Responsable de la foundation phase du PSV Eindhoven, Joop Oosterveld, coordonne l’une des phases de développement du club, où le développement de chaque individu prime sur le collectif.
Il nous propose un éclairage sur une partie du fonctionnement de l’académie du club néerlandais.
Chaque dimanche vous recevrez des idées novatrices sur l’analyse du jeu, l’entrainement ou encore l’apprentissage.
Comment définiriez-vous votre rôle au PSV et quelles sont les différentes phases de développement du club ?
J’ai une double fonction. Je suis responsable du développement de tous les entraîneurs et de tous les joueurs de notre foundation phase (8 à 13 ans). Cela représente plus de 140 joueurs et de 20 entraîneurs. Aussi, deux à trois fois par semaine, j’assiste le staff U17.
Concernant les autres phases de développement du parcours de formation, de 14 à 16 ans, c’est la development phase et des U17 à la deuxième équipe, le Jong PSV, qui joue en Division 1 (2ème division) aux Pays-Bas, c’est la professional phase.
Concernant la foundation phase, dont vous êtes responsable, quels sont les objectifs du club et comment êtes-vous organisés ?
Nous avons cinq centres de développement dans le sud des Pays-Bas, qui se trouvent sur les installations de clubs partenaires. De cette manière, nous couvrons une zone située sous une ligne imaginaire entre Rotterdam, Amsterdam, Utrecht et l’est des Pays-Bas. Nous avons aussi une grande zone en Belgique et nous avons une petite partie en Allemagne. L’avantage d’avoir cinq centres de développement différents est que les joueurs ne doivent pas se rendre à Eindhoven tous les jours pour s’entraîner. En fonctionnant comme cela, ils n’ont qu’une demi-heure, voire 45 minutes de transport pour s’entraîner dans un centre près de chez eux.
Cela nous permet aussi d’accorder une forte attention à ces joueurs, avec plusieurs entraîneurs dans chacun des centres de développement. Par exemple, nous avons plus ou moins 45 joueurs en U10 que nous avons réparti dans nos cinq centres de développement. Donc, dans chaque centre, nous avons jusqu’à neuf joueurs et deux entraîneurs par groupe.
A la fin des U12, nous réduisons le groupe, en passant de 45 joueurs environ, à une petite vingtaine. À ce stade, les enfants doivent aller à l’école et s’entraîner à Eindhoven. Nous avons deux équipes U13 et la saison prochaine nous devrions avoir deux équipes U14, car nous avons des groupes importants.
Nos deux groupes U13 sont de niveaux différents afin que le samedi, nous puissions proposer à nos joueurs, ce que nous pensons être la meilleure opposition pour leur développement. Nos meilleurs joueurs U11 ou U12 peuvent aussi jouer à 11c11 avec notre deuxième équipe U13 et nos U14 à maturité tardive peuvent évoluer en U13. Habituellement, les U12 jouent à 8c8 ou 9c9. Tous les joueurs jouent des matchs le samedi.
Vos cinq centres de développement vous offrent une couverture et un maillage intéressant. Comment est structuré votre processus d’identification des talents pour les « alimenter » ?
Nous essayons de construire un réseau, de développer une relation avec de nombreux clubs. Par exemple, nos centres de développement sont sur les installations de gros clubs amateurs qui sont nos partenaires.
Nous essayons également d’établir des liens avec d’autres clubs professionnels, mais c’est très difficile car ils y voient une forme de compétition. Ils pensent que nous voulons leurs meilleurs joueurs. Mais je pense que pour ces clubs, et j’ai longtemps travaillé au VVV Venlo, si vous avez une bonne relation avec un club professionnel de l’envergure du PSV, il y a tellement d’informations et de connaissances que vous pouvez réinvestir pour structurer et faire grandir votre propre club.
A terme, nous souhaiterions avoir une relation privilégiée avec trois à cinq clubs professionnels en Hollande. Par exemple, lorsque nous considérons que certains joueurs ne peuvent poursuivre leur développement au PSV, ils pourraient aller jouer dans ces clubs partenaires.
Nous pouvons échanger des connaissances, échanger des entraîneurs, nous pouvons les aider sur un certain nombre de sujet. J’essaie de construire ces relations, mais tous les clubs n’y sont pas favorables. Comme je le disais, ils pensent est que nous voulons leurs meilleurs joueurs.
Bien sûr, que nous voulons travailler avec les meilleurs joueurs des Pays-Bas et le PSV a tellement d’envergure, que par la force des choses, nous pouvons choisir les joueurs que nous voulons. Cependant, je pense qu’il est préférable de coopérer entre clubs, afin de proposer le parcours de développement le plus adapté à chaque joueur.
Pour être honnête, il sera difficile pour ces clubs de proposer des arguments équivalents à ce que propose le PSV, qui est le plus grand club du sud de la Hollande. A terme (10 ans), nous voulons être la plus grande académie de Hollande, que chaque jeune joueur veuille jouer pour le PSV.
Sur ces catégories d’âge, comment abordez-vous la question du temps de jeu ?
Globalement, les joueurs ont tous le même temps de jeu, mais notre focus principal pour leur développement, ce sont les séances d’entraînement. Il y a 4 ans, lorsque je suis arrivé au PSV, les joueurs s’entraînaient quatre heures et demie par semaine et maintenant nous nous entraînons 10 à 12 heures par semaine avec les U13, U12 ou U11, sans compter le match du samedi. Nous avons donc 4 à 5 séances par semaine, à raison de 2h/2h30 par séance et nous jouons un match de 70 à 80 minutes le week-end. Nous nous focalisons beaucoup sur le développement de l’individu au travers de l’entraînement, car c’est un environnement où nous avons une certaine maitrise des variables qui nous permettront de le confronter à ce dont il a besoin pour se développer.
Cela veut dire que des U10 peuvent s’entrainer avec des U12, si nous considérons qu’ils ont besoin de ce challenge. Mais nous pouvons aussi avoir des U11 qui s’entrainent avec les U10, une à deux fois par semaine. Parfois, nous inversons les catégories pour les laisser jouer contre des adversaires différents, des groupes d’âge différents. Nous essayons de choisir ce que nous pensons être le défi le plus adapté à chaque joueur le samedi. La grande différence réside dans le niveau de l’opposition ou le format, car certains enfants préfèrent jouer à 6c6 et d’autres à 9c9. Parfois, il est préférable pour certain joueur de jouer contre l’Ajax ou le Feyenoord dans leur catégorie d’âge et pour d’autres, il est préférable de jouer contre des équipes amateures qui ont un an de plus. C’est donc une véritable organisation que de proposer à chaque joueur, chaque semaine, chaque jour, le challenge dont il a besoin pour se développer.
Justement, comment déterminez-vous la situation de compétition à laquelle chaque joueur participe le week-end ?
C’est multifactoriel. Cela dépend de l’adversaire, de la période de l’année, des séances auxquelles les joueurs ont participé, etc. Par exemple, avec nos équipes U13, nous jouons parfois avec les joueurs pour lesquels nous avons des doutes, parfois un mélange, parfois les meilleurs de la catégorie d’âge. Entre U10 et U12, une fois par mois, nous évaluons le plan de développement individuel de chaque joueur avec tous les entraîneurs et tous les spécialistes. Ensuite, nous définissons pour le mois à venir, le type de compétition à laquelle ils devront être confrontés chaque samedi. En fait, notre priorité est de proposer le challenge le plus adapté aux joueurs sur l’ensemble des 10 heures d’entraînement auxquelles ils participeront durant la semaine. La compétition est juste un bloc dans la semaine, notre réflexion est globale.
C’est un gros travail d’organisation, mais si vous placez le joueur au centre de votre réflexion, le résultat sera toujours positif pour lui. Les catégories d’âge, les formats de compétition ou l’adversaire sont simplement des variables au service de son développement. Avec ce type d’organisation, qui réunit énormément de personnes différentes autour des joueurs, il faut avoir une très bonne communication, sinon cela risque d’affecter leur développement.
Dès les équipes de jeunes, les clubs hollandais affichent généralement une grande cohérence dans l’expression collective. Est-ce lié à la politique fédérale ?
Oui, c’est lié aux formations d’entraineurs délivrées par la fédération (licences UEFA). L’accent est mis sur les aspects collectif et tactique, moins sur le développement individuel des joueurs. Cependant, si vous observez ce qui se fait dans les centres de développement des grandes académies hollandaises, vous observerez exactement le contraire. Nous pensons que le développement de l’individu est premier. Nous croyons en des qualités que nous appelons super-strength (super-pourvoir) ou outstanding abilities (capacités exceptionnelles) d’un joueur. Nous pensons que ce sont ces capacités qui lui permettront d’atteindre l’équipe première. Nous recrutons donc des joueurs qui ont des capacités exceptionnelles différentes. D’ailleurs, quand je suis arrivé au PSV, il y avait beaucoup de dribbleurs. Aujourd’hui, si vous regardez nos équipes, vous verrez différentes capacités exceptionnelles. Vous verrez des dribbleurs, des passeurs, des finisseurs, de bons défenseurs, etc.
Pour ce faire, nous avons défini huit profils qui apportent de la cohérence à notre recrutement et au développement de nos joueurs. Par exemple, pour nous, un excentré doit réunir les caractéristiques suivantes : être rapide, dominer le 1c1, être un bon centreur et être capable de défendre avec beaucoup d’espace dans son dos. Nous pensons que c’est en réunissant nos 8 profils et les capacités exceptionnelles qui y sont associées, que nous pourrons construire une équipe. A l’inverse, la politique de la fédération néerlandaise et d’un certain nombre de clubs aux Pays-Bas est de tout de suite se focaliser sur le collectif, ce qui de notre point de vue, se fait au détriment du développement de qualités individuelles fortes chez les joueurs.
En suivant votre raisonnement, plutôt que de mettre les joueurs au service du développement d’équipes spécifiques, vous mettez les équipes du PSV et leur niveau de compétition, au service du développement des joueurs. Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
C’est une bonne question. Je pose toujours à mes entraîneurs la même question que le responsable de l’académie des jeunes de West Ham m’a posée il y a sept ans. Êtes-vous des entraîneurs d’équipes premières ou des développeurs ? De mon point de vue, nous ne sommes que des développeurs, nous devons donc aider l’individu et non l’équipe. Si je suis focalisé sur l’équipe, je ne peux m’occuper individuellement des joueurs. J’essaie donc de faire le contraire. Bien sûr que nous voulons gagner chaque match et bien sûr, nous développons une approche collective pour gagner nos matchs. Donc, nous utilisons aussi l’équipe pour aider à développer l’individu. Mais si nous avons des capacités exceptionnelles différentes, que nous accompagnons les joueurs en respectant leur singularité, alors au final nous aurons de bonnes équipes. Nous essayons aussi d’avoir différents types de personnes, différents types de caractères. Si vous avez 11 leaders, vous ne pouvez pas jouer en équipe. Si vous avez 11 joueurs « discrets » et que vous n’avez pas de leader dans votre équipe, vous ne pouvez pas vous développer et vous ne pouvez pas gagner. Si vous mettez les bonnes personnes ensemble, alors le groupe devient une équipe. De mon point de vue, si vous mettez l’accent sur le collectif, vous ne développerez pas pleinement les joueurs individuellement.
Ce que je préfère, c’est que nos meilleurs U12 jouent à 11c11 en U13, plutôt qu’ils jouent chaque semaine avec les U12 pour gagner des matchs. Parfois, il est préférable de perdre des matchs parce que cela leur permet d’apprendre davantage et nous permet de leur proposer une opposition d’un niveau supérieur à celui de leur catégorie d’âge. Notre priorité, c’est le développement individuel des joueurs, pas celui de l’équipe. Bien sûr, parfois quand nous allons en tournoi, nous y envoyons nos meilleurs joueurs de chaque groupe d’âge, parce qu’ils ont besoin de vivre cette expérience. Quand vous avez cette mentalité de vouloir gagner chaque match, peu importe les joueurs avec lesquels vous jouez, votre mentalité restera la même. S’ils sont habitués à être la meilleure version d’eux-mêmes, que vous avez 11 joueurs qui veulent être la meilleure version d’eux-mêmes et qu’ils ont ces capacités exceptionnelles, vous avez maintenant une équipe et vous pouvez gagner des matchs et des tournois. Encore une fois, notre attention n’est pas portée sur le collectif, mais sur les individus. Nous les challengeons chaque seconde de la journée, lorsqu’ils sont au PSV.
Bien que votre attention soit focalisée sur le développement individuel, comment abordez-vous le développement de la cohérence de l’expression collective ?
Tout d’abord, ce qui rapproche nos joueurs, c’est le partage d’une philosophie commune. Par exemple, l’une des choses qui nous caractérise, c’est que nous souhaitons que nos joueurs fassent preuve de malice, voire d’insolence. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Eh bien, lorsqu’un ballon sort en touche, qu’elle soit à nous ou l’adversaire, nous essaierons de créer de la confusion en la jouant… Ce que j’essaie de dire par là, c’est qu’à chaque match ou séance d’entraînement, nous voulons que nos joueurs aient cette envie de bousculer le statu quo. Nous voulons que nos joueurs aient cette envie de concourir à chaque instant, cette envie de gagner et d’être les meilleurs sur le terrain. Nous considérons aussi que chaque joueur doit pouvoir être la personne qu’il est à la maison, quand il est au PSV. Dans un sens, c’est une approche bienveillante, mais c’est aussi très éprouvant. C’est aussi le partage de principes de jeu articulés autour de notre box system. Ce système nous permet de développer la coordination collective, via des principes organisationnels relatifs à 7 zones. En fonction des rapports d’opposition, nous occuperons et utiliserons ces zones de manière différente.
L’adaptabilité est donc quelque chose d’important pour nous. Les joueurs côtoient 12 à 15 référents adultes différents par saison. Ils sont habitués à s’entraîner dans différents groupes, à jouer dans différents formats, dans différents groupes d’âge. Cela renforce l’indépendance de nos joueurs, qui partagent des références communes que nous considérons nécessaires pour se développer dans notre académie et qui leur permettront d’atteindre l’équipe première. Pour nous, le plus important est que chaque joueur puisse être lui-même lorsqu’il est au PSV. Ils ne doivent pas avoir à jouer un rôle ou à devenir quelqu’un d’autre, parce que l’encadrement le pense. Ils peuvent être ce qu’ils sont en tant qu’être humain et en tant que joueur de football.
Pour déterminer ces capacités exceptionnelles, êtes-vous parti de ce qui est nécessaire pour jouer avec l’équipe première du PSV ou avez-vous observé ce qui est généralement nécessaire pour réussir dans le football de haut niveau ?
Nous avons observé les profils existants dans le football de haut niveau dans son ensemble, car nous ne savons pas à quoi ressemblera l’équipe première du PSV à l’avenir. A partir de ces observations, nous avons défini et parier sur un avenir, c’est-à-dire sur le genre de joueurs dont nous pensons avoir besoin dans 5 ou 10 ans.
Dans le football moderne, il y a si peu d’espace, que la prise de décision doit être rapide. Parfois, vous devez passer rapidement, parfois vous devez dribbler rapidement. Nous voulons donc aider nos joueurs à développer les compétences nécessaires pour évoluer dans ces espaces restreints. Mais il y a aussi de grands espaces à exploiter, notamment dans le dos de la dernière ligne adverse.
Cela veut aussi dire que comme nous essayons de jouer haut, en mettant la pression sur nos adversaires, nos défenseurs doivent aussi allez très vite. Lorsque vous avez 50 mètres dans votre dos, vous devez avoir la capacité de couvrir cet espace. Il faut donc faire preuve d’adaptabilité.
Par ailleurs, un joueur doit pouvoir s’adapter à différentes organisations. Par exemple, un joueur qui n’a été éduqué que dans un 1-4-3-3, peut se retrouver en difficulté lorsqu’il devra jouer avec l’équipe première qui joue en 1-4-4-2, car les références ne sont pas les mêmes.
Donc, dès les plus jeunes, nous jouons avec différents systèmes, contre différentes équipes, dans différents formats, etc. afin d’avoir des joueurs, mais aussi des entraîneurs, adaptables. En résumé, nos joueurs doivent être capables de jouer dans de très petits espaces, mais aussi créer et/ou exploiter les grands espaces, tout en maintenant le rythme pendant tout le match.
Comment associez-vous le développement de ces capacités exceptionnelles, qui sont les points forts de ces joueurs et des éléments sur lesquels ils le sont moins ?
Chaque joueur doit pouvoir utiliser ses capacités exceptionnelles à chaque fois qu’il le peut. Si vous êtes un très bon dribbleur, nous devons créer les conditions qui vous permettront de dribbler, à votre manière. Mais dans énormément de situations, vous ne pourrez pas dribbler, il faudra passer le ballon et nous vous aiderons à développer cela. Si votre capacité exceptionnelle est la passe, vous aurez aussi besoin d’être à l’aise dans le dribble, parce que si vous ne pouvez pas passer le ballon, vous devrez être en mesure de dribbler pour vous créer des espaces ou créer des espaces pour vos coéquipiers. Globalement, 50 % de notre programme de développement est axé sur les caractéristiques que nous estimons indispensables à n’importe quel joueur de football et les 50% restants, sont liés au développement spécifique de leur(s) capacité(s) exceptionnelle(s).
Donc si nous avons de bons dribbleurs ou de bons passeurs, nous voulons qu’ils deviennent les meilleurs en Hollande sur ces aspects-là. Mais à côté de cela, nous devons aussi les aider à développer des choses dont ils auront besoin pour être globalement de meilleurs joueurs de football. Aujourd’hui, il y a 800 à 900 passes par match et une soixantaine de dribbles. C’est une énorme différence. L’action la plus fréquente en football est donc la passe, mais si vous êtes capables d’éliminer un adversaire dans une situation de 1c1, cela peut faire la différence. Au travers de nos situations d’apprentissage, nous devons aider nos joueurs à développer certaines habilités et c’est à eux de les utiliser à bon escient pour trouver les bonnes solutions. C’est à eux de prendre ce qu’ils pensent être les bonnes décisions dans un match, mais c’est à nous de les accompagner sur ce chemin.
Vous avez mis en place un système de mentorat pour accompagner le développement des joueurs. Pourquoi ?
Habituellement, une équipe est composée de X joueurs et d’un entraîneur principal. Si je suis votre entraîneur et que nous n’avons pas une bonne relation, vous êtes susceptible de partir en fin de saison. Non pas à cause de vos qualités de footballeur, mais parce que nous avons un problème relationnel. Je trouve cela dommage car chaque être humain est différent et donc chaque joueur est différent. C’est pour cela que je pense que chaque joueur doit pouvoir choisir ses propres référents, ses propres mentors. Des personnes en qui il a confiance et qui peuvent l’aider dans le football et en dehors. De mon point de vue, un joueur devrait avoir un mentor principal et une dizaine de sous-mentors.
Prenons un exemple. Vous êtes un joueur du groupe dont je suis le mentor principal, nous établissons un plan de développement individuel et vous voulez améliorer l’utilisation de votre pied gauche. Vous avez donc un sous-mentor tout trouvé, en la personne de Leo Messi, le meilleur joueur du monde avec le meilleur pied gauche. Alors, à vous de l’observer car il est l’un de vos sous-mentor pour utiliser votre pied gauche et l’améliorer. Mais, vous pouvez aussi choisir l’un des entraîneurs individuels du PSV comme sous-mentor et qui est peut-être un ancien joueur de l’équipe première ou quelqu’un avec qui vous avez un lien fort, afin d’améliorer votre pied gauche, etc. Le but peut donc être d’essayer d’émuler certaines habiletés techniques des mentors, mais aussi humaines. Ce système fait qu’un joueur peut aussi garder le même mentor durant plusieurs saisons. Nous avons des U13 qui ont le même mentor, sur la prise de décision par exemple, que lorsqu’ils étaient U11, simplement parce que leur relation avec ces mentors est vraiment bonne.
Habituellement, en fin de saison, vous dites au revoir à tous les membres du staff et vous en avez quatre à cinq nouveaux la saison suivante. Mais cela ne contribue pas forcément à votre développement individuel, qui commence en U8 et jusqu’à l’équipe première. Au cours de cette période, si vous pouvez choisir d’être entouré de tous ceux que vous considérez être nécessaires pour votre développement en tant que personne et en tant que joueur de football, je pense que c’est une bonne chose. Généralement je n’interviens pas dans le choix des sous-mentors, chaque joueur est libre de faire ce qu’il veut. Cependant, en tant que manager, je choisi parfois, car je pense qu’il serait bon pour eux d’avoir tel ou tel type de mentorat, car un mentor peut avoir un impact fort sur les joueurs.
Sur quels critères, les joueurs choisissent-ils leurs mentors et/ou sous-mentors ?
Tout d’abord, chaque joueur à son propre plan de développement individuel (Individual development plan), ce qui leur permet de définir les compétences qu’ils ont besoin de développer. Ensuite, nous avons au club une grande diversité de profils d’entraîneurs, parmi lesquels ils peuvent faire leur choix. Il y a un certain nombre d’anciens joueurs qui ont joué pour l’équipe première du PSV. Il y a aussi beaucoup d’entraîneurs qui sont très bons sur les thématiques liées à l’apprentissage. Nous avons aussi des profils qui sont spécialistes de l’entraînement individuel et qui vont analyser les séances et les matchs du mentoré. Ils ont donc accès à une grande diversité de profil, que ce soit au club ou dans leur centre de développement.
Par ailleurs, certains joueurs peuvent avoir d’autre jeunes du club comme sous-mentor. Par exemple un U10 peut prendre un joueur qui a deux ans de plus comme sous-mentor. Nous avons des U17 qui accompagnent des U13 afin qu’ils deviennent de meilleurs attaquants, de meilleurs capitaines ou de meilleurs défenseurs. Nous utilisons donc beaucoup de sous-mentors adultes, mais aussi d’autres jeunes de l’académie afin de créer une sorte de connexion entre les joueurs, parce qu’au final ce sont eux qui sont au plus proche de ce que peuvent vivre d’autres jeunes.
Les plans de développement individuel sont créés avec chaque mentor. Par exemple, dans un centre de développement, chaque catégorie d’âge a un mentor et un entraîneur principal. A la différence de l’entraineur, le mentor principal verra peut-être ses joueurs une fois dans la semaine parce que le reste de la semaine, il est l’entraîneur principal des U11 ou des U12. Nous décidons qui est le mentor principal le plus adapté, en fonction de la catégorie d’âge. Le plan de développement émerge toujours d’une réflexion associant les enfants et leurs parents. Certains enfants établissent leur propre plan de développement individuel parce qu’ils en sont capables, mais d’autres ne sont pas prêts à le faire, ils ont donc besoin de l’aide de tous les entraîneurs. Cela dépend de chaque enfant. Au niveau macro, c’est un processus sur trois, quatre ou cinq ans. Au niveau micro, il peut y avoir des évolutions tous les deux à trois mois. Le joueur peut choisir de se focaliser sur des aspects nouveaux qu’il souhaite améliorer. Cela dépend de l’individu, de ses progrès et de sa volonté de s’améliorer.
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