Entraineur adjoint de l’équipe première féminine du FC Barcelone (FC Barcelona Femení), puis entraineur principal, Jonatan Giráldez Costas est l’une des figures importantes du projet catalan.
Il nous livre quelques éléments sur les contours de l’ambitieux projet féminin du FC Barcelone et notamment, l’importance de la communication non verbale.
Chaque dimanche vous recevrez des idées sur l’analyse du jeu, l’entrainement ou encore l’apprentissage.
Il y a 8 ou 9 saisons, j’ai quitté l’Université de Vigo pour venir à Barcelone, car je voulais m’orienter sur l’entrainement et la performance. Barcelone était alors ce qui correspondait le mieux à mes attentes, en termes de débouchés professionnels, de professeurs, de possibilités de formation et au niveau du football proposé. C’était l’endroit idéal pour poursuivre mon cursus.
Pendant ma formation, j’ai eu la chance d’intégrer l’encadrement des équipes de jeunes de l’Espanyol de Barcelone. Cette opportunité m’a permis d’évoluer dans un contexte semi-professionnel, mais dans lequel tout le monde se consacrait exclusivement au football. En parallèle de mes cours à la fédération catalane, cela a été l’occasion de : vivre diverses expériences, découvrir différentes façons de travailler, s’organiser au sein d’un club de haut niveau comme l’Espanyol et de pouvoir progressivement forger mes convictions et mes idées en tant que coach.
Au terme de mon cursus universitaire, j’ai aussi eu la chance d’être engagé par la Fédération catalane de football. J’occupais plusieurs fonctions, chez les garçons et les filles : entraîneur adjoint, préparateur physique et analyste. Au fil des saisons, les conditions se sont améliorées et mon rôle a évolué jusqu’à devenir entraîneur principal, tout en combinant cette fonction avec celui d’entraîneur adjoint des équipes féminines.
À cette époque, de nombreuses opportunités professionnelles se sont présentées. Notamment à la télévision, afin de commenter les matchs de Primera Iberdrola (première division féminine espagnole), grâce à l’entraîneur de l’époque qui m’avait conseillé d’essayer. J’ai donc passé deux saisons et demie à commenter les matchs de football féminin. A force de voir tant de matchs, tant de joueuses, la coupe du monde, les coupes européennes, etc. ; cela m’a permis de mieux connaître le football féminin y compris le football français. Pas tout le championnat, ni tous les clubs, mais les plus importants. Les sélections aussi, notamment les U-19 et U-20. La France est toujours une référence mondiale et la rivalité avec l’Espagne, lors des coupes du monde et les championnats d’Europe est toujours présente, car le niveau des deux équipes est très proche.
Lorsque Lluís Cortés est devenu l’entraîneur de l’équipe première féminine du Barça, en janvier 2018, nous étions ensemble en sélection. Il était l’entraîneur et j’étais son préparateur physique. Lorsqu’on lui en a donné l’occasion, je pense qu’il a vu en moi une personne qui pouvait l’aider dans ces nouvelles fonctions. Notamment pour le seconder dans une tâche difficile qui est de prendre la direction d’une équipe en milieu de saison, avec encore trois compétitions à jouer.
Quand Lluís m’a appelé, j’ai quitté les sélections, la télévision et je me suis concentré, exclusivement, sur mes fonctions d’entraineur adjoint de l’équipe première du Barça. C’est là que commence ma carrière professionnelle dans le football féminin.
Il existe un certain nombre de différences entre une sélection et une équipe de haut niveau.
Lorsque vous réunissez un groupe de joueuses en sélection, l’équipe est toujours différente, le contexte est toujours différent. Avec la sélection catalane comme dans toutes les sélections, les joueurs et les joueuses appelés sont choisis. La motivation est donc, pour eux maximale car ils évoluent dans un environnement où les meilleurs sont réunis. Au niveau de la gestion, c’était aussi plus facile car l’équipe s’entrainait, puis participait à la première phase des éliminatoires. Si nous nous qualifions nous allions en phase finale, nous jouions la demi-finale et en cas de victoire nous jouions la finale. Si nous gagnions, tout le monde était content.
Mais contrairement au club, ce que nous n’avions pas, c’était la semaine d’entrainement complète. Pour nous c’était un peu : on joue un match, puis on se concentre sur le prochain. Je n’ai pas à préparer une semaine d’entrainement, à me demander comment remonter le moral de l’attaquant qui n’a pas joué ou corriger les aspects défensifs dans lesquels nous n’avons pas été bons pendant le match. Pourquoi ? Parce qu’à ce moment-là, les joueurs ou joueuses retournent dans leur club et on ne se revoit plus pendant deux semaines, un mois ou plus. Avoir la possibilité d’être au quotidien, semaine après semaine, avec le même groupe de personnes pour pouvoir aller vers le même objectif, c’est ce qui me manquait le plus.
Au Barça, l’environnement de l’équipe première est 100 % professionnel, ce qui nous permet de ne nous concentrer exclusivement sur le football. Cela devient la chose la plus importante, pour nous et pour les joueuses. Elles ont toutes un contrat professionnel et sont donc complètement disponibles pour les entrainements, peu importe le nombre de séances que nous voulons faire, de l’heure où nous voulons nous entraîner, d’où nous voulons effectuer la présaison, quand nous voulons voyager… Et de ce point de vue-là, ce que j’ai remarqué, c’est que les choses à prendre en compte par l’entraîneur sont beaucoup plus importantes qu’en sélection.
Ce n’est donc pas qu’une question de : quelle est mon idée de jeu ? Mais aussi de : comment gérer un groupe de travail, des rôles divers (nutrition, podologues, services médicaux, presse, déplacements), la conception semaine après semaine de chaque séance, l’analyse vidéo… Un travail énorme qui est lié est la compétition.
Mais derrière tout cela il y a aussi beaucoup de travail, surtout en termes de gestion des personnes. Une gestion dont l’objectif est de sensibiliser et rassembler toutes les parties prenantes autour d’une même idée, de NOTRE idée. Avec autant d’interlocuteurs différents, le problème qui peut se poser est que tout le monde n’aille pas dans la même direction. C’est pourquoi la gestion humaine est très importante dans l’atteinte de la performance.
Cela ne concerne pas seulement le jeu ou un joueur qui n’est pas motivé et ne se sent pas à l’aise. Bien sûr que cela affecte la performance, mais nous savons aussi que toutes les personnes qui travaillent sur un même projet affecte la performance. Si tout le monde est heureux et se sent à l’aise, leur travail sera meilleur et les joueurs seront dans des conditions encore meilleures. C’est un aspect essentiel pour moi.
L’équipe première féminine du Barça, un projet « à part entière », à l’image de celui qui existe chez les garçons.
La photo mixte de début de saison symbolise notre volonté d’amener le club le plus haut possible, en renforçant l’attachement à l’écusson et en développant la marque Barça, au-delà de notre équipe première masculine. Il y a de nombreuses sections professionnelles au FC Barcelone : le basket-ball, le handball, le futsal, le hockey sur patins. Il y a maintenant une toute section nouvelle professionnelle avec le football féminin, qui possède une structure indépendante, un sponsor indépendant, des ressources partiellement indépendantes et gérées de manière autonome.
En ce sens, il est vrai que le développement de la section féminine, au sein du club, est récent. C’est en 2015 qu’elle est devenue une structure professionnelle. C’est un peu comme la première division féminine, c’est une « liga » très jeune si on la compare avec la « Liga » masculine, qui existe depuis des décennies. Il s’agit donc d’un projet très jeune, auquel sont allouées certaines ressources afin que nous puissions nous améliorer, mais nous devons garder à l’esprit que le plus haut niveau européen est ce que nous voulons atteindre.
En plus de devenir une référence au sein de la première division féminine, qui est l’objectif principal, nous voulons également devenir une référence au niveau européen. Bien sûr, il y a des équipes qui sont en avance ou qui l’étaient, mais nous avons la sensation que depuis la dernière Champions ou les deux dernières saisons, le niveau des équipes se resserrent.
Auparavant, contre les équipes de très haut niveau, nous pouvions avoir du mal à dépasser la ligne médiane, mais désormais nous parvenons à prendre l’initiative face à ces équipes et les gens qui voient les matchs se disent « OK, c’est le Barça qui joue ». Il y a une identité de jeu que nous partageons avec l’équipe masculine et qui nous aide à ce que toutes les joueuses, tous les formateurs voient le football de la même manière. Et cela c’est une des idées fondamentales de cette nouvelle structure du football féminin.
Nous cherchons à construire, malgré le fait que nous soyons une section jeune au sein du club. Chez les jeunes nous n’avons aujourd’hui que cinq catégories, en comparaison avec les garcons où il y en a bien davantage. Mais chaque année nous cherchons de plus en plus de filles pour jouer. L’autre jour, j’ai lu une donnée selon laquelle, en Espagne, depuis 2011, le nombre de licences de football féminin a doublé. En Catalogne, les données sont plus ou moins similaires, voire un peu supérieures. Qu’est-ce que cela nous permet ? Cela nous permet de créer plus d’émulation, plus de compétences dans le football féminin. Si nous pouvons y parvenir, le niveau du club, de la section féminine s’élèvera.
Nous investissons beaucoup dans la formation des joueuses, dans la création de catégories, dans la mise en place de conditions favorables pour s’entrainer, dans le fait d’avoir de bons entraîneurs pour les accompagner. Notre but est d’avoir une idée plus claire de ce que nous voulons pour l’équipe première, de ce que nous voulons en tant que section féminine pour que les performances soient les meilleures possibles.
Pour moi, il ne faut pas vouloir aller plus vite que la musique. Il faut aller à la bonne vitesse. Accepter de ne pas vouloir signer les meilleures joueuses tout de suite, accepter de ne pas pouvoir tout gagner la première année. Mais depuis 2015, j’insiste, une structure s’est peu à peu construite et c’est une des choses les plus importantes pour nous. Peu de clubs, même masculins, peuvent se vanter de pouvoir s’appuyer sur une structure telle que la nôtre, au niveau de la gestion sportive, du scouting, des services médicaux, des analystes, des préparateurs physiques, des psychologues, des nutritionnistes … Un staff de 18 personnes encadre l’équipe première.
Une structure aussi importante ne se met pas en place d’une année sur l’autre, mais progressivement. La conséquence de tout cela doit ensuite se voir en termes de résultats sportifs. Car si l’équipe 1ère, aussi développée soit la structure, ne gagne pas le championnat (ce à quoi nous devons aspirer), on pourrait se dire que cela n’a pas servi à grand-chose. Mais le sentiment des dernières saisons, c’est que le niveau du club s’est développé grâce à ce travail « invisible », même si ce qui est visible ce sont les résultats de la première équipe.
Mais derrière tout cela, il y a une beaucoup de personnes qui travaillent dans le même sens. Je pense que cette structure professionnelle nous aide à continuer à nous développer, parce que ses bases sont suffisamment solides. Ce qui nous permettra, ces prochaines années, de continuer à nous améliorer, à nous battre pour gagner la Liga féminine et qu’en Europe aussi, où nous commençons à nous sentir à l’aise, être ambitieux et compétitifs. Gagner la Ligue des Champions est aussi l’un des objectifs à court terme, évidemment.
A l’instar des équipes de jeunes ou de l’équipe première, l’identité du jeu « Barça » est déjà visible dans toutes les équipes féminines du club.
Jouer au Barça, quelle que soit la section, la catégorie, le sexe, ce n’est pas différent. L’idée est très claire : essayer d’avoir l’initiative à chaque match, vouloir récupérer le ballon le plus vite possible à la perte et le plus haut possible. Cette identité, cette volonté d’avoir l’initiative nous pourrions en parler pendant des heures, parce qu’elle englobe beaucoup de choses.
Pour moi, ces trois piliers sont fondamentaux. Dès les plus petites catégories, c’est quelque chose qui est inculqué au niveau du club. Nous organisons beaucoup de réunions au niveau de la méthodologie, d’heures de vidéo, de formations, de préparation des séances qui nous singularisent et qui nous permettent de jouer notre jeu. Tout cela nous aide à développer quelque chose qui pour moi est très important : le code de la communication non verbale, que nous arrivons à créer au sein de l’équipe, et au-delà au sein de la section.
Par exemple, quand je te fais une passe, quel message est-ce que je te transmets avec le ballon ? Je ne me débarrasse pas juste du ballon, mais je fais cette passe parce que j’ai une intention. Cette passe peut être réalisée avec l’intention d’attirer, peut-être que je veux que tu puisses te retourner et te projeter ou de créer un espace. Cette passe peut avoir de nombreuses significations. Ce code de communication non verbale existe durant la phase de possession, mais aussi lorsque l’équipe n’a pas le ballon. Il va nous permettre de nous coordonner collectivement afin de récupérer le ballon à l’endroit et au moment qui nous intéresse.
Pour moi, ce code de communication non verbale est l’un des piliers. Lorsqu’une joueuse arrive de l’équipe réserve, elle doit comprendre que lorsque nous mettons en place certaines situations d’apprentissage et que nous donnons des consignes spécifiques pour les réaliser, cela ressemble à l’apprentissage d’une autre langue et qu’il ne faut pas sauter des étapes. Je pense qu’il est très important que nous parlions tous la même langue, parce que cela facilite les choses. Quand nous disons fixer, que signifie fixer ? Quand nous disons s’orienter, que signifie s’orienter ? Quand nous disons presser, que signifie presser ? C’est une terminologie qui aide les joueuses à identifier ce qu’est notre jeu.
Le code de communication non verbale, un pilier du « Nuestro juego ».
Quand on parle du code de communication non verbale, cela signifie que tout le monde doit savoir ce que à quoi nous jouons. Quand nous n’avons pas le ballon, où et comment voulons-nous le récupérer ? Quand nous avons le ballon, quel message nous donne la coéquipière quand elle nous fait une passe ? Chaque joueuse sur le terrain doit toujours avoir des options de passe.
Même si c’est une passe longue, la joueuse qui reçoit le ballon doit avoir une solution, pas seulement pour recevoir, mais aussi pour créer. Souvent, il y a des déplacements qui sont réalisés avec l’intention de créer un espace pour qu’une joueuse se retrouve en 1 contre 1 et puisse gagner son duel. Toutes les joueuses ont un rôle assigné.
Par exemple, si le ballon est sur le côté gauche et que je suis le latéral droit, j’ai un rôle très important. Comme je l’ai déjà dit, pour nous il est fondamental de toujours avoir l’initiative et presser lorsque l’équipe perd le ballon. Mais nous ne serons efficaces dans la récupération que si et seulement si nous sommes bien positionnés pendant que l’équipe attaque. Cela implique donc de reconnaître le rôle que j’ai à ce moment-là. Donc, si le ballon est sur le côté gauche et que je suis latéral droit ou pivot, quel rôle ai-je à ce moment-là au cas où l’équipe perdrait le ballon ? Les joueuses proches du ballon devront proposer différentes lignes de passe, trajectoires et aides au porteur pour proposer la meilleure solution à la porteuse du ballon. Mais celles qui sont loin du ballon ont aussi un rôle d’équilibrage ou de compensation pour que l’équipe, au moment où elle perd le ballon, soit la mieux placée possible.
Ce n’est pas une question d’intensité ou d’avoir une grande envie de récupérer le ballon, c’est une question d’être bien placé pour récupérer le ballon. C’est quelque chose sur lequel nous insistons beaucoup dans les jeux de position, en proposant des situations d’apprentissage où les rôles changent constamment. Que je sois porteur ou receveur, éloigné ou proche du ballon, j’ai toujours un rôle. Ce rôle est variable à 100 %, parce qu’au moment où je transmets le ballon, mon rôle est déjà différent. Je dois me déplacer et à ce moment-là, l’aide proposée à mon partenaire est totalement différente.
Donc, en dehors de créer des lignes de passe, avoir l’initiative, on insiste beaucoup sur le rôle à tenir quand l’équipe a le ballon et quand elle n’a pas le ballon. Lorsque nous parlons de récupérer ballon le plus vite possible, nous parlons toujours des déplacements que nous devons réaliser pour le récupérer. Que ce soit sur une sortie de balle adverse ou d’une perte de balle, nos joueuses doivent être capables de défendre sur deux joueuses adverses, car cela ne nous avance rien d’essayer de gagner un duel, si l’adversaire peut nous éliminer par la passe.
Nos joueuses doivent donc être capables de défendre sur deux adversaires et cela implique qu’elles doivent comprendre à quel moment presser et quelle ligne de passe fermer. Donc, si j’arrive à couvrir une ligne de passe et à faire pression sur l’adversaire, avec ma position, j’arrive à défendre sur 2 joueuses en même temps. Lorsque ce premier déplacement se produit, les autres joueuses adaptent leur position en fonction de cette première joueuse, pour récupérer le ballon dans la zone où cette joueuse presse l’adversaire.
Tout le monde associe le Jeu de Position avec le fait d’avoir le ballon, d’avoir l’initiative, mais il y a souvent un grand oubli : la phase de récupération. Quand je n’ai pas le ballon, que dois-je faire ? Régulièrement, on voit des séances avec des correctifs qui sont axés sur l’intensité, quand l’équipe n’a pas le ballon, alors que bien souvent, c’est davantage une question de position. Mais pour cela, il est prioritaire que chacun reconnaisse le rôle qu’il a, à ce moment-là, afin que l’équipe puisse récupérer le ballon le plus rapidement possible.
Et cela ne dépend pas de l’adversaire, que ce soit contre le dernier ou le premier du classement, notre comportement sera exactement le même, même s’il peut y avoir des variations. Par exemple, sur la sortie du ballon adverse, nous nous adapterons en fonction du côté choisi par l’adversaire ou de la manière dont nous avons conditionné sa sortie du ballon, afin que notre pressing soit efficace. Cela dépend des joueuses de l’équipe adverse et des joueuses que nous avons à disposition, en fonction de ces éléments, nous choisirons alors de presser avec notre intérieure, notre excentrée ou notre avant-centre. Ce sont de petits ajustements, mais nos grands principes comme défendre entre deux ou de récupérer le ballon plus vite possible, ne dépendent pas de l’adversaire, mais de notre identité club, de notre code de communication, le fait de récupérer le ballon le plus haut possible, etc., nous ne pouvons y parvenir que si nous l’encourageons vivement dans tout ce que faisons à l’entrainement. C’est absolument inutile si cela n’est souligné uniquement lors de l’analyse vidéo ou dans les encouragements. Chaque jour, il faut créer cette habitude et dès le premier jour de la présaison, l’équipe doit apprendre à mieux parler sa langue commune, non pas pour gagner le premier match, même si évidemment l’équipe y aspire, mais pour mieux nous comprendre et accroitre la probabilité d’obtenir le résultat que nous voulons, c’est-à-dire la victoire.
Cette habitude ne peut être acquise qu’en s’entrainant, de nombreuses heures et que lorsque chaque personne du staff sait ce qu’elle doit corriger et ce qu’elle doit dire, afin que les joueuses se comprennent mieux entre elles. L’un des aspects positifs de la saison dernière, c’est qu’ayant eu peu de nouvelles arrivées, nous avons pu capitaliser sur l’expérience acquise la saison précédente avec les joueuses déjà au club et je pense que cela a été un avantage pour nous.
Une dernière chose concernant le moment où notre équipe a le ballon et le code de communication. Au club, il y a certains types de situations d’apprentissage auxquelles nous accordons beaucoup d’importance, comme le contrôle-passe par exemple. La terminologie n’a pas beaucoup d’importance, à la fin ce qui est important c’est que les joueuses vous comprennent et qu’elles acquièrent cette habitude de communication.
Lorsque l’on effectue une séquence de passes, contextualisée ou non, nous insistons beaucoup sur le pied qui exécute la passe, sur l’intensité avec laquelle le ballon est transmis, sur le message transmis quand le ballon est frappé plus ou moins fortement. Si je fais une passe et que je garde la position ou que je m’éloigne, je vais transmettre deux messages différents. Si je regarde dans le dos d’une de mes partenaires avant de faire une passe, je lui dis que derrière elle il y a une partenaire et que si elle se déplace un peu au moment de répéter la passe, cette 3ème joueuse pourra recevoir le ballon comme un troisième homme. En répétant ces exercices, ces jeux de position, nous créons chez les joueuses, une habitude afin qu’elles soient mieux comprises et que, pendant le match, nous puissions développer notre jeu. Celui-ci passe par cette communication non verbale, afin que nous nous comprenions mieux, sans que l’adversaire ne nous comprenne.
L’adaptation des nouvelles joueuses, passe par l’appropriation de ce code de communication non verbale.
Lorsqu’une nouvelle joueuse arrive, que nous mettons en place une situation et que nous donnons quelques consignes, elle se dit : « Mais où dois-je me mettre ? « (rires). Les autres joueuses ont l’habitude, mais cette nouvelle joueuse va avoir besoin d’un temps d’adaptation. C’est pourquoi nous ne lui donnons pas toutes les informations dès le début, afin de lui éviter ce sentiment d’impuissance et ce questionnement : « dois- je jouer ici ? Dois-je jouer là ? Dois-je jouer en 1 touche ou contrôler ? ». Si elle se met à trop réfléchir, ce ne sera pas bénéfique pour elle. Finalement, il s’agit de filtrer le type d’informations que l’on donne, en fonction des joueuses.
Mon rôle à cet égard, c’est de concevoir des situations d’apprentissage, de les diriger, de les corriger afin de mettre en place notre code de communication. Prenons quelques exemples concrets, comme par exemple, le redoublement de passes ou l’aide (au porteur) d’attraction. Lorsque nous concevons une situation d’apprentissage, nous échangeons afin de savoir si c’est le meilleur moment pour aborder ces concepts et définir quelles sont les contraintes qui vont nous permettre de conditionner la prise de décision des joueuses. Mais le plus important c’est de faire en sorte que la joueuse comprenne que la situation proposée va l’aider à travailler le redoublement de passe ou l’attraction.
Finalement, en tant qu’entraineur ou adjoint, peu importe que les choses soient claires, celle qui doit expérimenter le jeu, c’est la joueuse. Celle qui doit y croire et qui doit assimiler les concepts, c’est la joueuse. Si elle n’y parvient pas, c’est notre problème en tant qu’entraîneur. Si la joueuse a des difficultés à comprendre, il n’est pas question de dire « elle ne comprend pas ». Nous ne parlons pas la même langue, c’est notre problème et nous devons adapter le niveau de difficulté de la situation mais aussi à différents paramètres comme : le jour de la semaine, avons-nous gagné ou perdu ? Souhaitons-nous alourdir la charge cognitive ou non ?
Donc, de nombreux facteurs conditionnent le type de situations que nous utilisons, mais notre objectif c’est que la joueuse sorte de la séance en se disant « Je suis une joueuse différente », non pas parce qu’elle a beaucoup appris, mais parce qu’elle a appris un nouveau concept. Nous l’avons aidée à découvrir ou plutôt à élargir son dictionnaire. Elle connaît maintenant 11 mots au lieu de 10 et nous savons que si nous pouvons augmenter sa palette d’action, elle sera une meilleure joueuse, si elle est une meilleure joueuse, l’équipe en bénéficiera. Lorsque nous créons ce code de communication non verbale, nous insistons sur ce point : l’objectif de cette situation est de travailler le redoublement de passes ou l’attraction, c’est l’intention que nous voulons y mettre.
Il est évident que pendant cette situation, il y aura des correctifs sur l’intensité de la passe, les déplacements pré/post réception du ballon, le fait de donner le ballon à droite ou à gauche. Il y a beaucoup de choses, mais dans cette situation, nous nous concentrerons exclusivement sur ces deux concepts, puis nous pourrons ajouter d’autres concepts. Durant la présaison, nous insisterons sur des aspects très micro, puis au fur et à mesure que la saison avance, quand nous commençons à mieux nous connaitre, nous aborderons d’autres concepts parce que la joueuse les a assimilés et elle les a assimilés parce qu’elle les a vécus. C’est pourquoi j’insiste sur l’aspect très positif d’avoir la même équipe, parce que notre code de communication non verbale ou ce dictionnaire que nous avons, nous permet de mettre plus facilement en place, nos situations d’entraînement et fluidifie la communication avec nos joueuses.
Une fois appris, nous ne pouvons pas en rester là sur ce concept, il doit y avoir une sorte de transcendance dans la situation d’apprentissage suivante. La joueuse doit ensuite vivre ce concept dans un environnement plus complexe, avec des adversaires, des partenaires, avec le fait d’avoir le ballon, de ne pas l’avoir… Pour qu’elle puisse vraiment intégrer ce concept, elle doit le vivre dans des environnements plus complexes, qui impliquent moins de temps pour réfléchir et des déplacements constants de la part de ses partenaires et adversaires. Si ces interactions n’existent pas, il sera difficile pour elle d’assimiler ce concept. Pourquoi ? Parce que quand vous n’avez pas d’opposition ou que la décision que vous devez prendre est basée sur la position de l’entraîneur, c’est facile à exécuter parce qu’en fin de compte vous avez peu d’options.
En revanche, quand on met ce concept à l’épreuve, dans des jeux de position ou de situation, c’est là que vous pouvez avoir le plus d’impact. Il y aura davantage d’erreurs, vous aurez plus de feedbacks, plus d’interactions aussi avec la joueuse. Ces concepts sont importants pour moi, mais il n’est pas indispensable de tout faire dans la séance. Il n’est pas indispensable de faire ce processus du début à la fin de la séance, mais nous pouvons commencer par un exercice de contrôle-passe et ensuite, retrouver ces éléments dans un jeu de position. Le but étant de retrouver une sorte de fil conducteur dans la séance.
Je répète une chose, le nombre de concept l’essentiel n’est pas là, un ou deux ce n’est pas le problème, d’autant que cela peut être abordé en parallèle du plan de jeu souhaité pour le match du week-end. En fin de compte, il s’agit de savoir quelles informations je donne pour ne pas saturer l’esprit des joueuses et qu’elles puissent terminer l’entraînement en comprenant à quoi a servi cette séance d’entrainement, cet exercice ou ce jeu de position. Finalement, nous travaillons avec des joueuses professionnelles, des joueuses de haut niveau, qui ont un certain vécu au sein du club, de l’expérience professionnelle et maintenant, les informations que nous leur donnons sont bien plus denses que le premier jour de la présaison, où nous ne nous connaissions pas du tout, du moins me concernant.
En ce sens, il faut rationaliser la nature et la quantité d’informations que je peux donner aux joueuses durant la séance. Concernant nos concepts de jeu, ce que nous faisons, c’est structurer et planifier le travail relatif à chaque concept. Evidemment, il y a des jours où vous êtes plus ou moins inspirés, mais nous pensons que tout doit être écrit de façon rigoureuse. Et il ne s’agit pas seulement d’avoir la séance d’entraînement, mais : la semaine, l’adversaire, le jour et les concepts abordés. Tout ceci pour que nous sachions ce que nous avons travaillé, il y a un mois, trois mois, une saison et ainsi faciliter nos retours d’informations en interne. Cela nous permet de savoir exactement quand et combien de fois nous avons travaillé tel ou tel aspect. Par exemple, nous pouvons nous apercevoir que nous n’avons travailler un concept en particulier que le 1er jour de la présaison, c’est donc notre faute. C’est notre faute car peut-être que nous attendons des choses de la part des joueuses, alors qu’elles ne les ont pas assez vécues.
Toute cette planification de contenus, de concepts, de consignes, peu importe la manière dont vous l’appelez, doit être organisé, structuré pour savoir quand et combien de fois un concept a été travaillé. Cela va nous permettre d’avoir un certain contrôle et pouvoir définir si on a besoin de revenir ou d’approfondir sur ces concepts durant la saison. L’enchainement des matchs et le rythme de la saison ne doivent pas nous faire perdre de vue le plus important pour nous, à savoir construire notre idée et nous focaliser sur notre équipe. Il y a un match le week-end que nous devons gagner, il y a aussi une préparation au niveau tactique générale, pour ainsi dire, qui doit aussi être présente. Nous adaptons-nous à nos adversaires ? Oui, avec quelques adaptations ici et là, mais pas tant que ça.
Nous tenons compte de l’adversaire, mais c’est notre affaire. Si nous constatons que notre adversaire du week-end, est une équipe qui va venir nous presser haut et qu’il y a beaucoup d’espaces dans son dos, alors nous insisterons sûrement sur les aspects de notre jeu sans ballon : Que dois-je faire lorsque ma partenaire a le ballon ? Que dois-je faire pour créer et exploiter un espace pour recevoir le ballon ?
Nous communiquons avec les joueuses avant la séance d’entrainement, avec une explication qui est contextualisée. « Cette séance va nous aider à être performantes et il y aura sûrement ce week-end beaucoup de situations comme celle-ci, face à une équipe qui va venir nous presser haut ». Certainement, que dans un jeu de position, nous allons insister sur le fait de redoubler les passes pour attirer. Avec quelle intention le faisons-nous ? Tout d’abord, pour améliorer notre jeu, mais aussi pour trouver de l’espace au côté opposé, car cette équipe viendra densifier ce secteur du terrain avec beaucoup de joueuses. Est-ce utile pour ce week-end ? Oui, mais que se passe-t-il si notre adversaire, au lieu de venir nous chercher, se replie et nous attend ? C’est le problème, mais je ne le vois pas comme un problème. Pourquoi ? Parce que ce sont des aspects de notre jeu sur lesquels nous avons travaillé, cela se produit des millions de fois, vous préparez un match en attendant quelque chose et l’adversaire fait autre chose…
C’est pourquoi nous nous adaptons assez peu à l’adversaire, mais nous travaillons d’abord sur les concepts de notre jeu. Si nous préparons une séance et que nous disons : « ça va sûrement nous aider ce week-end » et que finalement l’adversaire joue complètement différemment, ce n’est pas grave. Nous n’allons pas vivre ce concept ce week-end, mais un concept que nous avons travaillé la semaine précédente. En termes de contenus, nous pensons que c’est plus enrichissant pour les joueuses, parce que cela nous permet d’asseoir notre identité, indépendamment de nos adversaires, même si nous pensons que ce serait parfait et que ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave, nous nous comprendrons et communiquerons encore mieux, parce que nous avons appris quelque chose ensemble et nous parlons la même langue. Je pense que c’est quelque chose qui nous différencie des autres et ce code de communication non verbale doit être meilleur, non pas pour mieux s’adapter au rival, mais pour devenir meilleur.
COVID-19, un challenge pour la gestion de l’état physique des joueuses et le travail quotidien mis en place dans un contexte sanitaire exceptionnel.
A l’époque où nous étions confinés, début mars, il y avait encore le championnat, la coupe et la Ligue des champions à jouer. Nous n’avions joué que la Super Coupe d’Espagne, une compétition que nous avons gagné en février à Salamanque, mais il y avait tout le championnat avec encore sept matchs à jouer, les quarts de finales de la Ligue des champions et les demi-finales de la coupe de la Reine. En bref la partie la plus importante de la saison commençait au moment où nous devions nous confiner.
Premièrement, nous ne savions pas combien de temps cela durerait, mais la motivation est restée intacte chez nous. Imaginez que vous êtes en milieu de tableau, vous n’avez plus d’objectif pour le reste de la saison, votre saison est jouée plus ou moins et vous ne savez pas quand vous reviendrez. Je peux comprendre qu’on puisse être démotivé ou qu’on ne s’entraîne pas de la même manière, parce que cela n’aura pas vraiment de conséquences. Dans notre cas, à l’époque, nous étions leaders, nous étions en quart de finale de Champions, nous étions en demi-finale de la coupe, nous avions fait un gros travail pendant la saison, au niveau de la charge d’entrainement, des concepts, de l’intensité et le travail avait été de grande qualité. La motivation des joueuses n’a pas diminué, au contraire, nous avons créé un système de compétition interne où les joueuses quand elles s’entraînaient chez elles, rivalisaient les unes avec les autres. Elles s’affrontaient pour savoir combien de burpees elles pouvaient faire dans un temps donné. Nous avons également mis en place des réunions en petits groupes où nous observions les adversaires, où nous parlions des coups de pied arrêtés, où nous mettions des vidéos des équipes adverses et échangions sur comment attaquerais-tu cette équipe ? Comment défendrais-tu ?
Pendant le confinement, nous avons essayé de trouver des stimuli pour que le groupe vive bien, pour que chacun se sente impliquée et pour que les joueuses aient le sentiment d’être toujours dans la compétition, même si cela a été fait d’une manière différente. Au regard des résultats obtenus lors des tests au retour à l’entrainement, nous avons été vraiment très surpris par le niveau de forme physique des filles. Quand on ne s’est pas entraîné pendant tant de mois et que l’on n’a pas mis les pieds dehors, il est normal que lors du premier rondo, on demande à être remplacé, parce qu’on n’a pas joué au football depuis longtemps, et ça, peu importe le travail athlétique fait. Quand vous mettez vos crampons et que vous êtes sur le terrain, c’est une autre histoire, or sur l’aspect athlétique les filles avaient un très bon niveau, bien supérieur à celui que nous attendions.
Finalement, il faut tenir compte du fait que les joueuses étaient « arrêtées », entre guillemets. Je dis entre guillemets parce qu’elles ne se sont pas réellement arrêtées. Elles ont continué à s’entraîner, plus longtemps que pendant une intersaison normale, qui dure généralement trois semaines. Or là, un « arrêt » de deux mois et demi, trois mois, c’était vraiment long. Bien sûr, quand on a cessé de s’entrainer depuis si longtemps, il est normal de reprendre presque a 0 physiquement. Mais cela a aussi été un stimulant pour nous, parce que nous avons vu que dans une situation difficile, comme celle de la pandémie, les joueuses ont continué de faire leur travail. Elles ont été responsables et professionnelles, ce qui nous a permis de reprendre à un niveau bien plus élevé que celui prévu.
Finalement, nous avons eu une nouvelle présaison pour nous préparer, pour ajuster les charges d’entraînement et jouer à nouveau. Le travail a été très bon et la motivation pour jouer la Ligue des Champions, à notre retour, était très forte. Dans ce contexte un peu particulier, notre premier match de la nouvelle saison a été un quart de finale de Champions contre l’Atlético de Madrid ! Normalement vous effectuez la présaison et votre premier match important c’est celui de la première journée de championnat, mais vous avez encore 29 autres matchs. Dans notre situation, c’était très différent, parce qu’en quarts de finales de la ligue des champions, soit vous gagnez et vous continuez, soit vous perdez et vous rentrez chez vous. La motivation des joueuses était très élevée et cela nous a permis de continuer sur la voie que nous suivions, car nous étions déjà champions à six ou sept matchs de la fin. Nous avions gagné la compétition qui était l’objectif majeur de la saison et la ligue des champions était la cerise sur le gâteau.
Notre intention était donc de passer 10 jours à San Sebastien, ce qui voulait dire que nous aurions au moins atteint la finale. Malheureusement, nous avons perdu en demi-finale contre Wolfsburg, mais l’image, les émotions, les réactions étaient très bonnes parce que malgré la défaite … On a vu le Barça jouer son football. Nous n’avons pas vu une équipe qui ne passait pas le milieu de terrain, nous avons vu une équipe qui avait l’initiative, nous avons vu une équipe qui dominait, nous avons vu une équipe qui se procurait plus d’occasions que l’adversaire. Mais en football, cela fait partie du jeu, si vous ne marquez pas, vous finissez par perdre et parfois, c’est l’inverse, vous vous procurez moins de choses et vous finissez par gagner. Le sentiment général et le bilan que nous faisons en interne, est très positif, en partie grâce au travail fantastique des joueuses pendant le confinement et le retour au terrain que nous avons fait par la suite.
Le Final 8, une rupture avec la tradition européenne des matchs allers et retours.
Jusqu’aux demi-finales, il y avait un match aller et un match retour, étant donné qu’il n’y avait pas de date pour pouvoir faire des matchs, qu’il fallait éviter les déplacements et faire en sorte que tous les clubs soient dans la même bulle. Les huit dernières équipes ont été regroupées dans la même région, après avoir fait tous les tests au préalable afin que les joueuses et les équipes puissent jouer. De mon point de vue, c’était la formule la plus équitable pour tous, mais aussi la formule où vous avez une marge d’erreur minime, pour le meilleur et pour le pire.
Aller à Madrid, revenir, puis aller en Allemagne, pour revenir, n’était pas quelque chose d’envisageable, en termes économiques, de voyages, etc. Réunir les huit équipes dans la même ville, ou la même région permettait à l’UEFA de faire des économies et d’offrir un contexte sanitaire stable. En fin de compte, il s’agissait de jouer un match « sec » sur terrain neutre. La même formule a été mise en place chez les garçons, en concentrant toutes les équipes à Lisbonne, au Portugal, pour pouvoir minimiser les risques sanitaires au sein de cette bulle et que toutes les équipes aient les mêmes chances. Pour moi, la formule était appropriée, compte tenu de la gravité de la situation que nous vivons, que nous avons vécue et que nous continuons à vivre.
Une adaptation réussie, malgré des règles sanitaires contraignantes.
Les joueuses étaient très heureuses de jouer, parce que nous ne savions pas pendant très longtemps si la compétition allait reprendre. Ensuite, heureuses de jouer parce qu’il y avait un protocole sanitaire qui leurs permettaient de le faire sans risque, ou plus exactement avec un risque minimum, ce qui était un aspect très important. Enfin, c’était triste de jouer sans public pour nous soutenir, le sentiment était étrange et c’était très différent de d’habitude. Nous le savions déjà mais c’était évidemment un moindre mal. Les filles étaient contentes de l’organisation, parce qu’il y a un temps de repos entre les matchs, nous avons joué un vendredi et le mardi suivant, il y avait donc un temps raisonnable entre les deux matchs pour bien se reposer, pour récupérer et se préparer pour le prochain match, mais toujours avec la pression. C’est un aspect indéniable, car il est évident, que pour toutes les équipes, la pression était bien là. Quand vous jouez votre saison sur un match vous devez très bien faire les choses et vous devez rendre l’équipe très consciente de l’évènement, dans le discours mais aussi dans les actes, à l’entrainement il faut être très exigeant pour qu’elles comprennent que nous n’avons qu’une seule chance et qu’il n’y a pas de marge de manœuvre.
Dans ce nouveau format de compétition de la plus prestigieuse des compétitions européennes, l’absence du public a été un élément non négligeable.
Quand vous jouez avec un public, les joueuses ne vous écoutent/n’entendent pas, le message ne passe pas. Quand vous jouez sans public, elles entendent tout ! Jouer sans public enlève l’émotion, les chants quand l’équipe récupère le ballon, quand vous êtes plus fatigué, vous avez besoin du soutien des gens et évidemment pour célébrer les buts. On dit toujours que le public, c’est le 12ème joueur, car il apporte beaucoup. Quand les choses vont bien ou mal, si la connexion avec le public est bonne cela vous apporte énormément. Oui, il y a une vraie différence !
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