Les espaces de phase : une perspective différente de la tactique traditionnelle

Entraineur de football et analyste du jeu, Agustín Peraita a publié un livre très intéréssant: « Espacios de fase » (Espaces de phase).

Il y décrit cette perspective, développée par Francisco Seirul·lo (FC Barcelone, INEFC), qui a pour objectif de nous aider à observer le jeu, sous un angle différent de la tactique traditionnelle.

Pouvez-vous revenir sur les conditions dans lesquelles, vous avez découvert ce concept des « Espaces de phase » ?

La première fois que j’ai entendu parler des espaces de phase, c’était en 2013, lors d’un congrès à Malaga, où Francisco Seirul·lo donnait une conférence. À l’époque, j’ignorais tout de ce concept et ce n’est qu’en février 2016, quand j’ai commencé à travailler pour les FCB Escola, lors des sessions de formation pour devenir technicien du club, que je suis allé plus loin. La formation se déroulait sur 7 jours avec 25 heures de formation encadrée par Francisco Seirul·lo et Joan Vilà, qui étaient en charge du département de méthodologie du FC Barcelone.

A l’époque, je pensais que ces modules de formation seraient essentiellement théoriques et basés sur l’entrainement structuré, fameuse méthodologie mise en place par Francisco Seirul·lo et que j’avais pu aborder, mais de façon superficielle, lors des cours que j’avais suivi pour obtenir la licence UEFA A.

À ma grande surprise, nous n’avions que très peu parlé de méthodologie ou de théorie, mais surtout du jeu, rien que du jeu et des espaces de phase comme un outil d’interprétation qu’il faut bien distinguer de  l’entrainement structuré, bien que les deux soient complémentaires et aient le même « père ».

La théorie de l’entrainement structuré est assez répandue et elle a fait l’objet de nombreux cours, que ce soit au FC Barcelone ou à l’Institut National d’Education Physique de Catalogne (INEFC), au sein duquel Paco a enseigné au cours des 20 dernières années. Cependant, la théorie des espaces de phase, est plus tardive et a été élaborée, peut-être, après qu’il ait cessé d’être le responsable de la préparation physique de l’équipe première du Barça.

Les espaces de phase proposent un cadre, une structuration des idées avec la perspective de nous aider à observer le jeu sous un angle différent de la tactique traditionnelle. Cette approche traditionnelle, tend à diviser le jeu, à découper le terrain et l’analyser selon un angle militaire, en faisant un parallèle entre un match et une bataille, empruntant au passage un vocabulaire guerrier.

Pour répondre à la question, les espaces de phase proposent de désapprendre ce que nous avons appris dans le cadre traditionnel, pour laisser place à davantage de complexité, pour mieux observer le jeu, capter plus d’informations et tenter de les interpréter en respectant le chaos propre au football.

Il est question d’évaluer les probabilités, dans chaque situation, malgré ce chaos inhérent au jeu, afin de  proposer des interactions possibles, selon nos prédictions et d’influencer les choses en notre faveur.

On a le sentiment que vous portez une attention particulière aux termes employés. Par exemple, vous n’utilisez pas le terme « analyser le jeu », mais plutôt les termes « observer ou interpréter le jeu ». Ce vocabulaire est assez différent de celui que nous utilisons assez largement en France. Est-ce pour rester dans la lignée de Paco Seirul·lo, qui affirme que « nous sommes les mots » ?

Les mots ont une signification intrinsèque pour l’interlocuteur, non seulement dans les mots prononcés mais aussi dans le choix des mots, qui révèle notre langage inconscient. Il est donc très important, comme le préconise Paco Seirul·lo, principal précurseur de ce changement de vocabulaire, nous rappelle que changer de mots, nous permettra de changer de paradigme.

En d’autres termes, les mots utilisés dans la tactique traditionnelle reflètent une conception du football comme celle d’un jeu qui reposerait sur l’erreur. Je ne veux pas faire d’erreur, je veux tirer profit des erreurs adverses et par conséquent, les buts seront le fruit de celles-ci. Or, ce nouveau paradigme des espaces de phase est très différent de cette vision du football et des risques que nous font courir les erreurs. Cette approche se focalise sur la notion d’avantage que vous pourrez prendre ponctuellement. En effet, c’est votre fonctionnement et vos interactions qui vont générer un flux positif dans le jeu, ce qui facilitera une certaine maîtrise des situations, bien entendu dans la mesure de ce qu’il est possible de maîtriser, dans le cadre de ce jeu si chaotique.

C’est pourquoi, selon Paco Seirul·lo, le vocabulaire est très important pour changer de paradigme. Il est donc très important de changer les mots pour ne pas retomber dans les concepts du passé et en même temps, il nous dit le contraire … Il est essentiel, de trouver un équilibre entre le changement dans la langue et la construction d’un langage commun avec les joueurs. En tant qu’entraîneur, nous nous positionnons, par notre vocabulaire, à un niveau différent de celui du joueur, mais sans créer un fossé, sinon nous risquons d’aller à l’encontre de notre mission première. Il faut être vigilant à notre langage, sous peine de voir les joueurs commencer à douter, à perdre confiance et à « cogiter ».

C’est pourquoi, il est très important de changer de langage, sans pour autant abandonner le langage auquel les joueurs sont habitués. De telle manière à trouver un point d’équilibre qui permette à la fois de changer de paradigme, sans être trop en rupture avec le langage des joueurs. En tant qu’éducateur, nous ne sommes pas en dehors du groupe et il faut veiller à ne pas en sortir. C’est pourquoi, nous devons être sur le même plan que les joueurs, construire à partir du langage existant pour aboutir à un langage commun.

Pouvons-nous évoquer en détail l’objet de votre livre, les espaces de phase, dans lequel vous identifiez trois espaces distincts. Comment s’organisent-ils ? Quand se modifient-ils ? En bref comment fonctionnent ces espaces au regard de l’élément fondamental qui structure le jeu, à savoir le ballon ?

Les espaces de phase représentent une nouvelle perspective d’observation du jeu: être capable de distinguer des éléments observables et utiliser des outils d’interprétation, pour faciliter notre lecture du match.

Tout d’abord, les éléments récurrents du jeu sont, le ballon, l’endroit du terrain où les joueurs se trouvent, comment sont-ils orientés, ce qui nous donnera une capacité de perception du joueur et sa préférence de mouvement (motricité préférentielle), ainsi que ses déplacements à chaque instant. Un joueur est unique, avec des comportements qui lui sont propres, mais quand il se déplace, sa course a toujours un vecteur de direction et une valeur de vitesse. Chaque joueur constituera avec ses partenaires des groupes de résonance empathiques plus ou moins resserrés qui peuvent influencer le niveau de performance.  

Pour résumer, les critères des espaces de phase observables à chaque instant du jeu sont : la position du ballon,  la position des joueurs, leur orientation corporelle, leurs déplacements, l’unicité des joueurs et comment sont-ils en relation les uns avec les autres, soit 6 éléments concrets pour lesquels la marge d’erreur est assez mince.

La proximité des buts joue-t-elle un rôle dans l’observation de ces 6 éléments récurrents du jeu et doivent-ils être contextualisés en fonction de cet élément ?  

Oui bien sûr, sur le terrain tout est en relation avec la localisation des buts. L’ensemble des éléments observables doivent donc être contextualisés et mis en relation avec les deux buts. Dans le jeu, les situations évoluent à chaque instant et la somme des informations est telle, qu’un esprit humain n’est pas capable de tout traiter en temps réel. Aussi, nous avons besoin d’outils qui nous permettent de hiérarchiser les informations, de les ordonner à l’aide de certains concepts, puis de leur donner du sens afin d’établir des prédictions. Sans cela, les informations seules ne vous mèneraient à aucune sorte de conclusion.

De quels outils disposons-nous ? Le premier consiste à identifier les différents types d’espace. L’espace d’intervention est constitué par les joueurs qui se trouvent dans des espaces qui leur permettent d’intervenir directement sur le ballon, qu’ils soient porteurs ou non porteurs. L’espace d’aide mutuelle est un espace situé à proximité du ballon et est défini selon que le ballon se déplace vers les joueurs ou réciproquement. Il faut retenir que dans ces deux espaces,  l’espace d’intervention et l’espace d’aide mutuelle, le ballon est la préoccupation essentielle et agit comme un puissant attracteur pour chacun des joueurs qui s’y trouvent.

L’espace de coopération, concerne les joueurs qui ne sont plus dans ce flux « dingue » de sensation-interaction, mais plutôt dans un cycle d’interprétation-interaction un peu plus rationnel, avec davantage de temps pour identifier les problèmes de manière consciente et non pas subconsciente comme dans les deux espaces précédents.

L’espace de coopération regroupe les espaces les plus éloignés du ballon, où les joueurs ne sont pas seulement polarisés par le ballon, mais aussi par les buts, ces deux éléments conditionnent les déplacements des joueurs, ainsi que leur orientation corporelle et les quatre autres critères indiqués précédemment.

Les trois types d’espace de phase, nous donnent l’opportunité de hiérarchiser l’information, en regardant d’abord l’espace d’intervention, puis l’espace d’aide mutuelle et enfin l’espace de coopération. En revanche nous avons peu d’éléments quant à l’interprétation.

Le deuxième outil va nous aider à interpréter le jeu à travers des concepts d’avantages, de bénéfices tirés dans le jeu. Lorsque j’ai écrit mon premier livre « Quiero que mi equipo juegue como el FC Barcelona de Guardiola », un avantage était défini comme le temps et l’espace suffisants dont dispose un joueur pour agir dans le jeu. Cependant en écoutant la conception de l’avantage, selon Paco Seirul·lo , je me suis rendu compte que la notion d’avantage allait un peu plus loin encore …

Il n’y a pas que le temps et l’espace qui permettent de prendre l’avantage, mais aussi, la capacité d’une équipe, dans un temps donné de l’espace de phase et à un endroit précis, de transformer la configuration de cet espace en sa faveur. Pour beaucoup cette approche des avantages ou des supériorités est limitée à la phase de possession du ballon, or elle doit s’envisager, aussi dans la phase de récupération du ballon.

En ce sens, nous pouvons distinguer les avantages (ou supériorités) numériques qui sont probablement les plus fréquents et les plus faciles à identifier, ainsi que les supériorités de position, qualitatives, socio-affectives et dynamiques. Ces cinq formes d’avantages peuvent être identifiées en phase de possession comme en phase de récupération tout en tenant compte du fait, qu’il existe des contextes favorables ou défavorables, mais ils ne garantissent en aucun cas une issue positive. Par ailleurs, l’interprétation du jeu est asymétrique, c’est -à-dire qu’un adversaire peut avoir l’avantage positionnel à l’instant T. Par exemple, vous êtes à ce moment précis désavantagé sur l’aspect positionnel, mais vous pouvez avoir, au même moment un avantage numérique …

Comme les différents types d’avantages interagissent dans le même espace de phase et en différents points, le niveau de complexité augmente, ainsi que les possibilités de fluctuation de l’espace de phase, compliquant au passage les prédictions possibles. Il se peut qu’un avantage pris dans l’espace d’intervention soit plus remarquable que dans l’espace d’aide mutuelle ou dans l’espace de coopération et facilite nos prédictions.

Passons désormais aux types de comportements que les joueurs peuvent adopter. Comme il nous est très difficile de donner un sens à tous les placements, les déplacements et les orientations corporelles de tous les joueurs en même temps, nous pouvons regrouper les joueurs en fonction du comportement qu’ils adoptent. Lorsque mon équipe a le ballon, quelles aides au porteur sont proposées ? Une aide de progression ou de fixation, pour qu’aucun adversaire ne puisse intervenir ? Quand mon équipe n’a pas le ballon, quelles attitudes adoptent-ils ? Une attitude de récupération active, de récupération passive, de protection du but  ?

Nous pourrions aussi effectuer un « tracking », (à l’image du big data) de chaque joueur en temps réel, pour regrouper les comportements adoptés, en tenant compte non pas des lignes, mais de la structure, qui est plus facile à suivre. En effet, le placement d’un joueur se modifie presque à chaque instant alors que le type de comportement est plus durable, plus facilement catégorisable, ce qui facilitera la lecture des intentions tactiques, des contextes et à mieux interpréter comment une supériorité peut transformer l’espace de phase, par le type de comportement qui se cache derrière.

Le dernier outil pour interpréter le jeu, peut-être le plus simple, c’est le phase du jeu qui permet d’identifier la phase (par exemple, la phase de finition) dans laquelle se trouve l’espace de phase. Il contextualisera les sensations que les joueurs ressentent ainsi que les différentes formes de supériorités. Par exemple, si je suis dans l’espace d’initiation et que j’arrive à transmettre le ballon à mon partenaire qui a proposé une aide de finition à l’approche du but, cette passe réalisée dans ce contexte précis, aura transformé cette phase d’initiation, en phase de finition. Sans passer par la phase de progression. On constate ici, la multitude des contextes à appréhender, pour identifier les avantages à tirer et la décision à prendre selon la fiabilité de notre prédiction, sans oublier que celle-ci reste aléatoire et peut même s’avérer trompeuse.
 

En résumé, de cette longue réponse, 6 critères nous permettent de définir les espaces de phases ( l’endroit du terrain, où se trouve le ballon, où sont les joueurs, leur orientation corporelle, leurs déplacements, leur individualité propre et les groupes d’efficacité entre eux) que nous pourrons interpréter au travers des types d’espace, la nature des supériorités, les différents aides au porteur et la nature des phases.

Vous indiquez que dans l’interprétation des espaces de phase, ce qui importe ce n’est pas l’organisation adverse ou les lignes adverses, comme c’est abordé dans l’approche traditionnelle, mais davantage l’observation et l’interprétation des critères évoqués précédemment. Ce changement de paradigme peut secouer notre vision traditionnelle du football y compris certaines approches étrangères, comme la périodisation tactique qui divise le jeu en quatre moments, puisque selon vous il n’y aurait que deux moments dans le jeu, peut-être même qu’un seul ?

Ou aucun (rires). Effectivement pour répondre à la première partie de votre question, ce changement est transcendantal, comme vous le relevez, puisque notre approche réclame de ne plus penser aux figures géométriques qui forment une équipe quand elle est sur le terrain, mais de réfléchir aux catégories de comportement, d’interactions, pour regrouper les joueurs selon leurs intentions.

Concernant la seconde partie de la question, le modèle de la périodisation tactique a divisé le jeu en quatre moments plus les phases arrêtées, soit au total 5 moments. Dans cette perspective, si nous sommes puristes, il devrait y en avoir, bien plus que 5. Les phases arrêtées sont assez différentes les unes des autres et mériteraient chacune un moment dédié.

Au total, nous aurions donc, un moment offensif, un moment défensif, une transition offensive, une transition défensive, des sorties de but, les touches, des corners, des fautes indirectes et directes, soit dix moments différents dans le jeu. En adoptant, la perspective des espaces de phase, tous ces moments ne sont qu’un seul et même jeu. Le football est un jeu où l’objectif est de marquer un but sans en concéder. Ces deux aspects constituent les deux seules discontinuités qui changent le jeu qui se déroulera dans des contextes aussi différents que non linéaires.

Il n’est pas envisageable d’aborder le jeu de façon linéaire où chaque équipe disposerait du ballon, à tour de rôle, respectant chacune des étapes pour arriver jusqu’au but adverse, un peu comme aux échecs. Le football n’est pas comme ça, tout le monde essaie tout le temps de déformer la partie en sa faveur, c’est un flux totalement chaotique, un contexte qui ne vaut pas la peine d’être divisé, parce que souvent il n’y a pas de frontière claire entre le moment où je récupère la balle et celui où j’arrête de presser.

Il n’y a pas de frontière claire entre chacune des phases, il est préférable d’avoir une vision intégrée, observer le jeu comme une unité qui n’aurait que deux discontinuités où chacun des espaces de phase peut être nuancé en faisant un arrêt sur image. Dans le continuum du jeu, il y a trop de zones intermédiaires, parfois équivoques, puisque tous les acteurs d’un même espace de phase n’interprètent pas les comportements des uns et des autres de la même manière. Certains joueurs agissent en imaginant être en phase avec cet espace, alors que d’autres joueurs interprètent leurs comportements en imaginant qu’il sont dans la phase précédente ou dans la phase suivante.

Cette approche est très déroutante, puisqu’elle exige non pas d’analyser les images, mais de comprendre le film. Cette perspective provoque un changement radical, à l’image de votre livre de 2015 « Quiero que mi equipo juegue come el FC Barcelona de Guardiola », abordé sous le prisme de la périodisation tactique, détaillant les principes, les sous-principes et quatre moments. Comment expliquez-vous ce changement de paradigme dans votre compréhension du jeu ?

Le livre a été publié sous le prisme de la périodisation tactique en 2015, avant que je ne commence à travailler au FC Barcelone et que je ne découvre cette théorie des espaces de phase. Il est évident que j’étais un entraîneur plutôt à l’aise avec la périodisation tactique, qui permet de bien clarifier le processus d’entraînement et l’observation du jeu. Puis, au fil de la formation, j’ai réalisé qu’en suivant le cadre proposé par la périodisation tactique, je perdais une grande quantité d’informations en cours de route et que je passais à coté de pas mal de choses. Ce n’est véritablement qu’à ce moment-là que j’ai opéré ma mutation vers les espaces de phase. C’est très curieux, à dire, mais les espaces de phases ont été comme des graines que j’ai semé tout au long de la formation du Barça et qui ont germé en moi, arrosées au gré de mes réflexions, suivant un processus, finalement, très organique.

Natalia Balagué, Carlota Torrents, Rafel Pol ou d’autres indiquent dans leurs différents travaux, que depuis la perspective systémique, ce qui va nous faire basculer, ce sont les valeurs qui sont les plus profondes, nos fondations, qui vont permettre ces changements au long cours, non ?

Bien sûr !

Les espaces de phases semblent être un outil très pratique, pour interpréter le jeu, remettant en cause beaucoup de choses, ce qui est intéressant pour nous en France, où la perspective systémique n’est pas un courant fort dans le sport et notamment dans le football. Pour revenir à votre livre, votre illustration très réussie avec le cercle qui relie les différents moments du jeu, représente-t-elle une évolution pour aborder le phénomène d’entropie dans le cycle du jeu ?

Oui, je le crois. Actuellement en France, votre équipe nationale est championne du monde selon un autre paradigme et un entraineur français, comme Zinedine Zidane, obtient lui aussi des résultats brillants selon une autre perspective. Je voulais vous féliciter, parce que se montrer ouvert à une remise en question de vos idées sur le jeu, alors que tous les voyants sont au vert, a encore plus de mérite que dans n’importe quel autre pays où les résultats ne sont pas aussi exceptionnels.  

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