Analyse proposée par Adrien Tarascon, responsable du développement des joueurs, de la méthodologie et des données au LOSC.
Chaque dimanche vous recevrez des idées sur l’analyse du jeu, l’entrainement ou encore l’apprentissage.
Ce quart de finale opposera deux équipes qui ont en commun d’avoir énormément évolué en un mois.
Évolution contrainte par les absences côté Français ; évolution pour inverser une dynamique plutôt négative pour les hommes de Gareth Southgate avant d’arriver au Qatar.
Les deux équipes s’affronteront donc sans avoir jamais mis leurs XI respectifs et structures à l’épreuve d’un sommet du football international.
La destruction du 442 sénégalais avec son losange Shaw (dans le top 5 des passes progressives après 4 matchs de Coupe du Monde) – Foden – Bellingham – Kane, laisse entrevoir une force de frappe à laquelle l’armada Française est une des seules à pouvoir répondre. Six lettres suffiraient en réalité, M-B-A-P-P-E.
Le choix du sélectionneur Didier Deschamps de délester de toute responsabilité défensive le bondynois a accentué son éclatante supériorité. Il écrit match après match une nouvelle page de l’histoire du football, tandis que l’Equipe de France se fait dominer par la Pologne au xG.
L’Angleterre se demandera si le système défensif bleu laissera Rice et Maguire dans le même confort que leurs homologues polonais. La France se doute que le match où les individualités ne suffiront plus est sans doute arrivé.
Depuis dimanche, ils auront 5 jours pour démontrer que cette équipe peut additionner autre chose que des talents individuels pour rivaliser avec les Anglais.
Face à la Pologne le chef d’orchestre français a énormément bougé pour organiser le jeu. Ses prises de risque verticales sont souvent venues du côté gauche, sans compensation par ailleurs. En conséquence, à la perte notre bloc n’est pas organisé pour contre presser.
Les mêmes séquences samedi, se traduiraient par une très forte soumission territoriale aux anglais. Face aux polonais les bleus n’ont dû leur salut qu’aux erreurs techniques polonaise dans des situation sous peu de pression. Il y a fort à parier qu’à partir des mêmes ballons, Jude Bellingham et ses coéquipiers parviendront à contre-attaquer.
Si à gauche, le triangle Mbappé – Rabiot – Hernandez n’a pas faibli, en plus de leur moindre valeur ajoutée qu’à l’accoutumée, les dézonages de Griezmann ont également condamné notre création côté droit face à la Pologne.
Son absence entre les lignes, empêche de créer des 2v1 face au latéral adverse et de renverser rapidement vers Dembélé. Dans les situations de bloc bas polonais, Dembélé était isolé et impuissant.
Retrouver un semblant de jeu de position et un Griezmann entre les lignes et proche de Dembélé sera donc essentiel aussi bien pour notre attaque que pour notre équilibre défensif.
FRA POL : Kounde fixe bien l’ailier adverse et décale Dembélé dans de bonnes conditions mais ce dernier n’a pas de course à servir alors qu’une position entre les lignes de Griezmann aurait permis de créer un 2v1 face au latéral adverse
La Pologne a eu trop de facilité pour décaler un central sans pression. Dans ce genre de contexte, face au Sénégal, Maguire ne s’est pas privé de jouer le renversement pour le 2v1 de Saka/Henderson face au latéral adverse.
Le Danemark avait déjà exploré cette arme face aux Bleus et il est probable que Maguire abuse de cette diagonale qu’il affectionne.
Même problématique pour le 6 polonais. Il s’est très vite retrouvé libre, délesté de Griezmann qui était tombé du 4231 au 4141 puis de Giroud qui ne contrôlait pas toujours cette zone.
Deux séquences ci-dessous, une d’isolation de 1v1 dans la largeur, l’autre de facilité à connecter entre les lignes, laisse entrevoir les dégâts face au décrochage de Kane ou aux 1v1 de Foden / Rahsford si ce point n’est pas corrigé d’ici samedi.
FRA POL : le milieu sans pression peut connecter entre les lignes. Harry Kane aime décrocher dans ce type d’espaces pour alimenter ensuite la profondeur, pour tenir face aux anglais les bleus devront construire un premier rideau plus fiable
Par ailleurs, lorsque les Bleus ont pressé la dernière ligne polonaise, limitée dans l’utilisation du ballon sous pression, ou contre-pressé dans le derniers tiers adverse, ils ont obtenu quelque chose.
Dans cette Coupe du Monde, seul Lionel Messi a réalisé plus de passes progressives que Luke Shaw jusqu’à présent. Couper la relation entre Shaw et les décrochages de Kane ou les déplacements de Bellingham entre les lignes sera un enjeu majeur de l’organisation défensive française.
Son match contre le Sénégal est la définition du 8 box-to-box moderne. Bellingham peut souffrir de ses limites de placement dos au jeu mais quand il s’agit d’attaquer des espaces ouverts dans le dos des latéraux ou d’arriver dans la surface, personne ne semble pouvoir rivaliser.
Les Français et en particulier Aurélien Tchouameni devront être d’une vigilance de tous les instants y compris sur les 2nds ballons.
Tchouameni avait su brillamment couvrir les quelques projections des relayeurs polonais dans le dos de Kounde face à la Pologne’, il devra redoubler de vigilance face à Bellingham
Harry Kane, jusqu’à l’introduction de Foden dans le XI était LE point central de l’animation des Three Lions. Comme avec les Spurs, il utilise sa qualité en décrochage pour ouvrir et servir les projections de Bellingham / Saka dans les espaces ouverts.
En plus de coordonner leurs mouvements pour couper les lignes de passe vers Kane, les milieux français devront gérer les compensations de leurs centraux quand ces derniers sortiront sur les décrochages du quarterback anglais.
Cela pourrait ne pas être aisé, quand Rabiot doit défendre dans le dos de Mbappé comme face à la Pologne. Ce sera au double pivot Tchouameni / Griezmann et surtout au meneur de jeu reculé de coulisser pour fermer cet intervalle; les Bleus auront besoin d’une prestation défensive aboutie de sa part, pour passer en demi-finale.
Lors des 20 premières minutes du match contre la Pologne, la pression constante et efficace d’Upamecano (principalement) sur Lewandowski, avait poussé l’attaquant du Barça à jouer en une touche face à lui ou à aller vers son propre but. Les polonais avaient été incapables de « tester » la couverture de Varane, en attaquant l’espace libéré dans le dans le dos d’Upamecano, depuis la 2nde ligne.
Après 20 minutes, Lewandowski était descendu très bas ou à la périphérie, pour toucher le ballon. Des zones bien moins intéressantes pour son équipe, étant donné ses qualités.
Kane est un poison constant, après son jeu en appui, ou ses dézonages (il aime exploiter des avantages de taille sur les latéraux adverse) les Sénégalais n’ont pas su l’empêcher d’arriver en 2nde ligne.
L’absence de repli défensif de Mbappé, oblige, le milieu opposé adverse a souvent de l’espace à l’entrée de la surface sur les centres venant de la gauche, alors que Rabiot est déjà occupé à protéger le point de pénalty.
Problème, ces arrivées des milieux anglais sont une grande force de leur jeu et Jordan Henderson a déjà exploité un espace similaire face au Sénégal.
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