Personne ne peut vous empêcher de vouloir progresser

Triple champion d’Angleterre avec Arsenal et Manchester City, international français, en 20 ans de carrière au plus haut niveau, Gael Clichy a travaillé avec les meilleurs entraineurs de la planète. 

Entraineur adjoint de l’équipe de France Espoirs, il nous éclaire sur son parcours, ce qui caractérise les très grandes équipes ou encore l’influence d’Arsène Wenger, Roberto Mancini et Pep Guardiola sur sa perception du football.

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En vous basant sur votre expérience, quelles seraient les caractéristiques des très grandes équipes et notamment, les Invincibles d’Arsenal et Manchester City ?

Je fais souvent le parallèle entre les Invincibles d’Arsenal et les débuts du “nouveau” Manchester City. Juste avant ma signature à City, le club remporte la Coupe d’Angleterre. L’année suivante, nous remportons le championnat pour ma première saison.

Derrière les titres gagnés à Arsenal et à City, il y avait une similarité qui est essentielle pour la haute performance. Cette similarité, c’est ce que j’appelle la culture de la gagne. C’est une culture qui naît des victoires et se pérennise grâce à la qualité et la cohérence qui existe entre toutes les parties prenantes d’un club (dirigeants, staff, style de jeu, joueurs, salariés).

Au début des années 2000, Manchester United et Arsenal sont les deux équipes qui possèdent cette culture en Angleterre. Il y aura ensuite Chelsea et plus tard, Manchester City arrivera avec cette même ambition. Leur idée pour gagner des titres, c’est de développer le plus rapidement possible cette culture de la gagne et de la mettre au premier plan.

« La culture de la gagne, c’est une culture qui naît des victoires et se pérennise grâce à la qualité et la cohérence qui existe entre toutes les parties prenantes d’un club (dirigeants, staff, style de jeu, joueurs, salariés). »

Cela passait par le recrutement de grands joueurs adaptés au projet, le développement de jeunes talents capables d’impacter le projet et de gagner rapidement des matchs importants. Les joueurs sont la pierre angulaire de cette culture et l’organisation d’un club doit permettre de créer les conditions de cette participation prépondérante des joueurs.

La culture de la gagne est aussi conditionnée par le staff. Les équipes doivent être dirigées avec respect et professionnalisme, tout en baignant dans un climat ultra concurrentiel. Peu importe le niveau des joueurs dans l’effectif, classe mondiale, très bons ou compléments d’effectif, ils ont tous en commun cette volonté de gagner.

Comment gagne-t-on ? En étant respectueux des gens avec qui l’on travaille, respectueux de l’entité du club, respectueux du métier en étant le plus professionnel possible. Derrière cela, il y a de l’engagement, de la consistance, de l’exigence et de la résilience dans le travail. Pour moi ces éléments ne dérogent jamais. On ne peut pas gagner de titres si on n’a pas ces ingrédients-là.

Un exemple assez révélateur, c’est le Tottenham de l’époque où nous sommes champions avec Arsenal. C’est un club qui est basé à Londres, avec des moyens financiers importants pour attirer de très grands joueurs. D’ailleurs, ils en attirent sur certaines périodes, mais finalement ils n’ont pas réellement de projet commun.

A cette époque-là, si Tottenham termine troisième, c’est un résultat satisfaisant. S’ils terminent huitième, ils s’en contentent parce qu’il n’y a pas vraiment cette culture de la gagne. Il y avait probablement le talent pour faire mieux, mais il n’y avait pas les conditions pour le faire. 

« La confiance des joueurs envers leur coach passe par l’élaboration d’un modèle de fonctionnement et de jeu fort et clair, pour que dans les moments difficiles, tout le monde sache à quoi se rattacher »

Un autre élément important, c’est la confiance. Je ne fais pas référence à la confiance de l’attaquant, mais au climat général que l’on doit retrouver à tous les étages d’un club. Cela part du sommet (la direction) et doit ruisseler sur toutes les composantes du club. Il y a la confiance que les dirigeants vont avoir vis-à-vis de l’entraîneur, celle que l’entraîneur va avoir vis-à-vis de son groupe. Il y a également la confiance que le groupe va avoir envers le coach.

La confiance des joueurs envers leur coach passe par l’élaboration d’un modèle de fonctionnement et de jeu fort et clair, pour que dans les moments difficiles, tout le monde sache à quoi se rattacher. On s’appuie sur des bases qui mèneront au succès sur le long terme. C’est cette sérénité qui permet à la machine de bien fonctionner.

Lorsque j’effectue ma première saison à Arsenal, le numéro un au poste de latéral gauche, c’est Ashley Cole. C’est l’un des meilleurs du monde à son poste. Lorsqu’il est blessé ou suspendu, c’est moi qui dois prendre sa place, à 17 ans. Quelle va être la réaction du groupe et des titulaires face à cette éventualité, en sachant qu’on joue le titre et la Champions League ? Peuvent-ils vraiment faire confiance à Arsène Wenger qui veut faire jouer un gamin venu du Nationale 3, à la place d’un des meilleurs latéraux du monde ? Comment les joueurs peuvent-ils accepter cette décision ?

En fait, tout ceci est possible parce que les responsabilités au sein du club sont claires. Arsène Wenger est le boss. Il a la confiance du président et chacun sait ce qu’il a à faire. Le club a créé les conditions pour que je puisse m’exprimer de la meilleure des manières. Au bout d’une année, on ne perd pas un match. Même si je n’ai pas joué 80 % des matchs cette saison-là, les titulaires étaient confiants lorsque je prenais la place de Cole. 

Gagner (dans la durée) est quelque chose de complexe, mais la culture de la gagne est un déterminant du succès. Toutes les grandes équipes ont cet élément en commun. Je pense que les rares fois où une équipe surprise a remporté un titre, il y avait du professionnalisme et de la confiance derrière (i.e., éléments de la culture de la gagne). Il faut ajouter à cela un élément que je n’ai pas encore mentionné, qui est une composante de la culture de la gagne : la fixation d’objectifs élevés. 

Leicester est un cas typique. Lors de la saison où ils remportent le titre, leur objectif n’est probablement pas de gagner le championnat. Cependant, l’objectif qu’ils ont défini devait être suffisamment difficile à atteindre, mais réalisable, pour mettre les gens au travail. Au fur et à mesure des semaines, des mois, la cohésion du groupe s’est formée et la confiance globale a grandi. C’est une « success story ».

La culture de la gagne ce sont tous les éléments qui peuvent permettre à un club, un staff, un groupe et des joueurs, d’atteindre leurs objectifs. Donc le point de départ, c’est la fixation d’objectifs qui doivent être, à première vue, difficiles à atteindre mais réalisables, pour que l’exigence, l’engagement, la discipline et la consistance ne soient pas négociables. Quand on est à Manchester City, l’objectif est de gagner la Premier League, mais gagner des titres ne peut pas être l’objectif de chaque club. La culture de la gagne est relative.

« En tant que coach, un des éléments qui me semble fondamental pour favoriser le développement de cette culture auprès des joueurs, c’est de montrer que tout le monde peut avoir sa chance. »

Aujourd’hui, il est plus facile pour moi d’en parler avec ma perspective de joueur, car c’est la seule fonction que j’ai exercée. Lorsque je serai coach, en cohérence avec les objectifs du club, j’essaierai de développer cette culture chez mes joueurs. Un joueur qui entretient la culture de la gagne, c’est un joueur qui a envie d’être meilleur que le jour précédent, c’est un joueur qui n’aime pas perdre, c’est un joueur qui aime gagner toujours plus, etc.

Je prêterais grandement attention à la post-formation, car c’est un moment important pour construire cette culture. L’une des clés, c’est le travail quotidien, c’est-à-dire l’engagement et la consistance. C’est le chemin le plus clair pour atteindre ses objectifs, même s’il n’y a rien de garantie. Un joueur comme Steven Gerrard n’a jamais gagné la Premier League, pourtant il a fait preuve d’une consistance hallucinante dans le travail et il a toujours progressé.

Lorsque j’arrive à Arsenal, je sais pertinemment que je ne serai jamais titulaire tant que Ashley Cole ne sera pas blessé ou suspendu. Même diminué, s’il est en mesure de marcher, il jouera parce qu’il est dix fois meilleur que moi. Cela me semble tout à fait normal. En revanche, chaque jour à l’entrainement, je me disais que j’allais mettre le doute dans la tête d’Arsène Wenger. Chaque jour, il devait se demander s’il mettait Cole ou Clichy.

Cela peut paraitre stupide, parce que je savais très bien que je n’allais pas jouer. Cependant, c’était ma façon de rentrer sur le terrain et de me dire que je devais tout donner. Il y aurait forcément un moment où Wenger se dirait : “aujourd’hui, s’il est bien, je le fais jouer”. Avec mon attitude quotidienne, j’étais certain de ne pas passer à côté de l’entraînement où il se poserait cette question.

En tant que coach, un des éléments qui me semble fondamental pour favoriser le développement de cette culture auprès des joueurs, c’est de montrer que tout le monde peut avoir sa chance. Il y a forcément des joueurs qui ont plus de chances de jouer, mais ça ne veut pas dire qu’un jeune ne peut pas se rapprocher, jour après jour, du titulaire et même passer devant lui. La culture de la gagne se travaille. Cela prend du temps, mais le plus dur, c’est de créer les conditions pour la voir se développer. 

Il y a une dernière chose qui caractérise les équipes avec une forte culture de la gagne, c’est bien entendu le talent. Ce sont les joueurs qui font gagner les matchs. Donc sans talent, c’est très compliqué d’aller chercher quelque chose. Aujourd’hui, les talents sont à la base de beaucoup de choses à City par exemple. Ils conditionnent les résultats, ils permettent de gagner des matchs et de jouer le haut du tableau.

Ils permettent au coach de proposer un jeu attrayant, ils permettent d’attirer les spectateurs et de créer un show autour du match. Mais comme je le disais précédemment, la culture de la gagne est relative. Elle s’exprimera donc différemment à Manchester City et à Stoke City. Cependant, je crois qu’il s’agit aussi d’un état d’esprit, quand je vois ce que fait Patrick Vieira à Crystal Palace. Je me dis que l’identité du club n’est pas figée. 

En résumé, la culture de la gagne s’articule autour 5 points :

  • Qualité des joueurs entre expériences et talents
  • Respect de l’entité et de tous les individus qui collaborent pour la performance 
  • Professionnalisme, entre engagement, consistance et volonté de progresser
  • Confiance générale au sein de l’institution 
  • Fixation d’objectifs élevés, potentiellement non réalisables

A 17 ans vous rejoignez Arsenal en provenance de Cannes, avec les succès que l’on connait. Comment avez-vous vécu cette transition ?

Mon arrivée à Arsenal s’est faite dans la plus grande facilité, parce que j’aime le foot et que je vais m’entrainer avec des joueurs comme Thierry Henry, Dennis Bergkamp et tant d’autres. Attention, je ne dis pas que j’aime plus le football que les joueurs d’aujourd’hui.

En fait, cet amour du foot fait que j’arrive à Arsenal avec une certaine forme de naïveté. Je ne comprends pas du tout ce que le football peut m’apporter, je suis juste dans le présent et le plaisir. J’aime le football pour des raisons intrinsèques, je rentre très facilement dans l’entraînement et il est très dur de m’en sortir.

Je réalise réellement ce qui m’arrive, à la fin de la première saison. J’ai la coupe dans les mains et Thierry [Henry] est à côté de moi. Je me souviens qu’à ce moment-là, quelque chose a changé. Au-delà d’être joueur de football, je réalise qu’on peut marquer l’histoire avec son nom, qu’on peut représenter son pays, que financièrement tout va être différent, etc.

 « J’aime le football pour des raisons intrinsèques, je rentre très facilement dans l’entraînement et il est très dur de m’en sortir. »

On entend souvent les joueurs parler de sacrifice. Pour moi, il n’y a pas eu de sacrifice, peut-être des concessions, notamment avec la famille. Ce que j’aime, c’est sentir l’odeur du gazon qui vient d’être tondue quand je vais à l’entraînement. J’aime ce que je fais, donc le temps passe vite. Les moments difficiles sont gérés avec légèreté et je me pose très peu de questions. Je vais m’entrainer avec le sourire, avec des partenaires qui font partie des meilleurs joueurs de la planète.

Cela aurait été fou de ne pas prendre du plaisir et apprendre de ces personnes. Je n’ai pas honte de dire que, jusqu’à la naissance de mon premier enfant, je mets le football au même niveau que ma famille. Ma famille pouvait venir à Londres pendant une semaine, si je n’avais pas été performant, le reste de la semaine allait être différent. Cependant, ce n’est pas du tout sain de fonctionner comme cela, parce qu’au final, le match est passé et je ne peux plus rien y faire. C’est quelque chose qu’on apprend avec l’expérience.

Donc, cette transition de Cannes à Arsenal s’est faite en douceur. Les joueurs et le coach étaient connus, c’était une équipe qui faisait rêver tout un pays et j’arrive dans une institution qui favorise le développement rapide du sentiment d’appartenance pour les nouveaux venus.

Même en étant loin de ma famille, je sens que je fais partie de quelque chose qui me fait vibrer. Je dirais que ce sont cet environnement, ma persévérance, une certaine maturité et l’amour du jeu qui m’ont permis d’effectuer cette transition sans encombre.

Dans l’histoire, on trouve un certain nombre de joueurs qui, comme vous, sont partis très jeunes à l’étranger, mais sans connaitre la même réussite. Dans votre parcours de formation, vous avez croisé beaucoup de joueurs qui étaient bien meilleurs que vous à l’instant T, mais qui n’ont pas eu la carrière que vous avez eu. Vous avez souvent dit que c’est le « mental » qui vous a permis de faire la différence. Avec le recul, pourriez-vous définir les habiletés psychologiques qui vous ont été indispensables ?

Je pense que sur cette période, c’est l’association de trois choses qui m’a rendu différent. Je vais à nouveau insister sur la première : l’amour du ballon. De mon point de vue, c’est quelque chose d’essentiel et dans mon cas, c’était un amour excessif. L’envie de toujours proposer une meilleure version de moi-même. Associé à ces deux éléments, j’ai très tôt eu une approche du football que l’on pourrait qualifier de « professionnelle ».  

Lorsque j’étais en formation à Cannes, nous avions beaucoup de temps libre et un grand nombre de jeunes du centre en profitait pour aller à la plage, boire un coca ou manger une glace. A 15 ans, entre deux séances de pré-saison, je n’allais pas en bord de mer siroter une boisson ou manger une glace, j’étais dans ma chambre avec ma bouteille d’eau et je me reposais.

J’étais pleinement conscient du fait que si j’allais sous le soleil, je serais mort pour la deuxième séance. Quand tout le monde partait profiter, ce qui peut être normal à 15 ans, moi je ne le faisais pas. C’est une grosse concession pour cet âge-là, mais on ne peut pas pour autant parler de sacrifice, même si malheureusement ce sont des années qu’on ne récupère jamais…

« A 15 ans, entre deux séances de pré-saison, je n’allais pas en bord de mer siroter une boisson ou manger une glace, j’étais dans ma chambre avec ma bouteille d’eau et je me reposais. »

Autre exemple. Beaucoup de jeunes du centre de formation roulaient en deux roues à cette époque. Moi, ce n’est que récemment que je suis monté pour la première et unique fois sur un scooter. Pourquoi pas avant ? Parce que mes jambes et mes pieds sont mon quotidien. Je dois donc prendre le moins de risques possibles. Je pense que ces deux exemples montrent bien mon état d’esprit, même si j’en ai des centaines d’autres… 

En tant que coach, ce sont des caractéristiques que je rechercherai chez les joueurs. Des joueurs peuvent ne pas être des « cracks », mais avec cette mentalité, ils ressortiront à un moment donné. Au fur et à mesure, l’écart qu’il y a entre eux et ceux qui sont devant va se resserrer et la tendance va même s’inverser.

A Cannes, un des joueurs références était Jonathan Zebina. Selon les coachs, il était assez limité avec le ballon, en revanche chaque jour il était sur le petit terrain, « la fosse », pour « écraser les ballons » contre le petit muret. Il fatiguait les ballons : contrôle, passe, contrôle, passe etc… Je suis ce genre de joueur. La pratique délibérée est un facteur de succès.

Lorsque j’étais en préformation, le coach recommandait aux joueurs d’avoir les lacets noués sur l’extérieur de la chaussure, pour que le nœud ne gêne pas ou fasse mal lorsqu’on frappait le ballon du cou du pied ou de l’intérieur du pied. J’ai encore cette habitude aujourd’hui. Au cours de la préformation et formation d’un joueur, un certain nombre d’informations sont transmises. Ensuite, c’est à chacun de s’approprier ce qu’il estime être bon pour progresser.

Je passe actuellement mes diplômes d’entraineur au Pays de Galles. Je pense que j’ai énormément progressé. L’année dernière, j’ai beaucoup discuté avec des coachs amateurs, parce que ce que j’ai vécu en tant que joueur ne représente que 5% de la réalité du football. Mon mentor m’a dit : « si tu as la l’opportunité de débuter en tant que coach, il y a de fortes chances que ce ne soit pas dans l’environnement de ces 5% ». Je dois donc être conscient que ce que j’ai vécu c’est une partie de la réalité, mais ce n’est pas la réalité. Je prends cette information, je la digère et j’oriente mon apprentissage pour ne pas être surpris le jour J. 

Quand j’étais jeune, j’avais cette maturité qui me permettait de prendre des décisions éclairées, afin de me rapprocher de mes objectifs. Aujourd’hui, je manque encore d’expérience en tant que coach, mais c’est la même maturité qui me permet de ne pas prendre mon expérience de joueur pour une fin en soi. Elle me permet d’essayer de faire les choses le plus correctement possible, afin de me rapprocher de mon nouvel objectif.  

Lorsqu’on est joueur (de haut niveau), quels sont les leviers qui permettent d’être prêts à jouer ? Sur quoi va-t-on se focaliser ?

Se concentrer au maximum sur moi-même. Être attentif à ses pensées, ses réactions face à ses émotions, son hygiène de vie, son sommeil, ce que l’on mange, ce que l’on boit. Par exemple, je subis très peu la pression sociale. Si des amis veulent manger dans un fast-food, c’est non et c’est aussi simple que ça.

Je définis mes objectifs. Mon désir est de toujours progresser. Personne ne peut m’empêcher de vouloir progresser. Je fais attention à mon cercle proche, à mon environnement pour être le moins pollué par des choses qui n’ont pas de sens.

J’échange souvent avec des joueurs, car j’effectue beaucoup de travail individuel avec ceux du Servette FC. Je leur dis que les choses sont souvent difficilement contrôlables sur le terrain, mais qu’ils peuvent contrôler leur corps et leur esprit. Ils peuvent rendre leurs vies chaotiques s’ils le souhaitent, mais qu’elles peuvent aussi être très stables. C’est à eux de décider s’ils veulent être en surpoids ou non, se coucher à 3h du matin ou non. Pour répondre aux exigences du haut niveau, il faut être frais mentalement et physiquement.

« Se concentrer au maximum sur moi-même. Être attentif à ses pensées, ses réactions face à ses émotions, son hygiène de vie, son sommeil, ce que l’on mange, ce que l’on boit. »

J’ai la chance d’avoir grandi à Arsenal et à une époque où le seul moyen de perdre de l’énergie, c’étaient les journaux. Déjà cette mini pollution pouvait nous chambouler. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les agents ou encore les familles, la pollution externe est déjà tellement présente que si on ne se focalise pas sur nous, on ne contrôle plus rienLa seule chose contrôlable, c’est nous. Le joueur qui a compris ça, indépendamment de sa qualité, progressera.

Et sur le terrain sur quoi vous focalisiez vous ?

Auparavant, il n’y avait pas l’accès à la vidéo comme c’est le cas aujourd’hui. A une époque, j’allais souvent sur Youtube pour voir les highlights de mes adversaires. Les montages étaient réalisés par des fans, donc je voyais très rapidement le meilleur de mes adversaires. J’essayais d’identifier les régularités et leurs gestes préférentiels. 

Je travaillais beaucoup l’adaptation de ma gestuelle et mon orientation corporelle, en fonction des adversaires que j’allais rencontrer. Si j’étais confronté à un faux-pied qui allait rentrer, je le forçais à aller le long de la ligne. C’est dans cette configuration que j’étais le plus confiant et en position de force. Dans ces situations-là, je n’avais pas le ballon mais c’est moi qui contrôlais la situation. 

En tant que coach, j’apporterais à mes joueurs des informations sur les adversaires afin de leur permettre d’avoir différentes options d’adaptation, notamment les défenseurs. Je dis souvent aux joueurs qu’une équipe qui a le ballon, c’est une équipe qui contrôle la situation. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas le ballon que l’on subit. Si on travaille bien, la défense peut influencer le match, mais pour cela, les joueurs ont besoin d’informations. 

Aujourd’hui, il y a énormément d’outils qui permettent au niveau individuel, sectoriel ou groupal de progresser, mais je pense aussi que les méthodes pédagogiques ne sont pas toujours innovantes. Pour rester sur la thématique du pied fort, je n’ai jamais vu d’attaquant porter des chaussettes de couleurs différentes à l’entraînement, afin de favoriser la perception et laisser le focus sur la prise de décision. Nos actions sont le fruit de la perception, de la cognition, de la prise de décision et de l’exécution, je ne vois que très peu de réflexion dans les designs d’exercice prenant cela en compte.

La seule position qui a toujours eu accès à un entraînement individualisé, ce sont les gardiens. Pourquoi ? Je ne le sais pas. Je crois vraiment à l’individualisation du travail à chaque poste, mais j’irais encore plus loin, j’irais sur l’individualisation en fonction du profil du joueur. 

En perspective de votre future transition vers un rôle d’entraineur, voyez-vous une différence entre les notions de formateur et entraineur ? 

Ce sont des notions qui peuvent être complémentaires, comme opposées. J’ai parfois entendu que tous les coachs sont des formateurs ou doivent être des formateurs, mais je ne suis pas vraiment convaincu par cette idée. Tous les coachs doivent être des managers, mais pas des formateurs. Arsène Wenger aimait la formation des jeunes, Mancini était un manager. 

Personnellement, j’ai cru que je pourrais être formateur parce que j’ai toujours eu une bonne relation avec les jeunes et je pense avoir aidé pas mal de jeunes joueurs. Cependant, lorsque j’ai commencé à passer mes diplômes au Pays de Galles, on nous a fortement alerté sur un aspect. Les joueurs de notre niveau (le fameux top 5%) ont en général beaucoup de mal à travailler avec des joueurs en formation ou post-formation, parce qu’ils rencontrent des difficultés à accepter qu’un joueur n’arrive pas à produire quelque chose qui était simple pour eux en tant que joueur. 

« Les joueurs de notre niveau (le fameux top 5%) ont en général beaucoup de mal à travailler avec des joueurs en formation ou post-formation, parce qu’ils rencontrent des difficultés à accepter qu’un joueur n’arrive pas à produire quelque chose qui était simple pour eux en tant que joueur. »

J’ai mis en place un certain nombre de séances l’année dernière avec les M18 du Servette FC et je me suis très vite rendu compte qu’être formateur était une vraie spécificité. Les compétences associées à cette spécificité sont vraiment pointues. Je pense que je pourrais avoir envie de développer ces compétences, mais au fond de moi je me vois plutôt diriger une équipe professionnelle et intégrer ces compétences dans le staff. Finalement, je pense qu’il faut surtout savoir naviguer, en tant que staff, entre ces deux notions. Pour synthétiser, je dirais que je me vois bien être un manager, avec une grande sensibilité pour les jeunes.  

Vous avez côtoyé de très grands entraîneurs, comment envisagez-vous de vous servir de ces expériences ?

Aujourd’hui, je suis en phase de transition et j’essaye de me constituer une sorte d’armure avec les qualités de chaque entraîneur que j’ai eu, parce qu’ils ont tous été incroyables.

Wenger, c’était très simple, il détectait chez ses joueurs les qualités qui faisaient d’eux des joueurs spéciaux. Ensuite ils les développaient afin qu’ils deviennent des joueurs importants du groupe, puis des joueurs internationaux qui contribueraient à faire d’Arsenal un top club. Les gens ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’il a fait. C’est énorme, parce qu’il a réussi à être compétitif avec cette philosophie-là.

Pendant 22 ans il a réussi à être compétitif, année après année, et ça en perdant toujours les meilleurs joueurs et en formant de nouveau. Tous les jeunes qui sont passés avec lui ont eu une chance indiscutable. Au-delà de sa longévité qui est extraordinaire, je vais tout faire pour prendre cette qualité. Parfaitement définir le profil de mes joueurs, afin de toujours les mettre en valeur. 

Mancini, lui, a des qualités managériales incroyables. Il responsabilise son groupe comme personne. Sa priorité était l’unité du groupe, avec une autorité naturelle sans coercition. Il y a eu des altercations, des tensions, mais il a toujours laissé le groupe gérer. Il avait un objectif simple, faire progresser la structure.

Il prenait des joueurs confirmés et responsables, il n’avait pas de temps à perdre. Il laissait les joueurs libres et il n’y avait qu’un seul indicateur : être performant le jour du match. C’est comme cela qu’il manifestait sa confiance envers le groupe. Il créait un groupe tellement concerné par la cause, que celui-ci avait envie de grandir ensemble et de très peu dévier de la route vers l’objectif. En donnant cette responsabilité et cet amour au groupe, nous avons travaillé comme des fous pour lui.

Guardiola, c’est encore autre chose. C’est le coach dont on parle le plus parce qu’il gagne beaucoup et qu’à sa façon, il a révolutionné le football. En tant que coach, il a gagné le droit, d’aller dans certains clubs et de mettre en place ses idées sans aucune concession. Il a des idées claires, un modèle de jeu très précis et il gagne. Au-delà de ces aspects, j’ai vraiment pris une claque lors de son arrivée, parce qu’il a cette faculté rare, qui lui permet de convaincre les joueurs et de faire émerger chez eux ce qu’il veut vraiment voir. J’aimerais avoir cette capacité de convaincre mes joueurs.

Justement, la première saison de Guardiola avec City a pu être considéré comme mitigée en termes de jeu et de résultats, relativement à ses saisons précédentes. Cependant, avec un effectif qui ne correspondait pas forcément à ce qu’il souhaitait mettre en place, il a proposé certaines adaptations intéressantes, notamment votre positionnement et celui de Bacary Sagna lorsque l’équipe avait le ballon.

Guardiola est intransigeant et sans état d’âme. Aujourd’hui, si KDB sous performe, il peut le sortir car il sait que derrière, il y a un joueur qui est quasiment du même calibre. Lors de sa 1ère saison, il n’a pas vraiment choisi son groupe et nous réalisons une saison que l’on peut considérer comme étant mitigée, car il n’a pas la possibilité d’être intransigeant. Il doit composer avec l’effectif qu’il a trouvé en arrivant.

Nous finissons bien le championnat, mais nous sommes éliminés par Monaco en Ligue des Champions. Néanmoins, bien que les joueurs ne soient pas les siens ou en tout cas, pas ses premiers choix, il va s’adapter. A cette époque, ses principaux objectifs sont d’assurer la continuité de la possession et surtout assurer défensivement à la perte du ballon.

Pour ces deux raisons, il décide de me mettre à l’intérieur lorsque nous avons le ballon, afin d’assurer un lien à la construction et surtout être déjà derrière le ballon en anticipation de sa perte.  Il souhaitait aussi que ce soit nos excentrés qui soient en situation de 1c1, pas nos latéraux. 

Il me disait, “je préfère que tu sois à l’intérieur parce qu’au moment où l’on va trouver un joueur de notre dernière ligne offensive, il y a toutes les chances pour que ce soit un 1c1. Les latéraux n’ont pas les qualités pour dribbler et percuter ballon au pied”. C’est pour ces raisons que ses excentré sont toujours bons en 1c1. Pedro et David Villa à Barcelone, Ribéry et Robben au Bayern, Sané, Sterling et Mahrez à City. Depuis cette prise de conscience, je suis toujours étonné de voir des équipes utiliser leurs latéraux dans ces positions avancées et leurs excentrés à l’intérieur.

A l’époque c’était très rafraîchissant et c’était assez choquant, parce que je n’avais jamais connu ça. Je suis déçu de ne l’avoir connu que sur la fin de mon expérience avec City, j’aurais aimé connaître cela encore deux ou trois ans. Ces dix mois avec lui m’ont quand même servi et m’ont permis de réaliser la logique de certaines choses.

A une époque, le jeu proposé par Barcelone et Arsenal était souvent comparé et qualifié d’attrayant. Voyez-vous des différences importantes dans les approches méthodologiques de Wenger et Guardiola ?

Je pense que la grande différence est dans le soin apporté aux détails. Lorsque j’arrive à Arsenal, en forçant un peu le trait, les plus grosses équipes possèdent les meilleurs joueurs de la planète. En les associant, on a toutes les chances d’avoir une équipe performante.

À cette époque, les équipes de Wenger proposent un football très attrayant pour les spectateurs, avec des joueurs qui se trouvent assez facilement, mais à l’entraînement, on ne rentre pas dans les détails. A l’inverse, avec Guardiola rien n’est laissé au hasard. Rien. Zones du terrain, schémas tactiques, relations individuelles, triangulations, coordination collective, etc.

Avec le joueur que vous avez été et les coachs que vous avez côtoyés, à quoi voudrez-vous que vos équipes ressemblent lorsque vous serez entraineur ?

Quand j’ai commencé à passer mes diplômes, ils ont demandé à Yaya Touré, Yohan Cabaye et moi de parler des innovations tactiques que nous aimerions voir dans le football. J’ai présenté une idée de modèle de jeu, dans laquelle les interceptions réalisées par les latéraux et les excentrés jouaient une part prépondérante dans l’organisation défensive et donc offensive. Avec des principes défensifs bien déterminés, l’équipe peut favoriser un certain type de passe chez l’adversaire et rechercher l’interception de manière volontaire. 

En tant que latéral gauche par exemple, lorsque l’adversaire est en possession du ballon, je vais me positionner et m’orienter pour que le porteur de balle, une fois arrivé dans une certaine zone, n’ait qu’une seule option. Corporellement, je vais essayer de lui faire passer le message suivant : « joue là-bas ». Je sais que je vais vite et que sur le temps de passe, je peux arriver en quelque seconde à couper la trajectoire et intercepter le ballon.

Très souvent, l’équipe en possession cherche à attirer son adversaire d’un côté, pour isoler un excentré à l’opposé en 1c1, pour ensuite renverser le jeu. Sachant cela, il est intéressant d’anticiper ce renversement et récupérer la possession. A chaque fois que j’ai effectué cette interception, même au plus haut niveau, j’ai toujours amené du danger chez l’adversaire dans les secondes qui suivaient.

Au moment de l’interception, la plupart des joueurs de l’équipe en possession sont tournés vers l’offensive et ils anticipent très rarement la perte éventuelle du ballon. Une fois l’interception réalisée, l’ensemble de ces joueurs est pris à contrepied et ils ne sont plus en mesure de défendre.

Habituellement, nous considérons qu’un joueur peut casser les lignes soit par la passe ou par le dribble, je pense que l’interception est un très bon moyen de casser des lignes. En utilisant le packing, cette métrique qui permet de mesurer le nombre de joueurs qui ne sont plus en mesure de défendre, l’interception montre des chiffres intéressants.

Un coach doit avoir une philosophie de jeu qui soit claire, car elle va conditionner beaucoup de choses. Le directeur sportif va définir la stratégie sportive du club autour de cette philosophie. L’équipe première va être construite avec des joueurs qui sont capables d’incarner cette philosophie. L’académie va développer des joueurs qui pourront aussi l’incarner.

Je crois vraiment à la co-construction d’un projet sportif global où les gens travaillent pour quelque chose de plus grand qu’eux. Il doit y avoir de l’alignement, de la confiance et des egos mis de côté. D’ailleurs, en lien avec cette idée, c’est important pour les clubs de renverser le problème et de faire venir un coach qui est aligné avec ce que le club propose.

On ne peut pas tout changer à chaque fois qu’un nouveau coach arrive, donc pour assurer la continuité il est important que le coach soit en accord avec les objectifs du club. L’engagement dans la stratégie permettra de maintenir la culture du club. Je pense que la philosophie de jeu du club doit dépasser le coach. Après il doit y avoir de l’engagement et de la consistance dans le travail.

« Je crois vraiment à la co-construction d’un projet sportif global où les gens travaillent pour quelque chose de plus grand qu’eux. »

Ensuite, même si chaque entraineur a des spécificités dans son fonctionnement, il devra surtout avoir la capacité de s’adapter au contexte, pour gagner à long terme.

Par exemple, lorsque nous avions joué Barcelone avec Manchester City, Guardiola nous avait dit : « les gars, ce sont peut-être les deux seuls matchs (aller-retour) ou on ne va pas avoir le ballon. Ce n’est pas honteux de dire qu’ils sont meilleurs que nous. C’est justement être intelligent de réaliser que cette équipe est meilleure que nous. Mais ce ne sera vrai que deux fois dans la saison, donc tout le reste de l’année, on va être en maîtrise totale. Ces matchs-là, il faut être honnête, humble. On va travailler avec notre fil rouge, notre fil conducteur qui est de garder le ballon le plus possible parce que mis à part ces deux matchs, on maîtrisera les matchs. »

A son arrivée à Arsenal, Mikel Arteta avait des idées claires, proches de celles de Guardiola. Il s’est rapidement rendu compte qu’ils rencontraient des difficultés à ressortir le ballon comme il le souhaitait, qu’ils concédaient pas mal d’occasions et que l’équipe devenait un peu fébrile, parce qu’il y avait une perte de confiance. Il n’a pas changé sa philosophie, il a ajusté une composante de son jeu. Il se sont mis à jouer un peu plus long, pour avoir le ballon dans des zones plus avancée. Il n’a pas abandonné son idée, il s’est adapté à la situation. 

J’ai de la chance, partout où je suis passé, que ce soit à Arsenal, à City et même à Basaksehir en Turquie, j’ai été champion. Quand tu gagnes le championnat, c’est que l’équipe propose quelque chose d’intéressant offensivement. Il y a des contres exemples, mais globalement, avoir le ballon permet de gagner des titres. Je ne peux pas imaginer le football autrement.

Cela dit, j’ai échangé de nombreuses fois avec d’anciens joueurs qui sont devenus coachs et la réalité est parfois différente de ce qui est attendu. J’ai très envie de proposer un football attrayant, de possession, avec des buts. Je vais travailler pour atteindre cet objectif mais je suis conscient que j’ai beaucoup de choses à apprendre et que je manque encore d’expérience. L’important c’est que je m’entoure de personnes qui pourront me faire progresser et me challenger.

Vous abordez la question du staff. Avoir conscience de ce que l’on sait faire et de ce qu’on sait moins bien faire est un élément important lorsqu’on s’entoure. Avez-vous déjà une idée des types de profils auxquels vous ferez appel ?

 

Mon point fort c’est mon expérience du très haut niveau, la culture du travail et de la gagne, mon expertise sur ce qu’est un footballeur professionnel de très haut niveau. Maintenant je dois progresser un certain nombre de domaines. Je devrais avoir une personne qui a de l’expérience, pour pouvoir m’aider à anticiper des situations, m’aider à gérer le groupe quand le bateau tangue et m’aider dans la gestion de la dynamique des matchs. Je serais le garant de l’unité du groupe, de la cohésion et de la motivation des joueurs, mais cela ne tient souvent qu’à un fil.

 

Également, avoir un préparateur physique pour permettre aux joueurs d’être à disposition et en forme le week-end. Je l’imagine avec une certaine expertise autour de la performance physique, nutrition, sommeil, méditation etc…Et puis un coach qui sera spécialisé dans le développement individuel. Pour moi, il y a deux leviers pour faire performer une équipe, le levier collectif dont j’aurais l’entière responsabilité et le levier individuel. J’aurais besoin d’aide pour que chaque joueur devienne individuellement meilleur au cours de la saison. 

En tant que jeune coach, je manque d’expertise autour de la méthodologie de l’entraînement.  J’aurais besoin de quelqu’un qui pourra m’aider à structurer cette méthodologie, autour de mes idées. Plus notre approche sera claire, plus le discours sera clair avec les joueurs et plus ils seront convaincus par nos idées. 

 

J’ai aussi envie de travailler avec des analystes vidéos qui soient capables de faire le lien entre ce qu’ils observent et comment le transmettre aux joueurs. Les physios et le médical ont aussi une très grande importance. J’aimerais aussi travailler avec un entraineur qui maitrise la psychologie du sport, spécialiste du player care pour que chaque joueur se sente soutenu et soit au maximum de son potentiel. En fonction des structures, le staff peut être plus ou moins large. Mais le premier cercle est très important, ils vont me permettre de prendre les meilleures décisions en tant que manager. 

Comment vous formez-vous pour appréhender ce « nouveau » métier ?

Déjà, je me rends compte qu’en 20 ans de carrière, la quantité de choses auxquelles j’ai été exposées est phénoménale. Aujourd’hui, ce que je dois surtout faire, c’est structurer mes idées. Ce que j’ai vu avec Blanc, Deschamps, Wenger, Pellegrini, Mancini ou Guardiola dans le football, c’est une énorme source de connaissance. Aujourd’hui, je dois repartir un petit peu en arrière, dans les souvenirs, mettre sur papier les idées, prendre ce qui me parle le plus. 

Ensuite, je suis des formations liées au jeu et à l’entrainement. En ce sens, vos formations sur la tactique individuelle défensive et le jeu de position sont de bons exemples. Je passe également mes diplômes avec la Fédération galloise de football. J’essaye de lier l’apprentissage théorique, avec de l’expérience terrain, en prenant en charge certains entraînements. J’aide notamment des clubs à structurer leurs principes défensifs soit par de l’analyse vidéo, soit directement sur le terrain. Enfin, je m’intéresse à tous les facteurs de performance d’un coach, donc je travaille sur le leadership, la communication et la gestion de groupe. 

A horizon 10 ans, a quoi ressemblerait une transition réussie ? 

Je considérerai ma transition comme réussie, si j’atteins un certain nombre d’objectifs. L’un de mes plus grands défis, c’est d’arriver à faire miennes, les qualités que j’ai pu identifier chez mes anciens entraîneurs, afin de me donner le plus de chances de devenir moi-même un top coach. Ensuite, avoir l’opportunité de tester mes idées avec une équipe de l’élite d’ici 3 ans, dans n’importe quel championnat, serait un succès. Mais avec le désir de me former, l’humilité de savoir que des personnes peuvent m’apprendre beaucoup. Le chemin est plus important que le résultat pour l’instant. C’est finalement un cheminement assez similaire qui m’a amené à rejoindre Arsenal lorsque j’avais 17 ans. Je reste quelqu’un d’ambitieux et la Ligue des Champions sera un objectif quand le moment sera venu. 

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