Chaque dimanche vous recevrez des idées sur l’analyse du jeu, l’entrainement ou encore l’apprentissage.
Comment êtes-vous venu au football ?
Dans mon parcours personnel j’ai longtemps reproduit l’opposition entre théorie et pratique. J’ai joué au football dès l’âge de 6 ans. Ce sont mes parents qui m’ont inscrit au club du petit village de l’Oise dans lequel nous venions d’emménager (en provenance d’Alsace). J’ai été gardien de but dès la deuxième année de débutant et ai ensuite joué à ce poste jusqu’en cadets DH et nationaux. J’ai arrêté le football de compétition juste après mon bac, au moment précis où j’ai débuté la philosophie.
En y réfléchissant, le football et la philosophie ont longtemps vécu chez moi de manières séparées, voire en contradiction. Quand je faisais de la philosophie, je ne pratiquais plus le football, je le regardais assez peu. Quand je faisais du football, j’étais éloigné des problématiques littéraires et philosophiques. J’étais un adolescent qui lisait peu de littérature mais s’intéressait beaucoup au football et à la presse sportive. Je regardais tous les matchs à la télévision. Entre 10 et 15 ans, l’âge d’or du football, je me suis forgé ma culture générale sportive. Je l’aimais sans aucune autre arrière-pensée jusqu’à la Coupe du monde 98.
« Le football et la philosophie ont longtemps vécu chez moi de manières séparées, voire en contradiction »
Cette année-là, j’ai 18 ans, je passe mon bac en région parisienne et suis sur les Champs-Elysées pour célébrer la demi-finale et la finale. Je me souviens de tout. Chaque match de France 98 est pour moi un sommet d’autant plus haut qu’il correspond à mon arrêt de la compétition. J’avais dû faire un choix : entrer en classes préparatoires et mener des études très exigeantes ou entrer dans un centre de formation (dès la 3ème) et espérer une hypothétique carrière dans un monde qui m’était totalement étranger.
Issu de la bourgeoisie rurale française je n’avais aucun modèle de sportif de haut niveau autour de moi duquel éventuellement m’inspirer. J’ai vite compris que les choses seraient plus simples si j’optais pour un parcours académique plus classique. C’est une constante dans la formation française : un parcours de sportif de haut niveau n’est pas compatible avec des études de haut niveau. À mon avis, le modèle universitaire américain sur ce point est largement supérieur au modèle français.
Les années qui ont suivi, le football est demeuré dans ma vie un passager clandestin au point même d’avoir arrêté toute pratique sportive durant la quasi-totalité de mes études parisiennes. En classe préparatoire, à la faculté de philosophie à la Sorbonne, à Sciences po, je regardais le football en cachette. Mes retrouvailles au grand jour avec le football remonte à mon arrivée en Espagne, en 2004, mes études enfin terminées.
« C’est une constante dans la formation française : un parcours de sportif de haut niveau n’est pas compatible avec des études de haut niveau »
J’accompagnais de vieux copains en vacances à Madrid. Sans parler un mot d’espagnol, je suis instantanément tombé amoureux de cette ville. Venu pour deux semaines, j’y suis resté 10 ans. Je sortais d’une période très compliquée. J’ai trouvé dans le football une consolation. C’était le Real Madrid des Galactiques. Je suis allé au Santiago Bernabeu voir Zidane jouer, j’ai découvert ce qu’était une culture du football, une certaine esthétique du football. Et alors, petit à petit, se sont reliés en moi deux cordes qui étaient jusque-là opposées l’une à l’autre. D’un côté, la pratique footballistique, et de l’autre, l’exercice intellectuel.
J’ai commencé à piger pour Le Parisien et Sofoot mais mon premier choc — je n’ose pas parler le « révélation » — c’est ma rencontre avec Jorge Valdano à l’occasion d’une interview qu’il m’avait accordé pour mon premier bouquin (Clasico Madrid-Barcelone, la Guerre des mondes, Hugo, 2013). En sortant de cet entretien. Je me suis mis à trembler. C’était la première fois que rencontrais quelqu’un qui parvenait à réconcilier deux pôles chez moi restés opposés.
Capable à la fois de parler de football, de sa carrière de très haut niveau comme joueur, champion du monde avec l’Argentine de 1986, puis grand entraîneur du Real dans les années 1990, directeur sportif du Real des Galactiques et, dans le même temps, un personnage intellectuel d’une profondeur incroyable, grand lecteur, écrivain talentueux et d’une admirable humilité.
« J’ai découvert que le football pouvait être un objet de culture et de civilité »
Grâce à ses chroniques dans le journal « El Pais », j’ai découvert que le football pouvait être un objet de culture et de civilité. Je suis sorti de cette conversation, je m’en souviens encore, en me disant : « Je ne sais pas comment je vais m’y prendre, mais, ce que je veux faire, ce que je peux faire, c’est ça ». Je ne savais pas sous quelle forme, ni comment, si j’allais rentrer en France, tout cela était secondaire. Je voulais écrire depuis longtemps. Je venais enfin de trouver mon sujet.
Dix ans plus tard je rencontre ma femme et rentre en France. Je m’inscris en philosophie à la faculté de Nice pour terminer mon cursus, rédiger un mémoire de recherche de philosophie du sport et préparer un projet de thèse. J’ai donné des cours au lycée, dans le Supérieur et puis les choses se sont ensuite enchaînées assez naturellement. Je suis revenu dans les médias, mais cette fois-ci, avec un propos plus clairement assumé : parler de football comme d’un objet philosophique.
Comment expliquez-vous cette opposition systématique entre le football et la culture, mais plus largement entre sport et culture. Pourquoi le football apparait comme une sous culture en France ?
J’ai beaucoup réfléchi à cette question. Elle mériterait une thèse d’histoire des idées… Mais pour le dire simplement, je crois qu’il y a une forme de double snobisme à la fois des sportifs qui rejettent toute forme de théorisation, qu’ils considèrent comme Illégitime et dénaturante. Et à la fois de la part des intellectuels qui se piquent de ne pratiquer aucun sport. Je dirais même que c’est un gage de sérieux pour un intellectuel français de ne surtout pas être qualifié de « sportif ». Dans mon parcours, j’ai essayé de réconcilier, si je puis dire, la culture académique française avec la culture sportive. À mon sens elles sont complètement imprégnées l’une de l’autre.
Mais il faut dire que chez nous le sport a pris une autre forme. Notre sport à nous c’est la politique. On le voit bien en période électorale. Tout le monde parle de politique en France comme tout le monde parle de football en Espagne, dans les mêmes termes, selon la même logique partisane. J’en veux pour preuve le vocabulaire sportif mobilisé par les « équipes » de campagnes. Pour une échéance électorale on évoque volontiers le « match », les « tacles » adressés par les « concurrents », le « duel »…
« On peine à faire libérer le sport de la morale. On n’arrive pas à le sortir d’une logique purement fonctionnelle, d’utilité »
On fait du sport sans sportif, en lui retirant son aspect pratique, la boue de laquelle il est issu. C’est assez incongru quand on pense que c’est bien la France — ce pays qui fait semblant de ne pas aimer le sport — qui a inventé presque toutes les compétitions internationales, la coupe d’Europe, la coupe du monde.
D’où vient ce paradoxe ? On peine à faire libérer le sport de la morale. On n’arrive pas à le sortir d’une logique purement fonctionnelle, d’utilité. Dans notre pays, le sport doit absolument « servir à quelque chose ». Au choix : maigrir, être en bonne santé, se dépenser, gagner des titres, occuper des pages dans les journaux, éduquer les braves gens… Le sport pour le sport, le sport comme spectacle, comme objet de culture, c’est quelque chose qui semble impensable.
« Notre problème vient de notre difficulté à accepter que le sport et le football en particulier puisse être un objet de connaissance en tant que tel »
Cela dit, pour être juste, certains intellectuels se sont effectivement penchés sur le sport en France, c’est vrai. A commencer par les historiens et les sociologues. Mais de façon assez parcellaire à mon sens, tâchant péniblement de plaquer sur lui des concepts élaborés dans d’autres disciplines. C’est parfois pertinent pour illustrer quelques idées (le concept d’habitus chez Bourdieu par exemple ou l’histoire du sport qui dit des choses très intéressantes sur la construction des institutions sportives) mais les références aux compétitions, à la discipline propre à chacun des sports étudiés sont souvent désinvoltes. On a parfois tendance à rester « à l’extérieur » du sport sans lui reconnaître une spécificité.
Notre problème vient de notre difficulté à accepter que le sport et le football en particulier puisse être un objet de connaissance en tant que tel. On se refuse à penser le football depuis l’intérieur. Voilà ce que voulait dire Pablo Longoria dans une interview célèbre quand il regrettait l’absence de « concepts » français de football. Les philosophes se sont en effet souvent tenus à l’écart du football. Au regard de l’histoire des idées en France c’est assez paradoxal.
« En réalité la philosophie française est omniprésente comme fondement théorique des grands penseurs du football… à l’étranger »
Car ce qui qui m’est apparu à l’occasion de mes recherches et des rencontres c’est qu’en réalité la philosophie française (en particulier le structuralisme et le travail d’Edgar Morin) est omniprésente comme fondement théorique des grands penseurs du football… à l’étranger (Paco Seirul-lo en Espagne, Manuel Sergio au Portugal). Ces hommes s’inspirent souvent des concepts forgés par Maurice Merleau-Ponty, à commencer par celui de « motricité » ou de « situation ». Mais ces références ne nous reviennent que par ricochet. On a découvert par exemple très récemment, par le biais de Leonardo Jardim entraînant Monaco, que la pensée d’Edgar Morin a eu une influence considérable dans le football européen. Partout, sauf en France.
Dans cette lutte entre le rapport au savoir et le rapport au pouvoir qui se joue dans le football, français, la place de la presse sportive française et son seul quotidien sportif ne représente-t-il pas un élément caractéristique ?
L’Equipe est une institution en tant que telle et un titre extrêmement prestigieux à l’étranger. Il est l’héritier de ses grands fondateurs (Ferran, Hanot) et de ses grandes plumes (Montaignac, Blondin, Goddet, Brunel). À ce titre il occupe une (légitime) place centrale dans l’histoire du football mondial. Lors de la réouverture des terrasses au printemps, il était très intéressant de voir un homme politique, ministre de la république (Bruno Le Maire), se faire photographier en terrasse lisant l’Equipe, gage de popularité dans tous les sens du terme. Mais cette référence ne va pas au-delà du pittoresque de la communication politique. L’Equipe est beaucoup plus qu’un simple quotidien sportif.
Le monopole du journal l’Equipe est surtout le symptôme du pré carré dans lequel le sport a été cantonné. On a fait un quotidien de sport, comme on demanderait aux enfants de sortir de table pour aller jouer et laisser les adultes discuter en paix. Il y a une forme d’exception culturelle inversée, tout est culture en France, sauf le sport. Ce phénomène s’explique de différentes manières.
« Il y a une forme d’exception culturelle inversée, tout est culture en France, sauf le sport »
D’un point de vue économique, le monopole de L’Equipe a été régulièrement contesté. Le Groupe Amaury a développé dans son histoire de nombreuses stratégies d’obstruction face à l’irruption sur le marché de concurrents directs (Le Miroir du football dans les années 70, Le 10 Sport plus récemment). Mais d’un point de vue plus large, au-delà de la stratégie économique, ce monopole est le symptôme et peut-être aussi la cause d’un certain réductionnisme: le football serait seulement une affaire de spécialistes.
En réalité ce qui interpelle, plus que le monopole de L’Equipe, c’est la maigreur des pages football (et sportives) dans nos grands quotidiens. Cette tendance est révélatrice de ce que représente réellement notre football dans notre société pour une bonne partie de nos élites : très peu de choses dans l’actualité du pays.
Dans le Times, le Guardian, El Pais, des reportages très complets avec des journalistes qui se côtoient, d’une section à l’autre (faisant souvent la navette entre les pages culturelles, sportives, politiques…) font naturellement du football un objet culturel. En France nous avons tendance à maintenir le sport à l’écart et en surface. Le discours de la profondeur est très difficile à faire entendre.
Ce paradoxe concerne aussi les footballeurs eux-mêmes, puisqu’à l’étranger, Jorge Valdano, mais aussi Pep Guardiola en 2006, rédigeaient des chroniques sur le Mondial. Pourquoi en France, les techniciens ne prennent-ils pas la plume pour partager leur vision, leurs convictions ?
Raí a publié dernièrement une excellente chronique dans Le Monde mais il est justement issu d’un pays où le football est un objet de culture. Ne nous étonnons pas que les profils de ce type soient si rares en France. A force de parler de pragmatisme, de vérité du résultat, de réduire la réflexion à la question du mental, de laisser entendre que les idées, la réflexion, pouvaient être un obstacle à la performance, il est devenu très difficile de demander aux mêmes personnes, par la suite, de tenir un discours élaboré, argumenté, nuancé sur leur pratique et son évolution. L’intelligence des sportifs est chez nous un objet de raillerie. S’il veut être tranquille et éviter les problèmes, le footballeur n’a pas intérêt à se piquer d’écriture ou de philosophie.
Il y a pourtant des hommes et femmes d’une compétence remarquable et d’un niveau intellectuel extrêmement élevé. Ce que fait Régis Le Bris au centre de formation de Lorient sur la verbalisation, par exemple, c’est très intéressant. Juanma Lillo me confiait récemment que Diego Maradona, qu’il a bien connu, était perçu comme un garçon un peu limité, faisant des déclarations à l’emporte-pièce. En réalité, dans son cercle intime, Diego connaissait extrêmement bien le football et adorait en parler pendant des heures. Il connaissait le moindre joueur de deuxième division italienne à une époque où les matchs n’étaient pas aussi diffusés que maintenant.
« A force de parler de pragmatisme, de vérité du résultat, de réduire la réflexion à la question du mental, de laisser entendre que les idées, la réflexion, pouvaient être un obstacle à la performance, il est devenu très difficile de demander aux mêmes personnes, par la suite, de tenir un discours élaboré, argumenté, nuancé sur leur pratique et son évolution »
La conversation de football est en effet un plaisir indescriptible. Les Argentins le savent bien. Dans ce pays la parole « naît au ras du geste » (pour parler comme Ricœur), elle fait véritablement apparaître la belle action. Le 1er but contre les anglais « la mano de Dios » en coupe du monde 1986, ainsi que le second but, sont indissociables de leur narration, du commentaire de Victor Morales. En France, on s’interdit de faire du commentaire comme les sud-américains, parce que nous avons très peur de l’émotionnel, de la dictature des émotions. Mais ne nous y trompons pas. L’habitude des émotions fait que ces cultures administrent beaucoup mieux leurs passions. Les effusions ont une vertu cathartique complètement assumée.
« La conversation de football est en effet un plaisir indescriptible. Les Argentins le savent bien. Dans ce pays la parole « naît au ras du geste » (pour parler comme Ricœur), elle fait véritablement apparaître la belle action »
Au pays de Descartes, c’est plus honteux, moins maîtrisé. Une élimination de l’Equipe de France donne lieu à un psychodrame fait de non-dits, de paroles non-assumées, de frustrations, de sentences morales. Tout cela vient d’une absence de verbalisation, d’un refoulement généralisé de la part des joueurs, des entraîneurs ou des journalistes qui, paradoxalement, dans ce genre de circonstances ont les plus grandes difficultés à parler de football. C’est sans doute par pudeur ou manque d’habitude.
Il est difficile de valoriser cette notion de beau jeu en France, alors que dans l’esprit du monde, la France est justement le pays du beau, de la mode, de la gastronomie, des arts ou de la philosophie ?
Je suis supporter d’une idée dont la France est épisodiquement porteuse. Mais cette idée peut voyager d’un pays à l’autre, d’une équipe à l’autre. En quoi consiste-t-elle ? J’aime quand on essaie de transmettre des émotions par le jeu. Le football devient alors un spectacle dramatique dans le bon sens du terme. Il parvient à réunir les hommes et susciter provisoirement, le temps d’un match, d’une action, une harmonie collective. Peu importe qu’elle soit passagère ou même factice. Elle existe.
« J’aime quand on essaie de transmettre des émotions par le jeu. Le football devient alors un spectacle dramatique dans le bon sens du terme »
Je ne dis pas que le football est un art. Je dis qu’il ressemble à l’art parce qu’il joue la même fonction que le divertissement. Il nous détourne de la gravité pendant quelques minutes pour nous faire contempler une beauté salvatrice. C’est sa seule utilité. Pour le reste il ne « sert » à rien d’autre qu’à se sentir vivant.
Je reproche à la Fédération Française de Football un certain obscurantisme quant à la réalité du football français, sa profondeur historique, la qualité de certains de ses membres qui œuvrent au quotidien et dans l’indifférence générale. Effectivement, la France est connue pour le raffinement de ses arts, de sa gastronomie, pour la vision esthétique qu’elle a d’elle-même. Qui n’a jamais, à une table étrangère, défendu le vin de Bordeaux, la Joconde ou le Camembert ?
« Au pays du Louvre, de Chanel, de De Gaulle ou de Daft Punk, l’essentiel est ailleurs. L’important c’est le voyage, pas la destination »
Je ne m’attaque pas au sélectionneur national, au président, ou au football français en général. Ce qui me préoccupe c’est le discours qui tend à faire l’éloge automatique du résultat parce qu’il est toxique. Le sport et le football en particulier n’ont rien à voir avec ce genre de discours. Non pas que le résultat ne soit pas important mais personne n’a jamais admiré un tableau d’affichage ou un compte de résultat. Au pays du Louvre, de Chanel, de De Gaulle ou de Daft Punk, l’essentiel est ailleurs. L’important c’est le voyage, pas la destination.
L’éloge du résultat semble être quelque chose d’assez récent dans l’histoire du football français et semble coïncider avec l’obtention de résultats probants dans les compétitions internationales depuis une trentaine d’années. Auparavant, une certaine idée du jeu était-elle davantage prônée par les sélections nationales de 1958, 1982 ou 1984 et les grands clubs français aux épopées européennes des années 50, puis 70, et plus régulièrement les années 90 ?
Le culte du résultat fait historiquement partie du discours du sport, mais il n’en est qu’une déformation. Déjà dans les années 60, Jacques Ferran rédigeait des éditoriaux assez sanglants contre le grand Reims qui ne gagnait plus. Il raillait à ces occasions le « petit jeu » d’Albert Batteux. Le football réclamé était déjà celui des britanniques (éternelle référence). Un jeu à l’énergie, plus à même, disait-on déjà, de triompher en Coupe d’Europe (alors que Reims avait déjà atteint deux finales de C1 en pratiquant un jeu d’association).
Il y a une tendance, dans le football français, mais comme partout ailleurs, à considérer le résultat comme le maître absolu. La sentence définitive et incontestable qu’il semble livrer est effectivement séduisante pour les esprits paresseux. Mais on confond résultat et vérité. Ce sont deux choses différentes. Mon propos c’est de rappeler que le résultat en sport est indissociable de la manière.
« Au football, aucune équipe ne décidera jamais de mal jouer volontairement. La manière c’est la définition du football »
L’alternative jouer bien/résultat final est fausse. Ce n’est pas comme ça qu’il faut poser le problème. Tout le monde joue pour gagner. Dans un match de five avec des copains, tout le monde va vouloir gagner et tout faire pour y parvenir à la hauteur de ses moyens. Que l’on soit Diego Simeone ou Pep Guardiola, la question qu’on doit se poser en réalité est la suivante: « comme vais-je bien jouer pour pouvoir gagner ? » Soyons clairs, au football, aucune équipe ne décidera jamais de mal jouer volontairement. La manière c’est la définition du football.
En 1998, tout le monde était content de clamer, que l’équipe de France jouait enfin à gagner comme les Italiens. Mais je crois qu’avec les années, les titres, les choses sont maintenant différentes. L’urgence du palmarès étant dépassée, le débat change de nature. L’histoire oblige. Compte tenu de son palmarès et de ses ressources, la France ne peut plus se contenter de victoires minimalistes. A ce titre il est intéressant de remarquer que la victoire en coupe du monde 2018 de la sélection de Didier Deschamps n’a pas généré de grande vague d’adhésion en Europe au contraire de ce qu’il s’est passé récemment avec le Danemark, l’Italie ou même l’Espagne.
La France est respectée, elle est même crainte, mais elle n’est pas aimée. Je trouve cela dommage parce que si le football est précisément un objet de culture, l’idée est de susciter de l’adhésion, du dialogue, plutôt que de semer de la frustration. La plus grande récompense serait de forcer l’admiration de nos voisins. Voilà ce que serait une stratégie d’influence par le sport. Lisez la presse européenne, c’est loin d’être le cas.
L’Allemagne et l’Italie, plus surprenante, dont Arrigo Sacchi disait lui-même qu’elle avait attaqué pour la dernière fois à l’époque de l’empire romain, ont entamé une certaine révolution de leur jeu. Pourquoi ces deux nations, très souvent titrées ont-elles revu leur « logiciel » ?
Je me souviens qu’en Espagne en 2014, l’élimination au premier tour de la « Roja » n’a pas empêché les gens de réclamer le retour du résultat et d’arrêter avec le style de possession qui pourtant venait de leur apporter (au moins) 3 titres majeurs. Des entraîneurs « résultadistes » comme Javier Clemente ou Antonio Camacho sont alors revenus sur le devant de la scène. Le jour où l’Italie de Mancini perdra un match, vous pouvez être certains que les idéologues du Catenaccio retrouveront une nouvelle jeunesse.
Ainsi va la conversation de football. Il y a toujours cette tension entre d’un côté la joie définitive que procure le résultat et de l’autre, une éthique de l’effort qu’il faut produire pour obtenir ce résultat. C’est une définition méritocratique du sport énoncée par Pep Guardiola lui-même, contestant l’idée d’une Super League (quasi) fermée. Le sport c’est l’effort qu’on fournit pour obtenir un résultat.
« Il y a toujours cette tension entre d’un côté la joie définitive que procure le résultat et de l’autre, une éthique de l’effort qu’il faut produire pour obtenir ce résultat »
Je conçois parfaitement que les jeunes et les plus jeunes soient heureux de la victoire de l’équipe de France à la Coupe du monde 2018. Il n’est pas question de leurs gâcher leur joie ou leur fierté. Mais on a le droit de voir les choses autrement et de penser que remporter un titre — aussi important soit-il — n’est en aucun cas une garantie de progrès du football national.
Ce que je reproche à l’équipe de France c’est que toute forme de dialogue est devenue impossible à son sujet. Sous une forme de mépris poli, d’ironie facile sur les philosophes et les intellectuels du football, on écarte d’un revers de main tout l’héritage des sciences humaines et sociales en invoquant un hypothétique « très haut niveau » pour mieux souligner cette césure.
« C’est le travail de la culture que de rendre le dialogue possible et de résoudre les antagonismes à travers le langage. Sans langage il ne peut y avoir de collectif, sans collectif il ne peut y avoir de football »
Je ne crois pas qu’il faille formée des équipes de philosophes, mais je suis convaincu que certains joueurs auraient besoin de cette controverse sur le jeu, de dialoguer sur le sens de leur métier plutôt que de surjouer le rôle du sportif un peu naïf formé à la langue de bois. C’est le travail de la culture que de rendre le dialogue possible et de résoudre les antagonismes à travers le langage. Sans langage il ne peut y avoir de collectif, sans collectif il ne peut y avoir de football.
En France, les joueurs semblent traîner des pieds à l’idée de parler de jeu, n’est pas parce que cela renvoie à quelque chose de très personnel, presque intime ?
Parler du jeu renvoie dans un premier temps à quelque chose de dangereux pour les joueurs, qui pourrait être perçu comme une remise en cause de l’autorité de l’entraîneur. Dans la majorité des cas, c’est une crainte plutôt justifiée dans la mesure où ils sont nombreux à voir dans le dialogue, une forme de contestation. C’est pourtant le contraire qui est vrai.
Le dialogue permet précisément de surmonter l’antagonisme et de parvenir à des chemins communs. Mais c’est difficile. Je me souviens très bien de discussions avec un ancien rédacteur en chef de L’Equipe qui me confiait qu’au premier sujet sur le jeu publié, le journal se faisait taper sur les doigts par les lecteurs. Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé. La polémique a remplacé la controverse.
« Pour connaître le football il faut commencer par l’aimer. Plus on l’aime, plus on a envie de le connaître. C’est ça la culture, ce mouvement là, ce n’est pas un simple recueil d’informations ou de données à transmettre »
Faut-il laisser la conversation de football aux seuls anciens joueurs ou spécialistes ? Heureusement que non ! Sans les mots, sans le langage, le football est voué à devenir une chose inerte. C’est la raison pour laquelle je me bats pour faire du football un objet de discussion. La seule condition, à mon sens, c’est l’amour pour l’objet. Évidemment que la connaissance importe mais à une condition : pour connaître le football il faut commencer par l’aimer. Plus on l’aime, plus on a envie de le connaître. C’est ça la culture, ce mouvement là, ce n’est pas un simple recueil d’informations ou de données à transmettre.
« On paie pour des certitudes ou des solutions, jamais pour des doutes et des problèmes »
Évidemment, tout cela a un coût : il faut admettre sa propre ignorance et c’est parfois vertigineux. Se défaire de ses propres préjugés pour les questionner est effrayant. Personne ne veut aller voir un président et faire part de ses doutes. Personne ne paiera quelqu’un pour qu’il fasse état de ses interrogations, y compris dans le journalisme. On paie pour des certitudes ou des solutions, jamais pour des doutes et des problèmes.
J’admire la démarche de Pep Guardiola parce qu’il passe sa vie à questionner ses propres principes alors qu’à ce niveau de responsabilité on comprendrait assez facilement qu’il soit davantage dans une logique de gestion et de stabilité. Pour résumer je dirais que le football n’est pas (seulement) un sport, c’est un moyen d’expression. Mais encore faut-il avoir quelque chose à dire.
C’est un parallèle intéressant, puisque Francisco Seirul Lo Vargas, responsable du département méthodologie au FC Barcelone, déclarait il y a quelques années que le football, tel qu’il est pratiqué dans ce club, s’apparente à l’apprentissage d’une langue. Faudrait-il le pratiquer toute sa vie pour avoir des choses à dire et si possible des choses intéressantes ?
Le football n’est pas exactement une langue. Il ressemble à une langue. La nuance est importante. Lacan parle de l’inconscient « structuré comme un langage ». Je crois que le football est lui aussi structuré comme un langage avec du signifiant — des déplacements par exemple — et du signifié — un appel de balle. Le football parle au sens propre. Il veut dire quelque chose à quelqu’un. On dit des joueurs qui évoluent en harmonie qu’ils « s’entendent bien », se « comprennent ». Ce n’est pas pour rien.
Cette structure langagière est commune à toutes les équipes. En danse on parle bien de « grammaire » pour évoquer l’ensemble des mouvements. Le football a lui aussi sa syntaxe, ses règles d’accords et sa conjugaison. Il fonctionne comme un langage. Comme l’art, l’amour ou le culte des morts, il est donc d’abord un rapport au monde, une certaine manière de se comporter dans le monde, un style d’existence.
A propos du « beau » dans le football, comme notion subjective, les dernières compétitions mettent en lumière des équipes qui partagent de nombreuses caractéristiques à l’image du Danemark, l’Allemagne, les Pays Bas, l’Espagne ou l’Italie. Pourquoi cette notion est-elle si difficile à appréhender et parfois un peu contre intuitive ?
Effectivement, tout le monde peut constater que chacun a sa sensibilité, évolue au gré de son parcours dont il n’est pas possible de faire abstraction. C’est sa part subjective qu’on appelle le « goût ».
La sociologie s’intéresse beaucoup à ces choses qui exercent sur lui des influences considérables (éducation, milieu, trajectoire collective, conditions d’émergence). C’est intéressant mais on passe à côté d’une constatation que tous les amateurs de football partagent : on a tous une idée commune quand on parle de « beau jeu », « beau geste », « beau but », « belle action ». On voit tous de quoi on parle en dehors de toute subjectivité. C’est peut-être donc que le beau n’est pas subjectif.
En réalité je pense que le beau est quelque chose d’universel, et non pas seulement subjectif. Quand je dis que le tableau de la Joconde est beau, que le Barça de Guardiola « c’est beau », je ne dis pas « j’aime le Barça de Guardiola ou la Joconde ». Autre exemple, à la sortie du cinéma, quand vous demandez à un ami son avis sur le film que vous venez de voir et que vous avez aimé (ou pas), le débat va s’engager.
« On a tous une idée commune quand on parle de « beau jeu », « beau geste », « beau but », « belle action ». On voit tous de quoi on parle en dehors de toute subjectivité. C’est peut-être donc que le beau n’est pas subjectif »
Vous allez présenter des arguments : tel acteur, le scénario, telle scène… Comme s’il s’agissait d’un problème de mathématique. Kant (La critique de la faculté de juger) décrit très bien ce paradoxe. Le jugement de goût a l’air d’être subjectif sur le fond mais en réalité prend une forme logique. C’est une idée très profonde et que je crois assez juste. Le jugement de goût c’est une contradiction : c’est du subjectif qui se veut universel.
Quand je juge du beau, je ne juge pas seulement pour moi. Je juge pour les autres. À ce titre, tout le monde est d’accord pour dire que l’Ajax d’Amsterdam de 2018 et 2019, dans son parcours en Europa ligue et Ligue des Champions, c’était une très belle équipe à voir jouer. Quiconque connaît un peu le football ne peut pas dire que cette équipe était moche. Ce faisant, je rappelle la définition du beau chez Kant « ce qui plaît universellement sans concept ».
« Le football entendu comme « beau jeu » est une excuse pour parler, échanger, faire société »
Les théories du « beau jeu », parce qu’elles prétendent (à juste titre) à l’universel sont donc très irritantes pour les « résultadistes » qui se trouvent confronter à leur propre égoïsme. L’équipe de France de Didier Deschamps ne donne rien, « ne lâche rien » comme il le répète souvent. Effectivement elle retient tout pour elle indépendamment des attentes et des émotions suscitées. Dans la même veine, Thierry Laurey déclarait qu’il se fichait du public de Ligue 1 et Aimé Jacquet répétait souvent que le football n’était pas « un spectacle ». C’est regrettable et explique assez bien le mépris à l’égard des émotions évoqué plus haut.
Je considère pour ma part le football comme un objet culturel, d’échange, de partage. Le football entendu comme « beau jeu » est une excuse pour parler, échanger, faire société. Le football, dans beaucoup de pays, a cette fonction. C’est du « small talk », une manière de parler de la pluie et du beau temps. Dans une société, c’est aussi important de parler de la pluie et du beau temps que de dire « bonjour » ou « merci ». C’est ce qu’on appelle la « civilité ».
Les défenseurs d’un football pragmatique, au-delà des jugements de valeur, proposent-ils des choses contre productives ?
En premier lieu, il faudrait renoncer à cette opposition Beau jeu/Pragmatisme. Elle supposerait que les partisans du jeu auraient renoncer aux contraintes de la réalité. C’est faux. Regardez l’équipe du Danemark à l’Euro. On est loin d’une équipe d’utopistes. Après un match perdu d’entrée (contre la Finlande 0-1, à domicile, et la perte de leur meilleur joueur à la suite d’un grave malaise cardiaque) les joueurs ont voulu répondre à la mort à peine vaincue par l’insolence d’un jeu audacieux qui a forcé l’admiration de tous. C’est précisément parce que le Danemark aurait pu être fondé à employer une stratégie réductionniste mais y a renoncé par amour du jeu que le public s’est empressé de regarder leur match.
« C’est le risque qui fascine et suscite l’adhésion, pas la prudence ni le calcul »
C’est le risque qui fascine et suscite l’adhésion, pas la prudence ni le calcul. L’Ajax d’Amsterdam de 2019 dégageait cette même insolence. Au point de renverser le grand Real Madrid, chez lui, devant un public médusé par cette bande d’importuns. Fin connaisseur, le public du Bernabeu a fini debout, rendant hommage à cette équipe qui venait pourtant de coller une danse à ses joueurs. Le beau ce n’est pas subjectif. Nous aimons tous les mêmes choses mais nous ne le savons pas.
Je préfère donc reprendre cette opposition entre idéalisme/résultadisme. Les résultadistes ne jouent pas au football. Ils jouent à gagner. Pour les premiers le football est un objet de culture, pour les seconds un objet de convoitise.
Au-delà, peu-être, d’un manque de crédit sportif en France, est-ce que le choix d’Aymeric Laporte (rejoindre la sélection nationale espagnole) pourrait être interprété comme la conséquence d’une certaine lassitude du pragmatisme français en matière de football ?
Même si je ne veux surtout pas sous-estimer le plaisir qu’il y a à gagner, je m’interroge sur la nature de la satisfaction ressentie par les joueurs sur le terrain. Le discours de la gagne est très séduisant, c’est vrai, même s’il relève surtout de la pensée magique. Il est fondé sur des considérations relativement ésotériques du type « la confiance », « le mental », « l’état d’esprit »…
Sans vouloir retirer le moindre mérite au sélectionneur, la victoire de 2018, par exemple, est le fruit de beaucoup d’impondérables, de hasards. En football, compte tenu des écarts très minimes au score, le hasard et la chance ont tendance à déformer l’évaluation des performances. Mais le résultat étant objectivable — personne ne conteste un tableau d’affichage — on a pris l’effet pour la cause. Ce qui fait que désormais les analyses livrées, par prudence ou paresse, sont faites rétrospectivement à partir du résultat final.
« En football, compte tenu des écarts très minimes au score, le hasard et la chance ont tendance à déformer l’évaluation des performances »
L’affaire Aimé Jacquet et la campagne de presse initiée par L’Equipe en 1998 a mis un terme au journalisme d’analyse. Pour des raisons commerciales que je comprends parfaitement (les dirigeants de l’époque ne s’en sont d’ailleurs jamais caché), le choix a été fait de réaliser désormais un journalisme d’accompagnement. Accompagner l’émotion générale plutôt qu’apporter une lumière sur un événement. C’est un choix philosophique. Dire aujourd’hui que le football est aussi, et surtout, un spectacle (comme le faisait l’Equipe jusqu’en 1998) n’est plus faux mais est est devenu inaudible au risque de se couper avec les résultats de l’équipe de France. Voilà 20 ans qu’on ne pense plus le football en France comme spectacle.
On se retrouve donc aujourd’hui confronté à une impasse pour expliquer le désintérêt croissant pour la Ligue 1 et la pauvreté des performances livrées sur la scène européenne. C’est un peu comme si les grands studios de cinéma avaient de magnifiques acteurs, des décors convainquant, des effets spéciaux stupéfiants mais ne produisait aucun scénario, n’embauchait jamais de bons metteurs en scène, se contentait de regrouper des hommes sous une lumière et de se mettre à filmer.
La réforme du football français, l’inventaire à réaliser sur la gestion des droits de retransmission et la gestion des clubs, ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur le jeu et ses conditions d’émergence en France. Or, la fédération s’est toujours refusée à intervenir dans cette réflexion. Elle ne daigne d’ailleurs pas répondre aux invitations de la commission Juanito-Roussel sur la gestion des droits télévisuels. Le président de la Fédération, en vertu de sa délégation de service public, a pourtant largement droit au chapitre.
Le principal problème, à mon sens, est celui des diplômes et la notion « d’employabilité » en particulier. La méritocratie devrait être la norme comme dans toute administration. La France de 2021 n’est plus celle de 1998. Elle exige davantage de rigueur, de démocratisation et de transparence dans la gestion des formations et des carrières. Trop de personnes de grande qualité sont laissées de côté et contraintes de passer leur diplôme à l’étranger (quand elles n’abandonnent pas) faute d’ouverture aux formations de haut niveau. Il est normal qu’une sélection d’élite se fasse. Mais, comme dans la totalité des diplômes et concours, elle doit pouvoir se faire uniquement sur la base du mérite individuel et non à partir de critères trop vagues pour ne pas s’avérer discriminant.
A une époque, le football des sélections surpassait celui des clubs, mais d’aujourd’hui les clubs sont devenus des sélections multinationales. N’attendons-nous pas des sélections nationales, un niveau d’expression impossible à atteindre ?
C’est vrai qu’on peut constater un certain affaissement du football de sélection par rapport à celui des clubs professionnels. Mais je ne suis pas forcément convaincu par les raisons qu’on peut entendre ici ou là comme le « manque de temps en sélection ». Au contraire, comme l’a très bien dit récemment Roberto Martinez dans Sofoot, on pense à tort que les sélections ont moins de temps pour développer un modèle de jeu. En réalité, c’est le contraire qui est vrai.
En travaillant de façon longitudinale, à partir des U16 jusqu’aux A, à raison de six ou sept rassemblements par an, les techniciens ont en réalité beaucoup plus de temps qu’en club. Ils ont même la possibilité de suivre les progressions de près. La majorité des effectifs de sélection A sont composés d’anciens internationaux chez les jeunes. Le problème tient davantage du déficit d’idée qu’à un déficit de temps.
L’équipe du Danemark travaille depuis plusieurs années pour développer une nouvelle idée de jeu. En France, nous souffrons de la « malédiction du pétrole » : nous avons tellement de ressources financières, humaines, structurelles que nous n’avons plus d’idée. Il devient quasiment impossible de développer un projet sur le long terme tant la profusion du présent tend à aveugler toutes velléité prospective. C’est regrettable quand on sait la richesse du vivier d’éducateurs, énormément de compétences sont gâchées par pur conservatisme.
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