Jeu de positions et possession du ballon

© NOSOTROS : posture théorique et/ou énoncé de positionnement
Contribution collective : Olivier Alberola, Éric Duprat, Jean-Francis Gréhaigne et Alilou Issa

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Introduction

À l’origine du football, le style de jeu direct était le style le plus souvent mentionné dans la littérature spécialisée. Les conditions de jeu étaient liées aux caractéristiques du climat et à la densité des joueurs autour de la balle. Le jeu se caractérisait par de longues passes vers l’avant avec des courses dans la profondeur et un faible nombre d’échanges de balle consécutifs. Cette façon de jouer était très répandue notamment à l’époque de l’Angleterre victorienne où l’individualisme régnait, alors que la société écossaise et son mode de pensée plus associatif a permis de faire émerger le jeu de passe à l’écossaise. Une analyse plus fine liée à l’évolution de la pratique suggère qu’un style de jeu direct peut comprendre de courtes séquences avec quatre passes au plus comprenant des passes directes par-dessus du milieu de terrain. On parle alors d’attaque rapide qui résulte d’une récupération du ballon proche de la ligne médiane, système défensif largement utilisé dans les années 90, basée sur une défense agressive mise en place à l’époque de l’Ajax et des Pays-Bas au début des années 70. Certains ont élargi la définition de ce style d’attaque en y incluant des schémas tactiques simples et directs, des passages rapides en zone d’attaque ainsi que l’attaque avec au moins une longue passe. Il est actuellement de plus en plus supplanté par d’autres styles de jeu.

Dans cet exposé, il va donc s’agir de discuter en football des propriétés et des différences entre deux autres approches : le jeu de positions dont la possession du ballon est une caractéristique fondamentale pour être proactif dans le jeu pour obliger l’adversaire à commettre des erreurs, ou le jeu de transition plus opportuniste qui vise davantage à profiter des erreurs. Il est à noter que les meilleures équipes sont capables de fonctionner sur les deux aspects.

Le jeu de positions est une philosophie et/ou une stratégie au football basée sur le fait de garder la possession du ballon et de couvrir des zones du terrain pour des attaques méthodiques grâce à un jeu constant de passes courtes ou moyennes. L’objectif premier n’est donc pas nécessairement d’amener le ballon dans le but adverse le plus rapidement possible, mais plutôt d’utiliser avec succès une circulation du ballon adaptée et une coordination efficace en vue d’une accumulation d’avantages momentanés.

Dans le jeu de transition (à ne pas confondre avec la réversibilité du jeu), il s’agit de profiter des espaces créés par la désorganisation temporaire de l’adversaire juste après qu’il ait perdu la balle. Cela est possible à condition que le changement de possession se déroule dans la continuité du jeu et non sur une phase statique qui permet aux adversaires de se repositionner. Cela implique une organisation défensive très bien structurée du point de vue spatial mais surtout temporel, afin de garantir la récupération de la balle. L’équipe qui attaque doit alors effectuer une transition rapide en direction du but adverse et ce en utilisant des passes moyennes ou longues vers les zones libérées et des courses orientées vers la cible à atteindre, c’est-à-dire la profondeur. Si cette transition rapide est réussie, des espaces s’ouvrent dans le terrain adverse ou dans le dos de la défense, dans lesquels les joueurs attaquants peuvent avancer rapidement. On retrouve alors la distinction possible entre le jeu direct sur un joueur qui se retrouve bien positionné dans l’axe ballon – cible, ou un jeu indirect avec un appui qui réoriente le jeu.

Le jeu de positions souvent confondu avec le jeu de possession

Ces deux termes méritent d’être questionnés, même si en français le terme position est idéal puisqu’il est assez large et en même temps assez précis au sens d’emplacement. Par le terme position, il faut comprendre que le joueur se situe dans un espace bien déterminé, bien localisé au sein d’une répartition collective de l’espace de jeu et d’une circulation des joueurs, en tenant compte aussi de toutes les postures liées à l’orientation du corps, à la ligne de ses épaules, des hanches, à sa direction, liées aux mouvements et aux déplacements réalisés. On vise à déplacer le ballon pour déplacer l’adversaire.

La possession du ballon implique des interactions entre les joueurs, des associations, de l’autogestion et de l’auto-organisation. C’est pourquoi la supériorité socio affective, voire affective, souvent négligée est presque le cœur du réacteur de cette approche du jeu. Elle est probablement la forme de supériorité la plus en « interaction » avec le rapport d’opposition. Cette forme de supériorité s’exprime par la complicité, les affinités, les relations privilégiées qu’entretiennent certains joueurs. Cette forme de réseau empathique permet aux joueurs de s’auto-organiser autour d’une même vision du football qui profite à l’équipe, à l’image de « microsociétés ». Jouer c’est savoir s’adapter à différents contextes et les concepts ne sont que des outils à disposition des joueurs qui vont les utiliser selon leur interprétation de jeu dans une situation concrète de jeu. Cela impliquera sans doute des réponses de l’adversaire logiquement construites autour du jeu long (oublié ces dernières années avec ce type de jeu court).

La possession du ballon est donc un outil de choix pour maitriser (si c’est possible) le temps et l’espace pour s’offrir les meilleures conditions d’arriver à ses fins. Elle ne représente pas une fin en soi mais un moyen d’arriver à ses fins, encore faut-il savoir lesquelles sous peine de jouer à avoir le ballon sans réelle intention. Il s’agit de rendre au ballon sa vocation fonctionnelle qui vise à ordonner (si c’est possible) le jeu pour rechercher des supériorités dans des zones précises du terrain ou des espaces bien localisés et peu importe que ces supériorités soient numériques, positionnelles ou qualitatives, voire dynamiques. Cependant, il ne peut être performant pour déséquilibrer l’adversaire que s’il s’accompagne d’une précision permanente dans les échanges, ainsi qu’une vitesse de transmission élevée, bien que dans les zones les plus basses du terrain, ce soit la précision qui permette d’offrir de la vitesse. Celle-ci implique une finesse technique et une compréhension des temps de jeu, que tous les joueurs et/ou les entraîneurs ne possèdent pas, ce qui explique certains échecs chez les copieurs non avertis.

L’émergence de la possession comme un enjeu important du football de haut niveau a, en partie, bousculé les pratiques habituelles d’analyse et de conceptions du jeu. Aujourd’hui, le jeu de positions provoque souvent une baisse de vitesse du jeu et on ne devrait pas être agacé d’avoir perdu le ballon, mais au contraire pour les défenseurs, d’être heureux de pouvoir mieux le récupérer afin de surprendre l’adversaire, qui se sent en sécurité ? La perte de temps pour la remontée du ballon favorise un retour défensif et une densification autour du porteur de balle qui réduisent les chances d’atteindre une position favorable pour marquer. Il devient nécessaire d’avoir deux ou trois joueurs, capables d’envisager la passe comme une interaction entre deux joueurs, où le passeur a la responsabilité d’offrir les meilleures conditions de temps et d’espace à son partenaire receveur, en vue de T+1. Dans un autre registre, il sera aussi, intéressant de profiter d’un ou deux joueurs capables de frappes lointaines et précises pour faire ressortir certaines défenses adossées à leur but et, ainsi, recréer des espaces exploitables.

Les entraîneurs, les joueurs voire les supporters ont reconnu l’efficacité de ces nouvelles pratiques, fortement médiatisées par les bons résultats et le style des équipes qui y recouraient lors des grandes compétitions internationales. Cependant, le jeu de positions et sa réelle efficacité restent controversés et font surgir de nombreux débats.

Le jeu de positions ou penser « avant » la possession du ballon

L’avance dans la conception de l’organisation, la construction et le développement du jeu mènent à des configurations prometteuses et à des attaques gagnantes qui conduisent à la victoire. L’accumulation de petits avantages de position conduit à des attaques réussies. Ces petits avantages vont consommer par-ci par-là quelques défenseurs, franchir le rideau R1 (premier rideau défensif), changer le jeu, déborder, feinter son adversaire direct : en additionnant toutes ces petites choses, vous prenez tranquillement le contrôle du rapport de forces et pouvez continuer à installer votre construction offensive. Cela peut être aussi une légère avance ou une position légèrement plus écartée, un léger rapport de vitesse en votre faveur. Aucun de ces évènements ne signifie quoi que ce soit en soi, mais additionnez-les et vous possédez un avantage indéniable. En effet, dans ce cas, la seule façon pour votre adversaire de briser cette emprise est de tenter de restaurer l’équilibre du rapport d’opposition en consommant de l’énergie et du temps.

Le recours à cette forme de jeu nécessite aussi une concentration permanente des joueurs pour accompagner l’action et ouvrir une brèche dans le dispositif défensif adverse ce qui nécessite une prise d’information anticipée et une mise en mouvement immédiate pour assurer la continuité de l’action pénétrante.  

Le maintien d’une incertitude évènementielle et temporelle passe aussi par la production d’informations erronées en proposant de fausses indications. Souvent ici, la posture est indissociable de cette création d’incertitude : dans un échange de balle, si l’on effectue un armé important de la jambe de frappe avec une orientation du corps particulière c’est pour envoyer un message de frappe longue et faire croire à une direction spécifique de passe. Feinter ou tromper l’adversaire c’est réaliser autre chose au dernier moment. L’utilisation du mouvement des adversaires pour jouer dans leur dos, à l’inverse de leurs orientations et de leurs déplacements, constitue également une arme redoutable sous la forme d’une supériorité dynamique. Cette supériorité vise à permettre dans les échanges de balle à être en mouvement avant l’adversaire ou dans une direction différente, en relation avec un bon timing.

Le jeu de positions consiste à avoir une attitude proactive par rapport au jeu grâce à une possession du ballon outillée ou à sa récupération rapide. Il consiste aussi à utiliser la profondeur et ça, peu d’équipes dans cette mouvance le font. On vise, d’abord à générer des secteurs d’action libres dans le dos de R1, en recourant à des passes courtes. La position du ballon constitue l’élément ordonnateur du jeu, car on ambitionne des déplacements coordonnés des joueurs et du ballon, que ce soit en phase offensive ou en phase défensive. Il faut se souvenir que cette construction du jeu repose sur une alternance du jeu court et du jeu long, ce qui oblige à prêter une attention particulière aux distances entre les joueurs. Cela renvoie donc, avant tout, à la reconnaissance des espaces que l’on doit exploiter, libérer ou créer pour soi ou pour son partenaire. Le plus important est toujours la compréhension du jeu.

Jeu de positions, tentative de définition

Francisco Seirul-lo Vargas et Joan Vilà Bosch (responsables méthodologiques à la formation du FC Barcelone) précisent eux-mêmes que cette philosophie de jeu devrait s’intituler : jeu de situation au sein duquel la possession du ballon reste un outil de premier ordre à travers lequel l’équipe peut s’auto-organiser pour amener le ballon, ainsi que les joueurs, vers la cible adverse dans les meilleures conditions (le fameux voyager ensemble).  Dans le même temps Juanma Lillo, ambassadeur de ce type de jeu, précise qu’il devrait s’appeler jeu de localisation.

Le concept de jeu de positions est un terme dérivé du jeu positionnel aux échecs et aux dames. Dans le jeu positionnel, l’objectif est d’améliorer sa propre position en accumulant des supériorités qui, isolées, paraissent insignifiantes pour l’adversaire, par opposition à une tentative de gain direct. Cependant, c’est précisément cette accumulation, qui permet d’obtenir un certain contrôle de la situation. Une fois obtenu, l’adversaire ne pourra essayer de desserrer l’emprise qu’en concédant quelque chose d’autre. L’attaque n’est conçue comme possible que si l’on dispose d’une bonne base avec des positions solides. Ce n’est que lorsque l’on pense avoir construit une position dominante qu’il est possible de choisir d’attaquer car il s’agit d’une vision concernant l’ensemble du jeu. L’objectif est qu’au moment d’attaquer, il n’y ait plus qu’une défense amoindrie. C’est la recherche de la supériorité par excellence, le 1vs0.

Au football, le jeu de positions consiste à s’appuyer sur des aspects stratégiques organisés plutôt que de se lancer tout de suite à l’abordage du but adverse comme dans le « kick and run » ou une contre-attaque. Il s’agit bien d’attaquer dans les meilleures conditions plus que de vouloir attaquer à n’importe quelle condition. En pratique, ce jeu se caractérise par des manœuvres à long terme plutôt que par des attaques à court terme. Il vise l’accumulation de petits avantages au fur et à mesure du déroulement de la séquence de jeu, et, ce faisant, vise à minimiser les risques de perte de la balle. Le jeu positionnel est donc très utile afin de sélectionner les coups gagnants et de ne pas se lancer dans une analyse exhaustive des nombreuses possibilités.

Plus spécifiquement au plan tactique, il s’agit pour les joueurs en football de savoir comment ils doivent se déplacer en se faisant des passes avec une vitesse de transmission du ballon adaptée. Au travers de cette circulation tactique, on cherche à construire les conditions d’émergence d’un joueur libre. Certains entraîneurs s’inspirent de cette stratégie pour que leurs joueurs se repositionnent avant de lancer le mouvement d’attaque. On parle alors de reconnaitre les sources d’informations pertinentes et
les comportements associés qui permettront
 aux joueurs d’avoir un temps d’avance sur les adversaires.

Ainsi, le jeu de positions ne consiste pas à se passer la balle à l’arrière de l’espace de jeu effectif, mais il consiste à générer des supériorités numériques qualitative ou de prendre de l’avance. Cela peut consister à circuler entre les rideaux défensifs, à exploiter les espaces ouverts afin de mettre les adversaires sous pression temporelle. Cela peut se faire plus ou moins vite, plus ou moins dans la profondeur et plutôt en expansion qu’en contraction. En définitive, la seule chose qui doit être maintenue tout le temps est l’idée de prendre ou conserver l’avance temporelle. Dans ce type de jeu, une rupture brutale de la continuité est à même de provoquer un évènement émergent qui nécessairement va troubler la belle organisation défensive adverse. Par contre, le risque apparaît lorsque l’adversaire, bien informé, connait les circulations préférentielles et les interrompt avec une récupération favorable. Cette réalité nous ramène à une conception de formation de joueurs intelligents capables de s’adapter face aux incertitudes du jeu et aux nouvelles contraintes.

Le jeu de transition

En sport collectif, la réversibilité du jeu renvoie au passage du statut d’attaquant à celui de défenseur avec la perte ou le gain du ballon. Cette phase rend nécessaire pour les joueurs une observation continuelle des évolutions des configurations du jeu pour faire face à toutes éventualités.

En revanche, le jeu de transition consiste en la conservation de la balle dans la remontée du ballon vers le camp opposé permettant un enchaînement entre la récupération de la balle et un développement du jeu vers le but adverse. Ce concept de transition prend depuis quelques années une place croissante dans la réflexion sur l’action. La transition désigne « un processus de transformation au cours duquel un système passe d’un régime d’équilibre à un autre » (CNRTL, 2021). En football, la transition de phase entre l’offensive et la défensive avec la perte ou la récupération du ballon a semé un peu la confusion faute d’un vocabulaire qui soit en accord avec la littérature des sports collectifs.

Dans ce cadre, le jeu de possession est complètement immergé dans le jeu de transition car il s’agit de profiter des espaces créés par la désorganisation de l’adversaire juste après avoir perdu la possession. Une équipe doit effectuer une transition rapide et gagner le ballon dès que possible, en direction du but adverse et ce en utilisant des jeux de passes et de courses. Si cette transition rapide est réussie, des espaces s’ouvrent dans la moitié adverse, ou derrière la défense, dans lesquels les joueurs attaquants peuvent avancer à travers des sprints rapides. Elle dépend presque toujours de la zone de la récupération du ballon, car elle peut se traduire :

  • par un jeu court pénétrant lorsque l’équipe s’approprie le ballon dans le terrain adverse ;
  • par un jeu mixte court – long en utilisant les zones dégarnies avec un ballon récupéré au milieu ;
  • par un jeu initial long (cf. Dynamo de Kiev, 1975 avec Oleg Blokhine ; le PSG dans l’utilisation de Mbappé est complètement dans ce schéma)

 La notion de récupération du ballon en fonction de l’espace de jeu effectif et les choix tactiques qui s’en suivent sont des facteurs déterminants. Cette phase où s’effectue la réversibilité est spécifique et s’accompagne d’une rupture momentanée dans la continuité du jeu.

Le jeu de transition a également des exigences spécifiques et stimulantes. Tout d’abord, une équipe doit avoir les compétences nécessaires pour bien défendre, c’est-à-dire ne pas laisser beaucoup d’opportunités de marquer à l’adversaire. Une partie de cette défense stable est la confiance en soi, en particulier lorsqu’elle permet à l’opposition d’avoir la possession. Afin de pouvoir ensuite voler et utiliser la récupération du ballon avec succès, une équipe doit pouvoir utiliser différents types de pressing, en particulier au milieu de terrain.

Le pressing dès la perte du ballon à l’exemple du Brésil 94 ou de Barcelone 2010, ou plus récemment l’Ajax, Manchester City ou le Bayern de Munich, dans la partie haute du terrain vise à empêcher l’adversaire de contre-attaquer ou de se repositionner pour l’attaque. Il nécessite une réaction rapide de l’ensemble des joueurs pour construire une supériorité numérique sur le porteur, le cerner et lui prendre le ballon ou le pousser à la faute. Le rideau transversal profond est essentiellement assuré par le positionnement haut du gardien de but.

Le pressing au milieu de terrain offre le meilleur équilibre entre risque et récompense lors de la transition car s’appuyer sur une défense loin en arrière, laisse une longue distance à parcourir jusqu’au but de l’adversaire après avoir repris possession du ballon. Dans ce contexte, un style de jeu direct peut être intéressant en dirigeant le ballon vers des zones plutôt qu’à des joueurs spécifiques. Cela permet aux partenaires de se déplacer sans la balle. Les cellules d’action de pointe pour récupérer une balle aérienne ou lors d’un rebond sont caractéristiques de ce football direct.

Pour des jeux de transition réussis, le moment et la vitesse des jeux sont très importants. Les trajets de course doivent être bien coordonnés afin de garantir une occupation rationnelle de la largeur ce qui est parfois un peu contre intuitif et nécessite une pratique fréquente. Un autre facteur important est la capacité d’anticipation des joueurs. Si une équipe peut reconnaître quand il y a une bonne opportunité pour une contre-attaque, dans laquelle cela vaut le coup de prendre le risque, elle peut réagir et éventuellement changer ses trajectoires de course.

Parfois, cette phase de jeu est négligée car elle apparaît à certains comme peu utile. Pourtant, cette forme de latence masque fréquemment une propriété qui va apparaître ultérieurement : c’est simplement un temps de latence qui souligne le délai entre une action et son aboutissement.

Discussion / Conclusion

La pratique du football est en perpétuelle évolution et nous avons choisi volontairement quelques exemples de rencontres ou d’équipes sur une période élargie pour relativiser cette perception du « tout nouveau » des journalistes. Ce qui se fait aujourd’hui existe parfois depuis longtemps.

En fait, les équipes fortes avec des joueurs bien entraînés sont capables d’utiliser ces deux styles de jeu. Une équipe peut commencer par se concentrer sur le jeu de positions, afin de pousser l’adversaire à courir après le ballon et par la suite le fatiguer. Si les attaquants arrivent à marquer un but, ils peuvent alors ajuster leur tactique vers un jeu de transition avec un bloc défensif stable.

Dans le jeu de positions, souvent sous forme de jeu court, le but de la passe est de favoriser la possession du ballon en se l’échangeant au sol entre coéquipiers dans le but de le faire circuler sur le terrain de jeu de façon fiable. Ce jeu de passes apporte un avantage en ce sens que l’équipe qui s’assure de la possession du ballon s’offre les garanties d’une organisation rationnelle sans laisser à l’adversaire la possibilité d’attaquer. Pour réussir, les bases tactiques et les objets de la technique doivent être délibérément travaillés et élaborés à l’entraînement. L’utilisation des tactiques individuelles de passes, le contrôle intelligent du ballon et une bonne orientation peuvent être facilement entraînés dans les jeux à effectif réduit. Ces compétences nécessitent un bon niveau de perception et de bonnes capacités de prise de décision de la part du joueur. En effet, toutes ces actions se déroulent dans de petits espaces avec beaucoup de pression temporelle de l’opposition. La mise en place tactique du jeu de positions vise essentiellement des aspects micro (geste, orientation, déplacements et position) circonscrits à l’espaces= d’intervention et d’aide mutuelle, dans des formes d’opposition au maximum 8 contre 8 et l’apport de jokers en possession. Cette supériorité numérique est sensée offrir de la stabilité à la possession du ballon à travers laquelle les aspects évoqués pourront être abordés quantitativement.  

Le jeu de transition lors de la montée de la balle est une progression collective en pénétration ou en contournement de la défense. C’est une phase marquante où se gagne ou bien se perd l’avance de l’attaque. Car dans ce type de jeu, souvent la vitesse est importante. Mettre l’accent sur le jeu de transition, c’est privilégier des lieux pour récupérer la balle et prendre en compte la notion de phase mère de l’attaque. Dans ces conditions, le jeu long peut être caractérisé comme un style contenant de longues passes en avant, dans la profondeur avec peu d’échanges et un faible nombre de touches de balle. Le jeu direct met une forte pression sur le rideau R3 avec des joueurs en mouvement dans leur tentative de déplacer le ballon vers une position de tir aussi rapidement et directement que possible.

L’une des forces de ce type d’approche du jeu est qu’elle ne tente pas de décrire ou de prédire le comportement de chacun des joueurs dans les configurations du jeu à venir, mais décrit plutôt les contraintes du système d’affrontement qui peuvent influencer et affecter les initiatives. Par exemple, pour des problèmes de temps, utiliser des frappes longues et tendues dans la diagonale mais capturable par le réceptionneur, relève d’une construction d’attaque qui vise à déplacer le jeu en utilisant le moins de temps possible.

Enfin, un jeu positionnel dynamique ferait, semble-t-il, une dénomination plus appropriée soulignant bien le mouvement incessant nécessaire pour créer et occuper les espaces temporairement vides. C’est donc tout le contraire de positions statiques que pourrait laisser supposer le jeu de positions.

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