France - Danemark 2022 : analyse pré-match

Analyse proposée par Adrien Tarascon, responsable du développement des joueurs, de la méthodologie et des données au LOSC.

🚨 Avant d'aller plus loin, inscrivez-vous à la newsletter

Chaque dimanche vous recevrez des idées sur l’analyse du jeu, l’entrainement ou encore l’apprentissage.

Le football nous ramène toujours au présent. Il y a une semaine le Danemark était cette équipe que nous ne savons plus battre, en témoigne nos deux défaites en 6 mois. Cétait un collectif huilé, à un pénalty anglais près d’être finaliste du dernier Euro.

Mardi à 14h heure locale, c’était la première sélection de ce mondial, suffisamment préparée pour s’être accordée le temps de travailler une stratégie sur coup d’envoi, malgré la courte préparation à la Coupe du Monde.

Aujourd’hui, la France a un début de dynamique et le Danemark beaucoup de doutes. Les Bleus ont de la profondeur depuis la première sélection de Kylian Mbappé. Il y a une semaine, on ne s’attendait pas à ce qu’il trouve de la largeur.

Aujourd’hui ils l’ont, en double. Après l’incorporation de Dembélé, la blessure de Lucas Hernandez propulse son frère Théo – top 3 mondial des latéraux gauche offensivement – sur le terrain.

Face à l’Australie, Théo Hernandez à été l’auteur du plus grand nombre de passes clés, avec Griezmann.

Côté danois, ils savent qu’ils ont besoin de Christian Eriksen pour organiser le jeu, mais aussi pour recevoir entre les lignes. Néanmoins, ils ne savent pas encore comment le cloner.

Le Danemark de Kasper Hjulmand ressemble plus à ses poumons Pierre-Emile Hojberg, qu’à son créateur Christian Eriksen. A l’image des Spurs de Conte, le Danemark est une machine à faire déjouer l’adversaire par sa rigueur sans ballon, difficile à contourner ou son intelligence tactique collective capable de résoudre de nombreux problèmes.

Mais mardi, nous avons aussi vu les défauts des Spurs. Cette lenteur de circulation de balle et la dépendance aux coups de pieds arrêtés dans les mauvais jours. La Tunisie a montré la voie contre le Danemark.

S’ils sont une machine à faire déjouer l’adversaire, ils ont horreur que l’on s’adapte à eux et cherche à les faire déjouer – eux. Les Bleus devront préparer ce match dans l’incertitude du système danois, capables d’opter pour un 523/541 ou un 433 et choisiront sans doute pour leur part, la continuité de l’animation vue contre l’Australie, à quelques retouches près.

Clé n°1 : sortir de l’entonnoir de leur pressing

Les australiens, déformant leur 451 en 442 losange sur nos 6m, n’a eu aucun mal à nous empêcher de sortir proprement. Or, le Danemark aime se nourrir des récupérations hautes, nous l’avons appris à nos dépends en Ligue des Nations. 5 secondes après une perte de balle dans nos 30 premiers mètres, les danois vont récupérer haut et marquer suite à un centre.

Ballons récupérés par le Danemark, lors de leur match face aux Bleus en Ligue des Nations (Septembre 2022)

Les pertes dans leur propre camp ont d’ailleurs été le bémol du plan tunisien, lors de leur match face aux danois.

Les Bleus devront donc impérativement faire mieux face aux partenaire de Christian Eriksen, au moins en phase initiale, à défaut de jouer long sur 6m.

Comment ?  Individuellement, nos centraux n’ont pas su trouver suffisamment de largeur pour aller fixer les excentrés australiens. Nos latéraux, anticipant sans doute une pression en 442 n’ont pas su s’adapter au 433 en se plaçant dans le dos des ailiers australiens.


Pavard est trop bas et facilite la pression de l’excentré Australien, avant cela Konaté doit chercher à casser la pression du 9 en passant par Tchouaméni et ne pas mettre sous pression son partenaire.


Upamecano large met le doute à l’excentré australien qui commet l’erreur de sortir, Pavard est disponible dans son dos, l’aisance technique de Griezmann sur le renversement fait le reste pour sortir de la pression australienne.

Si tout cela n’est pas suffisant, il faudra trouver Olivier Giroud sur du jeu direct. Si le milanais ne pouvait pas lutter au premier match face au 2m01’’ de Souttar, il faudra qu’il s’impose davantage face au Danemark.

Le matchup contre son coéquipier Simon Kjaer sera un duel clé du match, si ce dernier est aligné dans l’axe de la défense à 3.

Clé n°2 : une meilleure structure pour déverrouiller le bloc bas danois

Jusqu’à quelle étape de la compétition, la supériorité individuelle de nos « avions » du couloir gauche suffira-t-elle ? Nous l’avions évoqué, toucher les excentrés dans le dos des milieux adverses serait une des clés.

Mieux, par leur supériorité individuelle dans la largeur, Théo Hernandez et Kylian Mbappé ont créé des occasions sans que nous ayons besoin de créer une supériorité numérique initiale.

Dans la fluidité du XI bleu, Antoine Griezmann a délaissé le demi-espace droit qu’on l’imaginait occuper, pour se muer en lanceur d’action face au jeu. A défaut de structure, nous avons gagné en clarté sur notre circuit fort.

Griezmann pour servir nos individualités dans la largeur à gauche.

Les autres circuits passeront sans doute davantage par des ajustements individuels qu’un jeu de position plus établi. A ce titre, dans la continuité de quelques bonnes séquences d’Aurélien Tchouaméni, les milieux Bleus ne devront pas hésiter à aller fixer les 8 (en cas de 433) / 6 (en cas de 541) du bloc bas danois.

Sur un plan collectif, il ne serait pas étonnant de voir Kylian Mbappé occuper plus souvent l’espace entre les lignes, libérant plus nettement la largeur à gauche à Theo Hernandez à l’image de certaines séquences vues au Danemark en Septembre dernier. 

Quand Théo Hernandez ne se projettera pas il sera intéressant de voir sa capacité à servir les courses dans la profondeur pour un Mbappé, idéalement recentré. L’attaquant parisien devra éviter de se trouver régulièrement dans le même couloir de jeu qu’Hernandez.

Clé n°3 : davantage de profondeur a droite

Si Ousmane Dembélé a brillé par ses percussions. On l’a trop peu vu attaquer la profondeur, notamment quand ses partenaires étaient sans pression au milieu.

Tchouaméni semble « attendre » un appel en profondeur de Dembélé, qui n’arrive pas. Ils trouvent finalement Mbappé à l’opposé.

Si le Danemark opte pour le choix cohérent d’une défense à 5 afin de mieux répondre aux supériorités bleues dans la largeur, la profondeur dans le dos des pistons sera encore plus vitale.

Kingsley Coman avait su attaquer cette profondeur contre le Danemark en Ligue des Nations et la Tunisie a rappelé combien la profondeur dans le dos de Joakim Maehle avait son importance quand on joue le Danemark.

Clé n°4 : idéalement se trouver un pressing, a défaut de proposer un bloc plus compact

Structure incertaine, absence d’intensité évidente, le pressing des Bleus a laissé nombre d’observateurs dubitatifs. Le 2+3 australien n’était ni imprévisible, ni difficile à défendre pour une équipe qui peut se déformer facilement du 4141 au 4231 en faisant défendre Antoine Griezmann sous Olivier Giroud.

Giroud se retrouve à hauteur de Mooy, alors qu’il devrait gérer la défense centrale en 1v2, Griezmann et Dembélé sont en conséquence trop bas, nous sommes loin et subissons les rotations australiennes.

Autre axe d’amélioration nécessaire : la compacité du bloc médian. Dembélé a souvent été en retard pour coulisser quand l’Australie initiait à droite, laissant des espaces qu’un Damsgaard saurait exploiter avec d’autres conséquences. 

Clé n°5 : défendre sur les centres danois

Dès la première mi-temps de ce mondial, la défense de la surface des Bleus aura souffert, dans la continuité de ce qui aura été en défense à 4 ou défense à 5, sa principale faille défensive de l’année 2022.

Arrive un test important dans la matière. S’ils ne sont pas à l’aise pour filtrer des passes vers l’interligne défense / milieux adverse, Kjaer et Christensen sont à l’aise sur le jeu long pour trouver Maehle et Skov Olsen.

Le Danemark se créé beaucoup d’occasions sur les centres faux pied du premier, et la double menace (capable de dribbler intérieur comme extérieur du second). Le placement de Théo Hernandez sur les centres de Maehle sera particulièrement à surveiller.

Clé n°6 : 2ndes actions suite aux CPAs

C’est en exploitant quelques-uns des 11 corners obtenus contre la Tunisie que le Danemark s’est procuré ses meilleures occasions.

S’ils sont très forts sur les premiers duels, ils ont la qualité plus rare de très bien attaquer les secondes actions, grâce à leur très bonne organisation en 2nde ligne sur coups de pied arrêtés.

Conclusion

Le football nous ramène toujours au présent. La campagne de 2018 était basée sur l’équilibre. Celle de 2022 semble passer par le déséquilibre autour de deux joueurs méritants mais imprévus, Ousmane Dembélé et Théo Hernandez qui, s’ils apportent bien plus qu’ils ne coûtent, ont un coût défensif que des équipes pragmatiques comme le Danemark voudront nous faire payer.

Pour ce match, Coman aurait pu nous redonner de la compacité sans impacter notre « punch » offensif, mais le présent c’est de menacer avant de penser à nos fragilités. Samedi 19h est-ce que cela sera toujours notre paradigme ?

🤔 Cette proposition vous a plu ? 

Rejoignez + de 4500 passionnés en vous abonnant à notre newsletter et vous recevrez nos entretiens, directement par e-mail.