la carte » un travail de musculation du haut du corps, en prenant garde de bien répartir les choix en cohérence avec le travail planifié, tout au long de la semaine. Chaque jour, les joueurs travaillent sur des groupes musculaires différents. Par exemple, en séance – 4 (MD-4), nous travaillons plus sur les pectoraux et les triceps, en séance – 3 (MD-3), plus sur les biceps et le dos et ensuite en séance – 2 (MD-2), nous nous concentrons sur les épaules, ainsi nous avons tout abordé sur travail du haut du corps. A noter, dans toutes les séances de musculation, nous mettons des exercices compensatoires des abdominaux.

Dans la séance -1 (MD-1), comme à chaque séance, nous avons décidé depuis le début du tournoi d’ouverture, que, même la veille du match, les joueurs feront leur activations individuelles, car l’intensité et la charge de travail de la séance seront moins élevées.

Ensuite, nous faisons une séance que j’appelle, séance de « potentialisation » parce qu’il y a un article paru très récemment avec lequel je suis tout à fait d’accord qui indique des nouveautés sur le travail de puissance. L’article préconise un travail de puissance, par exemple avec un « squat jump » à 30 ou 40 % (du maximal du 1 RM) sur 4 ou 5 séries de quatre ou cinq répétitions.

C’est-à-dire une charge très faible, mais un mouvement super explosif comme un « squat jump » favorise beaucoup la force explosive et optimise les conditions dans lesquelles le joueur va aborder le match. Cette séance de « potentialisation », c’est-à-dire un exercice, quatre séries, quatre répétitions, favorise l’optimisation du système musculaire des joueurs pour le match.

Voilà un peu les grandes lignes du micro cycle de l’entrainement adjuvant. Chaque après-midi est dédié aux soins et à la récupération, mais pour les joueurs volontaires, il est possible de faire un travail individuel complémentaire que nous encadrons. L’après-midi nous sommes totalement à la disposition des joueurs et nous pouvons proposer un travail individuel beaucoup plus exhaustif, plus sereinement, sans faire la course contre la montre, comme le matin où il faut gérer tout le groupe.

D’autre part, l’après-midi, si un joueur a signalé des problèmes quelconques, la chaine postérieure par exemple, il va recevoir un protocole de renforcement beaucoup plus important. Nous travaillons uniquement de manière individuelle, soit avec l’un des préparateurs physiques, soit avec les physiothérapeutes et nous pouvons ainsi leur accorder une attention beaucoup plus personnalisée.

C’est pourquoi, j’évoquais un peu plus tôt, toute l’importance que nous accordons au travail individuel du joueur et nous assurons ce suivi « sur mesure » chaque après-midi, des séances -4 (MD-4), -3 (MD-3), -2 (MD-2) si les joueurs veulent venir travailler.

L’amplitude articulaire et la mobilité sont des éléments facilitateurs dans l’expression de la force qui représentent pour vous un enjeu majeur. Cette qualité est-elle optimisée tout au long de la saison, voire au long de la carrière du joueur ?

Tout d’abord, l’amplitude articulaire est une qualité involutive, c’est-à-dire que nous allons toujours du plus vers le moins au cours de la vie. En tant que préparateur physique, nous devons tenter de la maintenir autant que possible, plutôt que d’essayer de l’augmenter parce qu’au fil des années, cette amplitude articulaire se réduit.

« L’amplitude articulaire est une qualité involutive, c’est-à-dire que nous allons toujours du plus vers le moins au cours de la vie »

Nous évaluons, l’amplitude articulaire à l’aide du test de Thomas ou le test de « single leg raise » et des tests de dorsiflexion non seulement de la cheville, mais aussi de la hanche. En fonction des limites que nous constatons, nous travaillerons sur les gains éventuels du joueur, mais surtout nous allons nous concentrer sur le fait d’entretenir sa mobilité et son amplitude articulaire.

Selon moi, c’est une erreur lourde de conséquence, de ne pas aborder ces aspects, puisque la pratique intensive, voire exclusive du football va réduire la mobilité et l’amplitude articulaire du joueur. Aussi, il est fondamental qu’elles soient entretenues puisque dans une large mesure, elles vont permettre de compenser les déficits que génère la pratique du football.

Selon vous ce travail sur l’amplitude articulaire est essentiel au football de haut niveau, mais doit-il et comment peut-il être mené chez les plus jeunes y compris à l’école de football ?

Clairement, nous mettons vraiment l’accent, dès les plus jeunes sur la mobilité articulaire, le travail et le développement moteur. Il y a une spécialisation de plus en plus précoce, chez les jeunes, puisque très (trop) tôt les enfants ne jouent uniquement qu’au football dès l’âge de 5 ou 6 ans. En ce sens, nous limitons le joueur sur le plan moteur, tant sur la variété que la variabilité de ses schémas moteurs.

Il est essentiel de proposer aux joueurs beaucoup d’amplitude articulaire, de mobilité des hanches, des chevilles et de le faire dès son plus jeune âge. Mieux nous compensons les limitations dues à la pratique exclusive du football à un âge précoce, moins les joueurs auront de problèmes quand ils deviendront professionnels.

« Mieux nous compensons les limitations dues à la pratique exclusive du football à un âge précoce, moins les joueurs auront de problèmes quand ils deviendront professionnels. »

Souvent, nous commençons la maison par le toit, comme on dit ici en Espagne, en pensant que tout sera travaillé quand ils seront professionnels. Non, toute la base motrice, le travail de force, de posture, la mobilité des articulations, les étirements, etc., il faut les travailler, très tôt en respectant évidemment une bonne planification et une bonne progression pédagogique.

Il faut les travailler dès le plus jeune âge pour que plus tard, lorsque vous avez des joueurs de niveau professionnel, vous n’ayez qu’à les optimiser, et que vous ne perdiez pas de temps à leur expliquer comment bien faire un squat ou un lunge, autant de lacunes que nous constatons chez les joueurs, n’ayant pas eu une bonne base chez les jeunes et que nous devons reprendre au niveau professionnel.

« La qualité physique fondamentale c’est la force, tout en découle, la vitesse et l’endurance sont toutes deux dépendantes et dérivées de la force »

Pour conclure, la force a un rôle fondamental dans le football, tout part de la structure du joueur, de sa capacité à générer de la force. La qualité physique fondamentale c’est la force, tout en découle, la vitesse et l’endurance sont toutes deux dépendantes et dérivées de la force. Ainsi, toute action musculaire que nous faisons découle de la force, c’est pourquoi son optimisation est fondamentale et qu’elle doit être travaillée dans le football.

Tout dépend de l’action musculaire, car si je dois la réaliser aussi vite que possible, elle sera orientée vers la vitesse et si je dois la maintenir aussi longtemps que possible, alors elle sera orientée vers la résistance. La force est la qualité fondamentale du sportif et par conséquent ici, du footballeur.

Une légende urbaine indique que la préparation physique n’existe pas et qu’au Barça, les joueurs et joueuses ne travaillent pas physiquement. Que les séances ne proposent que des rondos et jeux de position. Qu’en pensez-vous ?

Le travail athlétique et l‘optimisation structurelle du joueur est essentielle, voire fondamentale. Au Barça nous avons rompu avec ce mythe, où personne ne mettait les pieds au gymnase, il y a fort longtemps peut-être. Mais en retour je vous pose les questions suivantes :

  • Comment expliquez-vous que les exigences d’un match de football soient en telle augmentation ?
  • Comment expliquez-vous une telle explosion des données concernant les sprints, les courses à haute intensité, le nombre de passes, le nombre d’actions, le nombre de tirs ?

En d’autres termes, soit vous êtes un athlète (de haut niveau), avant d’être un footballeur (de haut niveau), soit vous resterez à la traine et vous ne deviendrez pas footballeur. Ce n’est que mon opinion mais je crois que cette observation sera de plus en plus vrai !

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