Filiation de concepts pour analyser la dynamique du jeu en football

Proposition théorique de © Jean-Francis Gréhaigne, professeur des Universités honoraire en STAPS de l’Université Bourgogne Franche-Comté.

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Cette notion de filiation entre les concepts souligne le lien de continuité, le fil conducteur entre des choses ou des idées reposant sur un enchaînement logique. La connaissance du jeu n’est pas l’apanage du seul «joueur» ni de l’objet (pour nous, une rencontre de football), elle commence par des interactions. Quand ces interactions entre sujets et objets se composent d’actions isolées et non coordonnées, il n’y a ni objet ni sujet.

Lorsque ces interactions débouchent sur des coordinations ou une filiation alors on peut parler de construction réciproque et simultanée de l’objet et du joueur. La situation de jeu est à entendre comme une donnée structurante pour l’activité. Elle peut être définie soit à partir de la tâche soit de ses conditions d’exécution et exigences.

L’activité est le principal moyen de relation du joueur avec le jeu, une prise de contact avec la réalité qui se réalise par des actions au regard des conditions et exigences de la situation et des habitudes du joueur. Toute activité est située : situation et activité forment un couple indissociable (Mayen, 2004).

Chaque chose apprise n’ a aucun intérêt si elle ne s’ inscrit pas dans un cadre plus vaste, par niveaux d’ organisations et régulations intermédiaires, une sorte de filiation logique qui renvoie à un lien de continuité, un fil conducteur entre les concepts montrant un enchaînement logique de ces concepts et dérivés les uns des autres.

Néanmoins, un double processus gère l’évolution du jeu et de ses rapports de forces. D’une part, on a un processus physique qui fait référence à l’évolution spontanée du système d’affrontement, d’autre part, un processus informationnel qui fait appel à un recueil d’informations sur ce système et utilise cette information pour modifier les actions et ainsi changer l’organisation du système.

Le second processus peut être précisé en détaillant pour le joueur, cinq types d’activités qui interviennent de façon cyclique dans son fonctionnement (cf. l’analyse de l’acte tactique en jeu de Mahlo, 1969) :

            – l’activité d’information consiste à traduire sous forme conceptuelle les phénomènes réels observés (perception) ;

            – l’activité prospective consiste à construire des schémas probables, possibles ou souhaitables dans le futur (planification) ;

            – l’activité de décision consiste à traduire des intentions et aspirations en actes sur le réel (programmation et gestion) ;

            – l’activité d’exécution consiste à transformer le système par des actions volontaires et coordonnées (exécution) ;

            – l’activité de contrôle consiste à recueillir des informations sur le résultat des actions afin de continuer ou de transformer l’action en cours et/ou à venir (régulation).

Dans ces conditions, l’évolution des configurations momentanées du jeu doit être recherchée dans les configurations précédentes, le contour du dispositif défensif ainsi que les effets et les choix tactiques qu’ils ont entraînés. Dans cette intrication d’évènements, les termes transition et réversibilité recouvrent des concepts qui prêtent souvent à confusion quand on a recourt à une approche technologique des sports collectifs (Bouthier, 1993 ; Bouthier & Durey, 1994).

Les « formateurs auto-proclamés » du web emploient couramment l’une pour l’autre sans problème. Cependant, la mise en mots et la formulation des problèmes posés par les sports d’équipe doivent être précises pour éviter les difficultés d’un échange en l’absence d’un vocabulaire approprié.

En effet, une verbalisation s’appuyant sur des concepts clairement définis facilite la réflexion et l’observation. En s’appuyant sur des données fiables, il est possible de la sorte de mener un échange fructueux entre entraîneurs dans un séminaire ou entre joueurs dans un débat. Ici, le fait d’affirmer simplement qu’un mot signifie quelque chose de précis est une opération qui vise à donner une idée la plus juste possible de la réalité du jeu.

Aussi, dans cet article nous allons examiner successivement les emplois des concepts de transition, réciprocité et de réversibilité dans leurs aspects théoriques et tactiques en football afin de remédier aux confusions possibles tout en visant pour les joueurs le développement d’une pensée tactique où les actes intelligents consistent à inventer des réponses non inscrites dans les données immédiates de la configuration du jeu.

L’organisation des systèmes complexes comme un match de football montre que la plus petite entité du jeu n’est pas figée c’est, au contraire, un rapport de forces, une relation, une interaction.

1. La dynamique de la confrontation

Dans les sports collectifs, l’objet de chacune des actions offensives est de provoquer et d’exploiter un déséquilibre du dispositif adverse afin de marquer un but. Les attaquants doivent s’efforcer de prendre de vitesse la reconstitution par l’équipe opposée d’un équilibre défensif ou d’amener le barrage adverse dans une position critique et de rompre ainsi la dualité à leur avantage.

En football, dans les compétitions de haut niveau, très peu d’actions offensives se concrétisent par un but. On peut faire l’hypothèse que les joueurs qui assurent les tâches défensives limitent l’incertitude par la connaissance de l’état du système attaque / défense, celui-ci étant constitué par la transformation des configurations momentanées l’une dans l’autre et le fait qu’elles s’engendrent l’une l’autre.

Il s’agit bien d’un système, car en l’occurrence celui-ci fonctionne avec un ensemble de principes étroitement dépendants les uns des autres, constituant un tout d’une profonde unité logique. Les attaquants, à l’aide de simulacres, de feintes, de changements brusques de jeu tentent de semer le doute et l’incertitude afin de ne pas permettre aux défenseurs de prévoir et d’anticiper l’action offensive.

Ceci entraîne une circularité des problèmes posés à l’équipe dans ses relations d’opposition avec l’équipe adverse, sur le plan de l’organisation du jeu comme sur le plan de la distribution réelle des joueurs. Le rapport des forces entre les deux équipes en présence permet également de mettre en évidence la notion de pression sur tel ou tel maillon du jeu pour rompre l’équilibre des forces en présence dans les affrontements momentanés. Ainsi, on vise à créer un déséquilibre favorable pour aller marquer un point. Ces considérations montrent assurément que la dynamique du jeu se présente parfois sous des caractéristiques inattendues.

Cependant, cet équilibre lors d’une montée de la balle est souvent influencé par la concentration des joueurs et leurs centrations sur tel ou tel aspect du jeu pour garder la possession du ballon par exemple. À cet égard, les transitions entre deux configurations momentanées du jeu seront aussi porteuses d’informations notables sur l’évolution du jeu et deviendront des éléments d’observation essentiels pour des décisions appropriées. Ainsi, les modifications du système d’affrontement peuvent alors se modéliser en concevant une évolution discontinue dans le temps à partir de la mise en relation de cinq critères (Gréhaigne & Caty, 2016) :

            – positions sur le terrain et volumes de l’espace de jeu effectif (EJE) ;

            – positions et trajectoires du ballon ;

            – positions respectives de l’espace de jeu effectif offensif (EJEO) et de l’espace de jeu effectif             défensif (EJED) ainsi que leurs dynamiques d’évolution ;

            – positions de la défense : en barrage ou à la poursuite ;

            – les expansions ou les compressions de l’EJE dans une suite de configurations.

Enfin, au football, les cibles sont relativement petites aux extrémités d’un grand terrain de 120 mètres de long, d’où l’existence d’un jeu de transition d’un but à l’autre qui occupe plus de 95 % du temps réel de jeu. Ce jeu de transition se déroule essentiellement au milieu du terrain.

À la fois lieu de récupération et de création, cette zone du milieu est l’endroit où la densité des joueurs est la plus importante dans les dispositifs de jeu modernes. Cette dynamique du jeu (Gréhaigne & Godbout, 2012) suggère la pertinence de l’utilisation de la théorie des systèmes dynamiques pour étudier le jeu en relation avec divers concepts et outils d’analyse.

Il faut se rappeler qu’on peut très bien être à l’offensive quand l’équipe adverse possède le ballon mais recule sous la pression. L’importance du temps pendant lequel on est en possession du ballon ne signifie rien si on n’avance pas,

En ce sens, l’organisation d’une équipe représente un ensemble complexe de liens et de règles, qui ont fait preuve de fiabilité et qui ont évolué dans le temps. Cet ensemble peut également être complété par une collection de routines qui, lorsqu’elles sont stabilisées, assurent le bon fonctionnement de l’organisation en « tâche de fond ». Elles sont le résultat d’un apprentissage au cours duquel des modes spécifiques d’agencement de ressources ont été sélectionnés progressivement, comme autant de réponses à des défis successifs et ensuite automatisés.

Nous allons en venir maintenant à l’analyse de quelques caractéristiques de l’affrontement.

2. Élasticité

L’élasticité a été définie à l’origine en physique comme une propriété matérielle rendant compte des propriétés d’un système qui s’adapte aux changements de charge en accumulant ou en dispersant les tensions de manière autonome (CNRTL, 2022). Une image générique d’élasticité peut être illustrée avec un ressort qui se tend et se détend et dont on ne peut pas prévoir le rendement de façon assez stable.

Dans le cas d’une configuration du jeu en sport collectif, le concept d’élasticité n’est pas purement mécanique car les joueurs prennent des décisions qui peuvent perturber la contraction et l’expansion du système attaque / défense. Néanmoins dans les rapports d’opposition, il existe une limite à partir de laquelle la déformation peut rester permanente. Alors, on parlera plutôt de possibilité d’élasticité qui renvoie à un rapport qui existe dans une compression du jeu sur une surface donnée et une extension possible avec les décisions des joueurs.

Cela renvoie bien à la propriété d’un système doté d’une grande souplesse ou flexibilité. Il n’est donc pas question d’application simpliste des modèles de la mécanique, mais plutôt une incorporation progressive de ces connaissances dans et par la pratique à ce cadre d’analyse.

Dans le jeu, le temps est une succession d’instants présents toujours nouveaux. Mouvement, durée et vitesse constituent des éléments qui fondent la réussite en jeu avec le temps comme nécessaire cadre de référence à toute analyse de l’affrontement. Ce modèle dynamique (Gréhaigne & Godbout, 2012) fonctionne dans un espace fini, le terrain, ce qui restreint le champ d’expansion.

En football, l’élasticité du système est illustrée à travers les séries de contractions et d’expansions qui le traversent quand une tension lui est appliquée :une des propriétés de l’affrontement est de présenter une certaine élasticité.

Lorsque le système est en forte expansion, il existe des perturbations considérables, de fortes « vibrations » avec des joueurs en mouvement à des vitesses différentes. En forte compression, le système produit des blocages d’où des difficultés à trouver une réponse adaptée. Aussi, l’élasticité du système produit de l’incertitude et celle-ci devient une notion importante, fondamentalement liée à la composante temporelle.

L’élasticité avec son énergie potentielle ouvre de nouvelles opportunités pour l’optimisation du jeu en permettant, à l’aide des processus cognitifs, de nouvelles transformations qui ne peuvent pas être appliquées aux systèmes trop rigides. Les systèmes élastiques fournissent une certaine tolérance aux retards dans les communications et les décisions.

L’énergie élastique dans une configuration du jeu est constituée par une énergie statique (la position des joueurs) et une énergie dynamique (le mouvement en cours). Au cours du temps, cette énergie évolue principalement avec la variation des déplacements et des distances entre les joueurs.

Le comportement d’un système défensif, quand il a été dévié d’une position d’équilibre par une perturbation, est une indication de la stabilité ou de l’instabilité du rapport d’opposition. Si le système défensif dévie de l’équilibre puis retourne rapidement à sa position initiale après que le facteur qui a causé la déviation a été supprimé, on peut considérer que l’équilibre est stable.

Si la déviation ne disparaît pas, mais continue à augmenter, l’équilibre est instable et l’attaque est, temporairement, dans une configuration favorable. La contraction ou l’expansion sous laquelle l’équilibre stable devient instable est appelée la charge critique pour le système. Si celle-ci persiste, la défense demeure dans une position critique. En effet, un barrage de joueurs continu et pas trop étiré dans la largeur et la profondeur semble une position correcte pour la défensive.

La stabilité d’un système élastique est donc la propriété de ce système à dévier peu d’une position d’équilibre. L’établissement d’un répertoire d’états critiques constitue le problème principal de l’étude de la stabilité de systèmes défense / attaque afin de décrire le mieux possible les affrontements auxquels les joueurs risquent d’être confrontés pour les rendre intelligibles et prévisibles.

Le mouvement des joueurs et du ballon produit des facteurs de déséquilibre ce qui signifie, en particulier, que dans la résolution des contextes évolutifs où les décisions prédominent ceux-ci doivent intégrer les variations possibles dans les initiatives des joueurs. Par exemple, le choix de « pénétrer », « contourner » ou « jouer par-dessus » pour les attaquants n’est pas anodin.

Ces facteurs entraînent des fluctuations, des écarts, des déformations de la forme géométrique instantanée de la configuration du jeu. Cette élasticité peut, aussi, concerner le ballon, en fonction de la quantité d’énergie mise en œuvre pour le propulser, cela induira un déplacement plus ou moins important de la balle.

Il est à noter que l’expression de stabilité des systèmes déformables est parfois utilisée en sport collectif. Le plus souvent, elle renvoie aux schémas tactiques qui sont des dispositifs établis à l’avance dans lesquels les joueurs et le ballon circulent et agissent de façon stéréotypée, conformément aux indications répétées à l’entraînement.

Dans le jeu, le concept de stabilité de systèmes élastiques est étroitement connecté au concept de mouvement. Dans un match, les réseaux de forces ne sont ni neutres ni homogènes. Le jeu est un champ de forces fait d’équilibres et de déséquilibres momentanés où la volonté́ d’aller de l’avant est contrebalancée par la crainte de perdre le contrôle du ballon.

Cette tension est au cœur de la dynamique du jeu (Gréhaigne & Dietsch, 2015). L’énergie potentielle élastique produit donc des forces qui traversent et déforment la configuration momentanée du jeu faisant ainsi évoluer celui-ci de façon variée. La trame dynamique de transformation que constitue le jeu est donc assurée, le plus souvent, non par la résistance de chacun de ses constituants, mais par la répartition et l’équilibre des contraintes dans la totalité de l’affrontement.

Les rapports d’opposition possèdent bien la faculté de se stabiliser avec le jeu des forces qui s’annihilent, se répartissent ou s’équilibrent en son sein.

Bien sûr en football, la déformation élastique est une déformation réversible. L’espace de jeu effectif se déforme lorsque des forces lui sont appliquées mais il retrouve sa forme et son équilibre quand ces forces ne s’exercent plus. Cependant, cela fonctionne jusqu’à une certaine limite car si les forces dépassent cette limite une rupture devient inévitable.

On considérera que l’élasticité linéaire concerne les petites déformations et, dans ce cas, on parlera d’interaction élastique. Avec de plus grandes déformations, l’élasticité devient non linéaire et parfois le retour à l’équilibre initial devient problématique, voire par nature imprévisible. Un système très stable offre une résistance et une robustesse aux perturbations.

Enfin, la succession des déformations de l’espace de jeu effectif et l’évolution des configurations du jeu ainsi que l’élasticité inhérente aux formes du jeu constituent des indicateurs privilégiés de l’affrontement. Les joueurs ne sont plus conçus comme liés à un espace fixe, mais comme des mobiles occupant l’espace de jeu dans un cadre de potentialités (Fernandez, 2002).

Les principes organisateurs dynamiques peuvent consister à transformer le sens du jeu entre largeur et profondeur, de circuler derrière la première ligne de défense, d’utiliser la diagonale et de tenter d’amener la balle dans le dos de la dernière ligne de défenseurs.

Pour bien appréhender comment fonctionne l’élasticité dans un système, on doit d’abord comprendre comment les configurations du jeu évoluent. Lorsque le système est en forte expansion, il y a des perturbations considérables, de fortes vibrations et des joueurs en mouvement à des vitesses différentes.

Un prélèvement rapide et précis d’informations simples rend possible la réduction d’incertitude. Sur le plan tactique, chaque équipe a dès lors pour objectif de réduire le désordre pour elle tout en l’augmentant pour l’équipe adverse. Il résulte de cet ensemble une infinité d’états dynamiques qui rendent compte de l’évolution du rapport d’opposition.

3. Le jeu de transition

Transition de phases ou jeu de transition, ce concept de transition prend depuis quelques années une place croissante dans la réflexion sur l’action. La transition désigne « un processus de transformation au cours duquel un système passe d’un régime d’équilibre à un autre » (CNRTL, 2020).

La transition n’est donc pas un simple ajustement mais une reconfiguration fondamentale du fonctionnement et de l’organisation du système. Les transitions sont des moments qui présentent un grand intérêt dans un sport comme le football.

Les matchs sont gagnés et perdus en fonction de la capacité d’une équipe à conserver une bonne organisation offensive ou défensive dans différentes phases de jeu. Cependant, l’équilibre et/ou le déséquilibre des rapports d’opposition est souvent influencé par les choix et la densité des joueurs et fréquemment cela se joue balle en quelques fractions de seconde.

Une telle situation est, aussi, bien illustrée avec la notion de transition de phases qui, pareillement, acquiert un sens précis qu’au moment de la bascule du jeu entre deux configurations avec, par exemple, un long changement d’aile.

Pour la circonstance, cette rupture souligne la notion de transition par rapport à la phase précédente mais aussi d’une éventuelle transition avec la phase à venir. Continuité et rupture sont au cœur de ces transitions et constituent des aspects importants des influences réciproques entre les phases de jeu que le joueur doit décoder et interpréter pour agir.

En sport collectif, le jeu de transition consiste en la conservation de la balle dans la remontée du ballon vers le camp adverse permettant un enchaînement entre la récupération de la balle et un développement du jeu en vue d’atteindre la cible adverse.

Suivant la configuration défensive du moment, le jeu de transition peut prendre la forme d’une contre-attaque, d’un passage rapide ou d’une attaque de position face à une défense déjà bien placée. La contre-attaque est caractérisée par une grande vitesse, un nombre réduit de passes et une supériorité numérique ou, au moins, par un positionnement avantageux des attaquants. Le fait de marqueur un but lors d’une contre-attaque détermine le renoncement aux autres phases de l’attaque.

Le passage rapide en zone d’attaque implique que l’équipe qui vient de récupérer le ballon profite de la désorganisation momentanée des adversaires pour atteindre rapidement la cible. On recherchera en priorité le jeu dans le couloir de jeu direct et/ou l’utilisation de la profondeur.

L’utilisation du jeu long peut, aussi, transformer rapidement les configurations du jeu sinon le jeu doit être rapide ce qui demande des déplacements adaptés et coordonnés avec au plus six à huit échanges de la balle. Jouer vite vers l’avant ne veut pas dire que tous les joueurs, notamment les attaquants doivent courir droit vers le but adverse, l’objectif est de proposer des appuis démarqués avec un jeu avec peu de touches de balle.

Le passage lent en zone d’attaque, face à une défense en barrage renvoie à la notion d’attaque placée. Ces situations d’attaque placée sont celles que l’on retrouve le plus souvent dans un match de football, l’attaque y fait face à une défense organisée et replacée entre le ballon et la cible. Afin de déséquilibrer le bloc défensif adverse, les attaquants vont devoir, d’abord conserver la balle tout en progressant dans la défense.

Pour réussir, l’attaque placée demande des mouvements et des déplacements organisés. La conservation du ballon est la clé de voûte du succès avec l’apport permanent de proposition de solutions par les partenaires ce qui permet une circulation de la balle en toute sécurité. Le passage lent en zone d’attaque est constitué par du jeu indirect avec une montée patiente de l’ensemble de l’équipe qui est suivi par des mouvements des joueurs et du ballon en vue de créer un déséquilibre dans la défense.

Le modèle de jeu en contraction se retrouve souvent dans un affrontement sur espace stabilisé près de la cible avec une densité importante de joueurs. Les phases de transition sont très importantes à repérer entre un jeu stabilisé dans la zone de défense et ce même jeu stabilisé dans la zone d’attaque car on va souvent d’une compression vers une expansion et vice versa.

Il existe une relation simple entre dispersion, densité et distance : plus la distance entre les joueurs augmente, plus la densité diminue et plus la dispersion augmente jusqu’à une limite où elle deviendrait presque constante. Dans la réalité, densité (variable plutôt qualitative) et dispersion / concentration (variables plutôt quantitatives) fonctionnent à l’intérieur de possibilités définies que sont les limites extérieures de l’aire de jeu utilisée.

Dans une séquence de jeu, il peut exister, au même moment, une concentration dans certains endroits du terrain et une dispersion dans d’autres (Gréhaigne, 2018a). Une autre caractéristique de la circulation des joueurs est qu’elle peut être à la fois très rapide mais entrecoupée d’une succession d’arrêts. Barrage ou poursuite pour la défense, position en avance ou en retard pour l’attaque, arrêts ou mouvements deviennent des éléments de la prise d’information.

La notion de démarquage ne va pas sans la maîtrise des notions de soutien ou d’appui à un partenaire et de création ou l’exploitation de temps d’avance qui se traduisent par des espaces libres. Le démarquage n’est effectif que lorsque le porteur de balle a vu le mouvement de son partenaire et que celui-ci se trouve à distance de passe.

Ainsi, le joueur sous pression, qui récupère le ballon, peut le jouer vite par une passe courte vers un partenaire qu’il voit le mieux. Ce partenaire se trouve soit en soutien ou en appui proche. La feinte, le contre ou le mouvement de démarquage doivent être effectués avant que le partenaire prenne le renseignement visuel.

Il est donc fondamental de synchroniser les mouvements de feinte sur l’adversaire et de démarquage avec les temps du porteur de balle. Le ou les réceptionneurs éventuels doivent aller se placer dans une « zone peu occupée » on peut aussi demander aux joueurs sans ballon de se déplacer rapidement sur quelques mètres pour se distancer des adversaires.

La connaissance et la maîtrise de ces liens d’opposition soulignent que l’on peut analyser le jeu en faisant attention aux détails et qu’il est parfaitement possible de parvenir à les formuler pour une mise en œuvre consciente et méthodique. Ces liens ont comme principe opératoire en football, la réciprocité entre le jeu aérien et le jeu collectif en passe ou en conduite de balle.

D’un point de vue offensif, nous possédons avec ce rapport de réciprocité, une perception claire que prend le mouvement général en relation avec la fluctuation continuelle de la distribution des acteurs sur le terrain. Ces qualités tactiques sont souvent considérées comme instinctives, voire innées, mais elles relèvent en fait de la formation et de l’expérience.

4. Des marqueurs de la dynamique

L’évaluation est une démarche d’observation (parfois formative) et d’interprétation des performances en jeu qui vise à̀ guider les décisions nécessaires au bon fonctionnement du jeu, tout en gérant le présent et en pesant sur l’avenir en vue de réelles transformations.

La régulation est un concept associé à l’observation et à l’évaluation dans le sens où toute évaluation explicitement ou implicitement est un moyen de régulation à l’intérieur d’un système. Dans notre cas, c’est la régulation des interactions individuelles et collectives entre les joueurs qui est en cause en rapport avec les décisions prises. Fréquemment, dans ces conditions, le rôle de l’entraîneur consiste à attirer l’attention des joueurs sur leur façon d’agir, sur les moyens employés pour réussir.

Certains observables quantitatifs sont outils très utiles pour l’évaluation d’une prestation en jeu

4. 1. Les pertes de la balle

Pour Teodorescu (1965), les pertes de la balle peuvent être classifiées comme suit :

            normale – au cas où l’équipe a réalisé un point ;

            plausible – si on a échoué au but pour des raisons tactiques, sauf réussir à réaliser un point ;

            anormale – comme résultat de la violation du règlement ou d’une fausse manœuvre du ballon, ayant pour conséquence la prose du ballon par l’adversaire (passes interceptées, sorties du ballon hors du terrain de jeu, etc.).

Les causes des pertes de balle restent nombreuses pour qu’on prétende en faire un inventaire exhaustif.

– Elles découlent souvent d’imprécisions de la part des joueurs dans le jeu, en raison de la rapidité de celui-ci.

– d’actions individuelles non conformes à la situation actuelle du jeu, telle que la conservation individuelle excessive du ballon qui peut favoriser un contre ou un tacle, où une charge par un adversaire.

– de la conservation collective excessive du ballon qui permet à l’équipe en défense de mettre en place son dispositif de défense et de lutter pour entrer en possession du ballon. À ce propos, Jean Dufour émet l’idée selon laquelle il est sage d’éviter de trop conserver le ballon et d’oser dans la zone de tir.

– La précipitation ou la lenteur des attaquants au moment de la préparation de l’attaque; de même, les actions des défenseurs visant à mettre leurs adversaires en position de hors-jeu peuvent provoquer des pertes de balles.

– Dans la lutte qui les oppose aux défenseurs, il arrive que les attaquants commettent des irrégularités entraînant ainsi des pertes de balle.

– Les relances des gardiens de but, surtout lorsqu’elles sont faites avec le pied, aboutissent parfois à des interceptions ou des sorties de balle.

Le football moderne est marqué par des défenses de plus en plus actives, qui ne se contentent plus du principe de la défense du but; elles cherchent plutôt à entrer en possession du ballon. C’est ainsi que l’on note que:

– Les tirs ratés.

Suite à ses considérations sur les pertes de balles celles-ci apparaissent comme un indicateur pertinent pour apprécier la performance d’une équipe et de ses joueurs pendant une rencontre de football. Pour contre dans le cas des balles conquises (BC), le joueur regagne volontairement la possession de la balle soit grâce à un duel victorieux ou une interception : son équipe devient attaquante. Une entrée en possession du ballon représente toujours le point de départ de l’attaque.

4. 2. Les balles touchées ou jouées

Les balles jouées (BJ) ou balles touchées en football (BT) sont constituées par l’ensemble des balles touchées ou jouées par un joueur. Ici, le nombre de balles jouées renseigne sur les entrées en possession du ballon d’une équipe ou d’une joueuse dans un temps donné. Ce nombre indique aussi le volume de jeu et informe sur l’évolution de la circulation de balle entre les partenaires ainsi que le nombre d’échanges de balles réussis.

Chez les débutants, plus le nombre de balles jouées est important, plus le jeu est de qualité dans une unité de temps donné. Dans certains cas, il peut également être un indicateur de domination.

Ce marqueur indique le volume de jeu et informe sur l’évolution de la circulation de balle entre les partenaires ainsi que le nombre d’échanges de la balle réussis : plus le nombre de balles jouées est important, plus le jeu est de qualité dans une unité de temps donné. Il peut également être un indicateur de domination.

Dès lors, il est important pour tout entraîneur ou éducateur ayant en charge une équipe et désirant avoir une action efficace, de les prendre en compte, même en cas de victoire. Car, comme le révèlent les résultats de diverses études, il y a eu des victoires qui n’impliquent pas forcément une performance exceptionnelle.

4. 3. Les balles conquises

Les balles conquises (BC) constituent, d’abord, le témoignage pour un joueur donné de ses compétences et de son engagement au niveau défensif en comptabilisant la quantité de balles gagnée sur l’adversaire. Le joueur entre en possession de la balle soit grâce à un duel, soit par interception ou une violation du règlement.

Notons que si le besoin s’en fait sentir, on peut créer dans les balles conquises, une catégorie remise en jeu, dont on ne tient compte que pour certains joueurs afin d’éviter des biais dans le relevé des balles conquises avec ceux qui font systématiquement les touches et les coups francs.

L’interception de la balle constitue un moment clé dans la situation à double effet (Deleplace, 1999). À l’instant précis où la balle change de camp, les rôles se renversent, les filles en défense deviennent des attaquantes et vise versa et un nouveau jeu s’établit. Le choix de récupérer la balle dans son demi-terrain offensif devient alors un élément tactique important : le chemin pour aller au but étant plus court.

4. 4. La récupération du ballon

Duprat (2007) affirme qu’une organisation défensive, une tactique de défense, doit être évaluée sur la base d’un paramètre fondamental qui est en fait d’enlever à l’adversaire la possession du ballon. Chaque joueur est donc impliqué dans cette tâche, il doit se responsabiliser et parfois prendre des risques pour y parvenir.

Il ne doit toutefois pas oublier qu’il n’agit pas seul, que son intervention dépend aussi de l’organisation mise en place et de l’articulation des comportements dans un système défensif. On peut considérer la récupération et son emplacement comme une « base incontournable » en précisant que la fonction défensive n’est pas seulement l’œuvre du défenseur et de ses partenaires proches mais qu’elle incombe à l’ensemble de l’équipe.

L’étude réalisée par Gréhaigne, Marchal et Duprat (2001), a permis d’obtenir des informations sur les caractéristiques de la récupération active de la défense. Partant des données recueillies, les auteurs ont pu conclure que : le positionnement en barrage plutôt qu’à la poursuite est un critère de réussite ; la mise en mouvement du défenseur face à un adversaire lui permet d’être plus efficace ; la supériorité numérique voire l’égalité favorise la récupération ; la vitesse de course mais aussi celle de l’exécution de l’action est essentielle ; qu’il existe des zones du terrain qui privilégie la récupération du ballon.

L’observation se limitait aux actions situées dans la moitié défensive du terrain et s’attachait à certains éléments de la configuration du jeu, entendue comme « la position des joueurs à un instant t. » (Gréhaigne & Bouthier (1994) ; Duprat (2005) complète ces données en élargissant l’échantillonnage du point de vue de l’espace de jeu, du nombre de matchs observés, et des éléments pris en compte.

Ainsi, nous avons pu confirmer ou infirmer, certains constats établis empiriquement. Nous pouvons affirmer que :

– Il existe des zones du terrain où la récupération du ballon est favorisée. Pour la moitié offensive, vers les couloirs d’ailes où l’équipe ayant perdu le ballon bénéficie des récupérations réglementaires (touches) ou des erreurs provoquées en gênant la relance adverse.

Pour la moitié défensive, dans une zone correspondant à « l’entonnoir » jusqu’à environ 40 mètres du but, sachant que plus on se rapproche de celui-ci plus les récupérations se situent dans l’axe. Les récupérations du ballon sont favorisées par l’étroitesse de l’espace dont dispose l’attaquant et par la densité des défenseurs ainsi que par leur organisation.

– Il est évident que la supériorité numérique est un facteur déterminant de la récupération du ballon mais celle-ci est avant tout une affaire collective. Il est donc important de savoir réagir individuellement en retardant la progression adverse et de manœuvrer collectivement pour orienter les adversaires dans des zones de densité défensive ou d’espaces réduits en utilisant les limites de l’espace de jeu.

Les techniques défensives traditionnelles ne suffisent pas pour appréhender et classer les modes d’interventions des joueurs lors de la récupération du ballon car elles n’intègrent pas le contexte du jeu.

Enfin, il est à noter qu’en cas de ballons aériens celui-ci n’appartient à personne et il faut en regagner sa possession.

5. La succession des configurations du jeu

En football, l’échec d’une attaque en première main représente souvent un moment clé, car il peut avoir pour conséquence la récupération du ballon par les défenseurs dans de bonnes conditions ou entraîne la nécessité de se réorganiser pour construire une nouvelle attaque.

Avec cette nouvelle phase, les réponses d’un système non linéaire une fois que le seuil critique d’écart à l’équilibre a été franchi vont provoquer des perturbations encore plus importantes de cet état. Par exemple, examinons le comportement qui accompagne l’apparition de cette nouvelle attaque.

À ce moment, le changement de certaines propriétés comme la concentration de joueurs à un endroit du terrain, le sens et la vitesse du ballon posent d’autres problèmes : la défense va donc développer des mécanismes pour tenter d’amortir cette nouvelle perturbation.

Un second phénomène peut arriver car au lieu d’évoluer vers un état plus stable, le jeu peut exécuter des oscillations, dont les propriétés (contraction, expansion, périodes, etc.) ne dépendent plus des caractéristiques internes du système (choix, référentiel, décision).

D’où parfois des phénomènes émergents qui apparaissent : les phénomènes émergents sont des phénomènes imprévisibles, voire inexpliqués, qui prennent la forme d’entités originales (Walliser, 2006). Cette émergence est consécutive à un phénomène inattendu et entraîne une perturbation plus ou moins profonde de l’affrontement.

On observe, néanmoins, que la même configuration peut émerger en partant d’états initiaux fort différents. Cette propriété reflète la stabilité de certains comportements périodiques du système avec l’apparition de ce type de mouvements, le système est confronté à la notion du temps et à la notion de transition entre les phases de jeu car ce nouveau cycle a brisé les symétries temporelles.

Ainsi, loin de l’équilibre, les systèmes non linéaires peuvent présenter de façon spontanée des comportements qui peuvent conduire à de l’auto-organisation et à une certaine forme de stabilité temporaire. Les configurations prototypiques sont un exemple patent de ce type de comportements.

Que se passe-t-il au-delà de cette phase de jeu ? La réponse à cette question repose sur la notion de cascades de décisions produites lorsque l’on contrôle simultanément les paramètres principaux du jeu. Ici, il s’agit bien de résoudre en acte et avec ses équipiers des cascades de problèmes non prévus a priori dans leur ordre d’apparition, leur fréquence et leur complexité.

Ces relations d’opposition peuvent donner lieu à une variété des formes, caractérisées par des brisements successifs de symétrie conduisant à des asymétries spatiales très prononcées. On peut noter également des comportements temporels inattendus ou enfin par l’apparition de comportements chaotiques dans l’espace ou dans le temps. Néanmoins, les conditions qui président à la récupération du ballon, son lieu et le dispositif adverse donnent une forme à l’attaque en première main qu’elle conservera généralement jusqu’à son succès, son échec ou une réorientation du jeu.

Pour que tout cela fonctionne, l’unité de l’équipe est fondée sur la réciprocité : le projet de chaque joueur converge vers celui des autres et cela devient le projet du groupe. Cette mécanique engendre un mouvement d’intégration de chacun, gage de la pérennité de l’équipe (Sartre, 1960). En ce qui concerne la réciprocité médiée, celle-ci est constituée par le fait que l’attaque et la défense s’engendrent l’une l’autre avec des aspects dialectiques qui fondent l’incertitude du jeu.

Dans cet ensemble humain que constitue une équipe de football, il est bon de rappeler que pour Sartre (1960) toute relation dans un collectif est indirecte et ternaire. Chaque joueur n’est rattaché à l’autre que par la médiation de ce même groupe, la réalité de cette équipe étant constituée précisément par l’activité commune. Ce qui revient à dire que toute réciprocité entre l’individu et le groupe aussi bien qu’entre individu et individu est « médiée » par un troisième terme.

Cette notion de réciprocité médiée est au cœur de l’interprétation dialectique de la dynamique du groupe et par conséquent de celle de l’équipe sportive et de la place du joueur dans ce groupe. Enfin, les équipes de bon niveau en sport collectif ne sont qu’accessoirement des équipes fondées sur des affinités ; elles sont, d’abord, formées dans le but d’accomplir des tâches. On leur reconnaîtra donc une dimension affective en accordant aux joueurs le droit de s’engager à leur rythme permettant, ainsi, le développement harmonieux de l’équipe et procurant au joueur une sécurité affective propice à la réussite.

6. Transition entre deux configurations du jeu

C’est un instant clé et il est à bien étudier car les transitions entre deux configurations sont porteuses d’informations notables sur la transformation du jeu. Ainsi, l’évolution du système d’affrontement peut alors se modéliser en concevant une évolution discontinue dans le temps à partir de la mise en relation de cinq critères :

– position sur le terrain et volume de l’espace de jeu effectif (EJE) ;

– position et trajectoire du ballon ;

– positions respectives de l’espace de jeu effectif offensif (EJEO) et de l’espace de jeu effectif défensif (EJED) ainsi que leurs dynamiques d’évolution ;

– positions de la défense : en barrage ou à la poursuite ;

– l’extension ou la compression de l’EJE dans une suite de configuration permet d’obtenir une représentation assez fiable du rapport d’opposition.

Une bonne analyse de la logique des différentes formes d’action de jeu et du choix de la forme d’évolution de la configuration de jeu momentanée constitue l’intelligence tactique en jeu. Cela renvoie à une bonne appréciation « d’indices invariants » en vue d’une reconnaissance voire d’une catégorisation, pour ramener ces configurations à quelques archétypes dans une filiation dynamique qui permet de générer des décisions tactiques rapidement.

Très souvent, l’équipe en possession de la balle cherche à attirer son adversaire d’un côté,  pour ensuite renverser le jeu. Sachant cela, il est intéressant d’anticiper ce renversement pour récupérer le ballon. Cette interception effectuée permet généralement d’amener du danger chez l’adversaire dans les secondes qui suivent.

La rupture, c’est la cessation soudaine et marquée de l’équilibre qui existait entre des éléments qui se rompt, sous l’effet d’un choix ou d’un changement de rythme voire de l’apparition d’un phénomène émergent. Un bon exemple est constitué par le rétablissement de la continuité d’un rideau défensif dans la largeur après une passe longue transversale.

Assurer la continuité, c’est prendre des décisions qui s’inscrivent dans une suite logique et ininterrompue de choix afin d’assurer la conservation du ballon et le déroulement de l’attaque. En général, on saisit bien la continuité des transformations réalisées à travers la succession des initiatives individuelles en continuité logique avec le référentiel commun.

Cela marque qu’entre deux configurations momentanées du jeu, il existe une relation telle que l’une des deux appelle logiquement l’autre. Les configurations du jeu sont en relation de simultanéité et sont en corrélation, c’est-à-dire qu’elles sont unies par une dépendance logique ; c’est la relation qui existe entre les deux dont l’une ne peut être pensée sans l’autre et qui influent l’une sur l’autre.

Pour Piaget (1975), le « groupe INRC » désigne, dans le domaine psychologique, l’une des structures agissant au cœur de la pensée formelle en lui procurant une plus grande puissance opératoire en comparaison des structures qui caractérisent l’intelligence concrète.

Pour cet auteur, la structure logique à la base de la pensée formelle de tout homme donc de la pensée tactique dans laquelle chaque opération identique (I) est à la fois l’inverse d’une autre (N) et la réciproque d’une troisième (R), celle-ci étant également la corrélative (C) de la première opération.

Ce groupe est caractérisé par la coordination des opérations, la réversibilité des transformations, la composition associative des opérations, l’annulation d’une opération par la combinaison avec son inverse.

7. Assurer la continuité du jeu

Pour les sports collectifs en général : le terme de continuité est employé à propos du passage d’une situation tactique à une autre. La continuité, c’est prendre des décisions qui s’inscrivent dans une suite logique et ininterrompue de choix afin d’assurer la conservation du ballon et le déroulement de l’attaque.

Donc, à l’intérieur d’une même situation tactique, on utilise le terme de continuité à propos de l’enchaînement des phases de cette situation : entrée en possession du ballon / montée de balle / attaque placée pour l’attaque, repli défensif / défense en place pour la défendre le but.

On utilise également ce concept à propos de l’enchaînement des actions par le joueur (réception, dribble, tir en course par exemple) qui qualifie la qualité de l’enchaînement de différents gestes au sein d’un même mouvement.

Pour qu’un enchaînement entre 2 temps de jeu offensif successifs soit dit « en continuité », il faut que le premier temps ayant été efficace et a provoqué un déséquilibre défensif. Le temps qui suit a pour but d’exploiter (ou d’entretenir) ce déséquilibre en choisissant la forme de jeu la plus adaptée.

Pour atteindre ce but, cette transformation de jeu doit se faire rapidement pour ne pas laisser le temps à la défense de se réorganiser. Ce temps de jeu issu de cette transformation sera considéré comme un deuxième temps de jeu. Dans le cas contraire, on parlera d’un « nouveau premier temps ». En effet, un premier temps cherche à désorganiser, les temps suivants à exploiter la désorganisation.

On comprendra qu’il y a une autre condition sine qua non à la réalisation d’un mouvement de jeu en continuité : la conservation de la balle. Le jeu en continuité exige enfin un replacement offensif anticipé.

Par extension, on pourra parler de continuité lors d’enchaînements de temps de jeu, dans la mesure où le déséquilibre défensif est entretenu ou accru. Second temps de jeu.

8. Corrélation et phase mère du jeu

La corrélation souligne ou non un rapport de variations concomitantes de deux phénomènes. Ainsi, dans la pratique du football, le jeu en mouvement au milieu du terrain recèle la logique d’exploitation des situations de déséquilibre, qu’elle tend à faire s’enchaîner « en culbute » (Deleplace, 1994).

Une telle filiation tactique forte semble bien pouvoir être dégagée si, au lieu de rester prisonnier de l’ordre chronologique d’apparition des phases dans une séquence de jeu, on part du fait que la logique d’organisation de la première action se retrouve fréquemment dans toutes les suivantes, qui ne sont alors que des cas particuliers.

La première constitue la phase mère des autres et on en pressent bien les principales caractéristiques. Cette phase mère du jeu est souvent le lieu d’apparition de déséquilibre à l’origine des attaques et on peut dire qu’elle est sensible aux conditions initiales. La perturbation imposée au système attaque / défense provoque un éloignement d’états relativement stables, alors le nouveau système défensif tente de développer des mécanismes pour reprendre une position en barrage tandis que l’attaque essaie de préserver son avance temporaire.

Paradoxalement, on observe parfois qu’un même mouvement peut apparaître en partant initialement d’états fort différents et que cette propriété reflète une certaine stabilité de comportements périodiques. Une étude ultérieure sur ces configurations habituelles qui amènent un tir ou un but a permis d’identifier des configurations prototypiques au sens où elles représentent un modèle original, archétype d’un modèle qui se reproduit.

Si l’on choisit de défendre au front du ballon et non « adossé » à la ligne de but, il est clair que le mouvement dans la défense est d’abord et avant tout un mouvement « en avançant ». Il a pour objectif pour contester continuellement la possession du ballon au cœur du dispositif de l’adversaire en train d’attaquer. Il s’ensuit que ce jeu présente le cas le plus simple qui puisse exister de la liaison organique entre défense et attaque, en l’occurrence « l’attaque de l’attaque ».

Ce type de mouvement « en avançant » de la défense se termine souvent par une contre-attaque qui est, par un enchaînement direct et simple, une suite logique, de l’offensive lancée mais en possédant, cette fois, la balle. C’est presque toujours par un joueur qui peut se trouver en train « d’avancer » pour défendre dans le mouvement général que se réalise l’amorce, le lancement, d’une contre-attaque.

Ici, les joueurs en soutien pour défendre dans la couverture proche, n’interviennent qu’en se replaçant pour l’exploitation collective qui enchaîne sur le renversement de situation opéré par le 1er contre-attaquant. Ainsi, l’offensive (attaque du but et récupération du ballon) exige intelligence, imagination et création.

La balle confère à son possesseur un statut particulier, des responsabilités spécifiques par rapport aux choix tactiques. Ils peuvent impliquer des sous-groupes ou d’autres unités au sein de l’équipe. Dans ce contexte, les décisions réduites à un choix binaire ou à la seule étude des dyades de 1 x 1 appauvrit l’analyse ou semble trop formelle par rapport à l’ensemble des possibles en sport collectif.

C’est en effet faire l’hypothèse que le jeu, en fonction des décisions des joueurs, tend toujours à prendre la configuration la plus probable. On doit en déduire que le désordre lié à la configuration du système est stable. Or la variation du désordre dans un système est liée à la probabilité de transition d’une configuration momentanée à une autre, elle- même, liée aux probabilités d’apparition d’autres configurations.

En particulier, comme le soutient Deleplace (1979), une transformation apparaîtra comme d’autant plus improbable que les probabilités de filiation entre deux configurations diffèrent fortement selon le sens de la transformation en cours.

Nous allons en venir maintenant à une autre forme de réversibilité qui concerne « la perte temporaire de sens du jeu » voire une régression importante du niveau de jeu.

9. La réversibilité

Dans la pensée tactique, la réversibilité offre la possibilité de dérouler une action dans les deux sens, c’est-à-dire d’aller de A vers B, mais également de B vers A ; la réversibilité est donc la capacité du retour. En sport collectif, la réversibilité (Deleplace, 1979) constitue la propriété d’un processus pouvant également fonctionner si on permute les rôles des éléments d’entrée et de sortie dans un système (adapté de CNRTL, 2020).

Pour qu’un acte soit considéré comme intelligent, il doit être réversible tout en offrant des possibilités de mise en relation des actions (la juxtaposition des actions constitue un simple rapprochement excluant la coordination voire la subordination.).

Cette notion de réversibilité distingue avec netteté l’intelligence de l’habitude, laquelle est, elle aussi, une coordination de mouvements et d’actions. Toutefois, souvent l’habitude est irréversible d’où pour progresser la nécessité, de déconstruire les mauvaises habitudes ce qui prend du temps et des efforts importants.

Figure 1. Réversibilité et principes généraux des sports d’équipe (Deleplace, 1979 ; Gréhaigne, 1989).

Nous avons choisi ce concept pour éviter les confusions avec le jeu de transition et éviter de traduire sans réflexion préalable le terme anglais « transition phase ». Ce changement de possession du ballon rend nécessaire pour les joueurs une observation continuelle des évolutions des configurations du jeu pour faire face à toutes éventualités.

Par exemple, d’un point de vue défensif, il est décisif qu’ils reconnaissent les indices du moment où ils peuvent récupérer le ballon rapidement et/ou quand ils doivent rester dans les rideaux défensifs pour éviter de se faire consommer inutilement. Ainsi, les joueurs doivent comprendre leur rôle au sein du groupe et la meilleure façon de dépasser les problèmes posés par la réversibilité avec rapidité et cohésion.

On peut également noter que la réversibilité est la capacité que possède le joueur quand il est apte à concevoir que toute action a son inverse et ce, quelles que soient les transformations actuelles de la forme de jeu celle-ci pourra retrouver une forme antérieure.

Piaget (1957) caractérisait la réversibilité comme la capacité d’exécuter une même action dans les deux sens mais en ayant conscience qu’il s’agit de la même action. Au plan général, Piaget (1974) ajoutait que la réversibilité́ opératoire constitue un mécanisme essentiel des opérations mentales, qui permet de réaliser des relations d’inversion et de réciprocité́ entre différents éléments.

Pour Piaget (ibid), la réversibilité se manifeste de deux façons avec l’inversion ou la réciprocité. Ainsi, en même temps que le joueur voit la ligne de défense se resserrer, sa pensée peut revenir en arrière à chaque instant sur l’origine du resserrement ; dans cette pensée, l’action intériorisée sera constamment double « avant/arrière ».

L’action qui va en arrière annule celle qui va en avant car le retour au point de départ est toujours accessible en pensée (inversion). En même temps que le joueur voit la ligne de défenseurs s’allonger (premier résultat de la transformation), il voit les intervalles s’agrandir (second résultat de la transformation). La pensée se saisit simultanément des deux actions (allonger et espacer) et ajuste leurs résultats (réciprocité).

9. 1. La réversibilité attaque / défense et défense / attaque

La réversibilité des situations représente un aspect fondamental des sports collectifs en rapport avec le fait que les équipes attaquent ou défendent à tour de rôle. Ce concept de réversibilité implique que les joueurs de l’équipe anticipent le prochain mouvement de leur adversaire et le prochain mouvement de leurs coéquipiers. Cette réversibilité est à considérer dans un rapport dialectique continuité / rupture.

            – Soit une circulation du ballon et des joueurs pour mettre en place une configuration opportune qui peut amener une rupture momentanée de l’état d’équilibre du système attaque / défense avec un danger de but si l’exécution est rapide et bien assurée. Par contre, en cas d’échec de l’action vers le but, un enchaînement vers d’autres configurations du jeu avec conservation du ballon pour attendre ou provoquer une autre opportunité.

            – Soit rupture définitive de l’action de jeu par perte de la balle, les défenseurs récupèrent la balle et deviennent attaquants. En fonction du lieu de récupération, des configurations du jeu s’imposent pour réussir un but. La possession du ballon, ne signifie rien si on n’avance pas et ne franchit pas le rideau R1, enchaîner les temps de jeu en défense et en attaque et se préparer à la situation à double effet constitue un maillon important de la tactique collective et doit être travaillée sérieusement et mise en place régulièrement à l’entraînement.

Dans le jeu, au moment de l’interception, la plupart des joueurs de l’équipe en possession de la balle sont tournés vers l’offensive et ils anticipent très rarement la perte éventuelle du ballon. Une fois, l’interception réalisée, l’ensemble de ces joueurs est fréquemment pris à contrepied et ils ne sont plus en mesure de bien défendre. La situation à double effet tente de remédier à ce problème.

9. 2. La situation à double effet

Cette situation ; à l’interface de l’attaque et de la défense et, de la défense et de l’attaque suivant le point de vue duquel on se place, représente un moment clé dans l’apprentissage des sports collectifs.

Elle recouvre les dispositions prises à l’avance pour que les défenseurs devenus attaquants participent aux lignes de force et que les attaquants devenus défenseurs s’intègrent aux mieux dans les rideaux défensifs R1 et R2

Dans le jeu, la situation à double effet (Deleplace, 1966, 1979 ; Gréhaigne & Dietsch, 2015) relie organiquement offensive et défensive en soulignant l’immédiateté du passage d’attaquant à défenseur. Être capable de passer de la phase offensive à la phase défensive (ou vice versa), dans un temps très court et à n’importe quel poste en faisant les choix adéquats est un travail important à mener au niveau de l’apprentissage.

Quand on est en défense, il faut prévoir déjà un ou des plans de jeu qui permettent de lancer la contre-attaque dès la récupération du ballon à l’aide de joueurs placés en avant. Si l’on est en attaque, les joueurs placés en soutien, c’est-à-dire en arrière du porteur de balle, doivent aussi considérer dans les actions qu’ils envisagent de préserver une ligne défensive en cas de perte de balle.

Dans cette phase, l’ancienne attaque devenue défense doit se réorganiser

            – soit s’opposer au front du ballon avec le rideau R1 pour tenter de récupérer vite la balle ;

            – soit en recul frein pour retarder la progression de l’attaque avec la couverture proche ;

            – soit en recul fuite pour reconstituer les rideaux défensifs (R3) ;

            – soit si les rideaux sont en place s’opposer aux pénétrations de l’adversaire avec la couverture proche.

Pour la défense devenue attaque, on vise :

            – soit une circulation du ballon et des joueurs pour mettre en place une contre-attaque R1       devenant LdF 1 ;

            – soit en fonction de l’état d’équilibre du système attaque / défense, une rupture momentanée    de cet équilibre qui peut amener un but si l’exécution est rapide et adaptée;

            – soit, en cas d’échec de l’action vers le but, un enchaînement vers un deuxième temps de jeu    avec conservation du ballon pour attendre une autre opportunité.

Ainsi, la défense cherche à priver l’attaque d’initiatives. La mise en œuvre de ce choix tactique suppose du dynamisme, de l’agressivité et de la résolution. Par conséquent, la défense ne doit pas se borner simplement à des répliques données aux actions des adversaires, mais à des ripostes qui obligeront en permanence l’attaque adverse à se centrer sur la conservation du ballon et à ne pas agir en priorité pour la réalisation d’un point. Si la tactique défensive réussit, l’attaque perd la balle.

Privilégier la récupération implique l’organisation du placement des joueurs pour jouer vite, avec les risques inhérents de mauvaise exécution. Une circulation de la balle à l’arrière de l’espace de jeu effectif de l’attaque est un signal fort pour la défense qui permet d’envisager une récupération de la balle. Parfois, laisser la balle aux adversaires devient un choix tactique efficace pour essayer de mieux les contrer ensuite.

Avec l’avènement de la logique formelle, la pensée, peut faire abstraction des contenus et des objets réels et peut chercher les réponses dans l’enchaînement des propositions. Le modèle possible de pensée qui engendre cette forme supérieure est, selon Piaget, le résultat d’un raisonnement où inversion et réciprocité sont pensées simultanément.

Par exemple, le fait de jouer à l’intérieur du dispositif en couverture proche lorsque l’on a le ballon permet d’assurer un lien avec la construction du jeu à venir ou surtout d’être déjà derrière le ballon en anticipation de sa perte.

9. 3. Réversibilité des conduites

Dans les interactions entre perception et action, un autre problème doit être considéré. En effet, dans des rapports d’opposition, une perturbation des connaissances et des compétences motrices, découlent du fait qu’elles sont susceptibles de dégradation avec la fatigue, le stress ou d’une baisse d’attention.

Cela se produit également avec un rapport de forces trop déséquilibré qui fait que les joueurs sont toujours en retard sur le jeu. Ce rapport de forces vécu négativement fait basculer ces joueurs dans un statut de « dominés »… avec ses conséquences sur la possibilité de peser sur le jeu et l’apparente perte de comportements basiques.

Par exemple, le simple fait de garder la possession de la balle en attaque devient problématique quand l’adversaire est trop largement supérieur et que le principe de « l’égalité des chances à l’inégalité du résultat » ne peut plus être respecté (Jeu, 1977).

Le joueur de sport collectif est aussi, à cet instant précis, le résultat de relations contradictoires mais temporairement équilibrées entre le poste qu’il occupe, ses qualités physiques, ses ressources motivationnelles et ses connaissances, les adversaires, etc.

Cet état d’équilibre est précaire et sa principale caractéristique est la réversibilité car un joueur, en fonction d’un rapport de forces vécu trop défavorablement, peut revenir à des conduites, relevant d’une adaptation à l’affrontement, inférieure à son niveau habituel. Cela se conjugue avec une perte temporaire de ses objets techniques et des tactiques individuelles inadaptées du fait du retard permanent des décisions.

En physique, la réversibilité désigne la propriété de certains systèmes de pouvoir retrouver un état passé par inversion des processus qui ont conduit de l’ancien état à l’état présent. Ici, c’est le même phénomène, si le trouble cesse ou l’opposition fléchit un peu pour une raison quelconque, le joueur peut retrouver immédiatement son niveau initial.

Cette approche devrait conduire à proposer une autre conception des conduites communes à tous les joueurs, conception plurielle prenant en compte comme fait premier et signifiant les différences entre les adaptations mises en œuvre. Sinon, ces phénomènes constituent un obstacle majeur à toute évaluation formelle des comportements en jeu. Dans ce contexte, Héros (2022) montre qu’en cas de perte de la balle certains joueurs s’arrêtent d’autres continuer à jouer et vont se replacer.

Sur un plan plus général, la réversibilité opératoire constitue un mécanisme essentiel des opérations mentales qui permet de réaliser entre différents éléments des relations d’inversion (additionner, puis soustraire, par exemple) et de réciprocité (permuter les termes d’une relation). Ces opérations servent à résoudre les problèmes posés par la complexité des configurations du jeu.

10. Réciprocité

Par définition, la réciprocité́ des phénomènes est un concept relationnel. Prise dans un sens très général, la réciprocité́ réfère à un état ou une relation impliquant une action ou influence mutuelle. C’est le fait pour deux entités d’interagir et de maintenir des échanges mutuels qui servent de fondement à leur relation. 

En sport collectif, la réciprocité entre joueurs et entre équipes se définit par leur capacité à interagir et à maintenir des échanges. La réciprocité́ comporte également des activités qui permettent de répondre ou de réagir de manière appropriée aux avantages ou aux préjudices produits par les actions réciproques.

Quand la continuité du jeu est assurée, il y a aussi une dimension proactive qui suppose d’anticiper et de favoriser des actions à venir, voire rétroactives qui impliquent de restaurer et maintenir un certain équilibre après un phénomène inattendu qui a émergé.

Par exemple, si l’équipe A attaque avec un jeu étalé en largeur, soit la défense de l’équipe B est bien en place et attend la suite des opérations laissant à la cellule de l’action de pointe régler le problème temporaire, soit la défense se déforme en largeur pour s’adapter à cette nouvelle donne.

Par contre, si l’on réussit à imposer son jeu à l’adversaire, on a souvent un coup d’avance car la réaction réciproque fournie par l’équipe adverse sous forme d’adaptation ou non est toujours plus tardive. Dans une approche « locale », ce sont les interactions joueurs – contexte, qui font émerger l’équilibre de chaque structure collective.

Dans ce cas, chez chacun des deux adversaires, ces formes de réciprocité se définissent comme la capacité d’un ou plusieurs joueurs à interagir et à maintenir ou non ces échanges. Cela suppose également la maîtrise des effets de réciprocité entre le système match et les différents sous-systèmes impliqués dans l’action.

Ce concept de réciprocité ininterrompue souligne que pour bien comprendre les manœuvres en cours et la transformation des configurations du jeu, il faut toujours saisir ensemble le mouvement du ballon et le mouvement correspondant des joueurs. Pour Deleplace (1979), il faut saisir le mouvement correspondant, de chacun des deux antagonistes dans une nécessaire réciprocité.

À cet effet, dans le système des matrices, il y a une « matrice offensive» – choisir de jouer sur le sol ou en l’air – et une « matrice défensive » – se distribuer collectivement entre défense sur l’homme, défense sur la balle – avec une réciprocité logique entre ces deux matrices. Il est aussi décisif pour l’entraîneur, d’avoir toujours présent à l’esprit que le joueur a des réactions émotives, en même temps qu’il déploie une véritable activité cognitive.

Ainsi, les rapports de réciprocité sont décisifs entre la cognition et la motricité mais il ne faut pas oublier d’y incorporer les problèmes de réciprocité liés aux aspects affectifs. C’est le principe des actions réciproques où toute action de l’équipe A sur un l’équipe B entraîne une réaction de l’équipe B sur l’équipe A sauf rupture qui entraîne une fracture dans les deux entités sous l’effet de contraintes trop intenses voire sous l’effet d’efforts excessifs ou trop prolongés.

Aussi, contrairement à une conception didactique habituelle du football, cette nécessaire réciprocité souligne que les rapports à l’adversaire sont plus décisifs que le rapport aux objets de la technique ou aux rapports des partenaires entre eux. Alors, tant pour l’initiation et surtout pour le perfectionnement, cette réalité profonde du jeu doit être respectée à l’entraînement : l’obstacle réel, articulé et changeant, que l’adversaire propose sur le chemin du but est à faire expérimenter dès le plus jeune âge.

 Avec ce concept de réciprocité, l’objectif est au moins de montrer qu’au-delà̀ des asymétries dans les comportements possibles des joueurs que l’élément le plus critique dans ces rapports est lié à la nature des réciprocités et à la portée des implications affectives qu’elles suscitent.

Dans ce travail d’approfondissement, nous nous sommes limités aux rapports de réciprocité existant entre les aspects cognitifs et les compétences motrices. Mais cette limitation ne doit surtout pas être interprétée comme un désintérêt des problèmes liés aux émotions et au stress.

Toutefois, le problème fondamental des sports collectifs est souvent ainsi formulé : dans un rapport d’opposition, fondamentalement réversible, il s’agit, dans une équipe, d’une coordination d’actions afin de récupérer, conserver, faire progresser le ballon en ayant pour objectif d’amener celui-ci dans la zone de marque et de marquer (Gréhaigne, 1989).

Pour Deleplace (1966), dans les sports collectifs, la matrice tactique de l’exécution gestuelle et la tactique collective doivent être approfondies en même temps dans leur rapport de réciprocité. Un sport collectif ne s’enseigne pas par chapitres successifs, qu’il suffirait d’accumuler les uns après les autres dans le temps, pour aboutir au jeu complet.

Il faut tout au long de la formation conserver le jeu réel, comme source d’intérêt et champ d’expérience. Ainsi, les joueurs vont devoir appréhender simultanément le mouvement du ballon et celui des autres joueurs. Par exemple, le ballon peut circuler au sol ou en l’air, cela impose donc une logique des prises de décisions tactiques centrées sur les fluctuations des liens entre l’attaque et la défense. Tout en mettant en évidence une filiation entre situations à double effet et la phase mère du jeu (Deleplace, 1979).

Au plan théorique, un des enjeux de la réflexion autour du temps consiste bien à comprendre et modéliser des états dynamiques qui, en intégrant le temps, permettent de faire construire les joueurs des configurations de jeu perçues qui se centrent sur le mouvement et les transitions entre les différentes séquences de jeu.

Ce concept d’état dynamique (Gréhaigne, 2009) permet de mieux comprendre, à un instant donné, l’importance des déplacements des joueurs. Ils occupent une position temporaire, mais cette position évolue ou va évoluer car à cet instant « t », chacun possède une vitesse de déplacement instantanée différente.

Ainsi, l’évolution de la dynamique du système avec sa capacité à changer et à évoluer peut alors se modéliser en concevant que les rapports de vitesse sont premiers. On utilise les notions de mouvement, de changement, d’adaptation et de variation de vitesse pour définir les éléments de base nécessaires à l’étude de la dynamique dans le jeu et de la cinématique du jeu.

L’étude du mouvement est plus spécifiquement l’objet de la cinématique qui est la partie de la mécanique qui traite des mouvements sans s’occuper de leurs causes : position, vitesse et accélération sont des concepts clés de cette approche.

Plus généralement, la dynamique, quant à elle, est une discipline de la mécanique classique qui étudie les corps en mouvement sous l’influence des actions qui leur sont appliquées. Elle combine la statique qui étudie l’équilibre des corps au repos et la cinématique qui étudie le mouvement : effet, équilibre, système, tension sont quelques concepts liés à la dynamique.

En football, les aspects plutôt stables peuvent être illustrés à partir des configurations du jeu peu évolutives ou des phases statiques. Par contre, la cinématique renverrait plutôt à l’évolution des configurations du jeu et aux transitions entre elles.

11. Le temps, le rythme et jouer au temps juste

Le concept de temps (Gréhaigne, 2018b) est un corollaire de la notion de mouvement. Celui-ci est appréhendé par ses manifestations avec par exemple le déplacement d’un   rapport à un point fixe ou un autre joueur et ce à un moment déterminé : un changement de position en quelque sorte mais qui n’existe que dans la durée.

Ainsi, l’étude du concept de temps a permis une compréhension du temps basée sur le principe de l’analogie. C’est-à-dire sur la mise en relation quantitative entre une certaine période de temps et un modèle de référence, grâce auquel il peut être interprété.

Divisible, il est considéré comme une entité linéaire et mesurable : par exemple, une mi-temps en football dure 45 minutes. Par contre, les aspects qualitatifs du temps renvoient à l’épreuve ou la situation que le sujet est en train de vivre.

Pour illustrer ce cas, nous allons envisager les cinq dernières minutes d’un match où vous menez 2 à 1 alors que l’équipe adverse vous domine outrageusement. Ces quelques minutes paraissent bien une éternité. Les aspects qualitatifs du temps sont donc liés à l’expérience et aux émotions que le joueur ressent : ici, la durée est bien une notion subjective.

Par exemple, une passe ou un échange de la balle représente toujours une certaine longueur et une certaine forme de trajectoire, une certaine direction , et une certaine vitesse de déplacement du ballon sur sa trajectoire. C’est cette durée que nous appelons le « temps de passe ».

Ces données dynamiques, réalisées au départ de la passe, ne peuvent plus être changées dès que le ballon quitte les pieds du passeur, et tous les joueurs, attaquants comme défenseurs, disposent de ressources qui les « informent » avec exactitude sur ces « données » physiques.

11. 1. Les différents temps de jeu

L’enchaînement des configurations du jeu produit différents temps de jeu. Dans un style de jeu qui privilégie le jeu long profond, on peut distinguer plusieurs catégories d’enchaînements. La première catégorie est constituée par les actions où le premier temps de jeu dans cette dimension profonde est suivi d’un second temps de jeu directement orienté vers la cible.

La seconde catégorie d’enchaînements concerne le jeu indirect où le second temps de jeu implique un joueur en appui qui réceptionne le ballon de dos, ou de profil par rapport au but adverse. Il peut alors prolonger le mouvement vers l’avant par du jeu en déviation visant un partenaire en mouvement pénétrant aux conditions réglementaires.

Le jeu aérien de l’appui en déviation, le plus souvent de la tête, nécessite une grande coordination dans la précision de la passe par rapport à la course du partenaire. Le troisième temps de jeu consiste alors pour le réceptionneur à capturer le ballon et à finir le mouvement par une frappe de balle ou un dribble pour « consommer » le dernier rempart.

La troisième catégorie d’enchaînements correspond à une attaque qui va se poursuivre vers un quatrième temps de jeu qui constitue une étape supplémentaire pour se rapprocher de la cible. Lorsque le joueur en appui peut s’approprier le ballon en le contrôlant, cela sécurise le jeu mais constitue une perte de temps.

Le jeu est constitué par une succession de moments et d’évènements à la fois distincts et corrélés entre eux mais en aucun cas, une suite uniforme et abstraite. Avec le temps, les configurations du jeu changent d’état et, à tout moment, un évènement peut perturber l’ensemble de façon non prédictible.

L’écoulement du temps produit du désordre dans les relations d’opposition ainsi que dans les interactions entre joueurs. Ainsi, nous pouvons dire que les systèmes complexes non linéaires ou simplement linéaires par moment font preuve de comportements peu prévisibles, voire complètement aléatoires.

Ces phénomènes complexes se réalisent dans le temps et dans l’espace, ils sont identifiables mais évoluent sans cesse et seuls certains types d’arrangements réguliers et pas nécessairement les plus simples, s’imposent d’eux-mêmes à notre attention. Régularité mais aussi hasard semblent bien au cœur de ce que l’on pourrait dénommer organisation voire auto-organisation dans le temps soulignant par-là l’enchaînement des configurations momentanées du jeu.

Dans ce cadre, le mouvement dans le jeu constitue la pierre angulaire de l’évolution des rapports d’opposition et le reflet de l’alliance nécessaire entre la tactique individuelle et l’esprit collectif, entre l’initiative et la nécessité de s’organiser, de se déplacer, de faire une passe, de faire un appel. C’est reconnaître que l’on fait partie d’un groupe, d’une équipe où le mouvement est primordial.

11. 2. Rythme, variation du rythme et synchronisation

Pour Teodorescu (1977), le rythme dans la défense consiste en des actions de défense plus ou moins nombreuses effectuées au cours d’une phase du jeu et par rapport à la durée de chaque action. On a pour habitude de dire qu’une défense agressive comporte normalement un grand nombre d’actions, tandis que la défense relativement passive en comporte un petit nombre.

Néanmoins, l’importance du rythme est beaucoup plus grande dans l’attaque que dans la défense ; il dépend du nombre d’actions enchaînées, du tempo des actions individuelles et collectives dans l’attaque et de la durée de chacune d’entre elles. Suivant les actions de jeu, le rythme peut être rapide ou lent.

Les jeux sportifs collectifs modernes sont caractérisés par des rythmes rapides, soutenus également par l’utilisation délibérée de variations de rythme, afin de dérouter l’adversaire et de déjouer ses prévisions. Les variations du rythme renvoient souvent aussi à des variations de vitesse des joueurs, aux appels de balle, au passage d’un jeu en contournement à un jeu dans la profondeur, à une passe longue tendue déplaçant le jeu…

Mais les variations du rythme renvoient également aux feintes, aux courses croisées, aux changements de direction, autant d’éléments qui permettent aussi de varier le rythme du jeu. En ce qui concerne un bon tempo, il nous semble que c’est jouer juste, au bon moment, en un mot pour jouer juste : on ne demandera pas la balle à contretemps, c’est-à-dire en décalage par rapport au temps et qui vient compromettre la réalisation d’un projet car exécuté un moment inopportun, mal à propos.

De ce fait, c’est la synchronisation des mouvements qui donne le moment opportun, le rythme interne à l’opération (action) et l’étendue (durée) de celle-ci dans les phases (temps) de jeu. La dimension temporelle contient deux éléments de durée imbriqués, l’un micro et l’autre macro (Fernandez, 2002).

Une microdurée règle les coordinations locales en termes de vitesse de déplacement, de débordement joueur à joueur par exemple. Une macro-durée correspond à la boucle « actions en projet / opérations / effets » dont les relations n’ont pas de limite définie, a priori, dans la stratégie mise en place.

À terme, ces deux temporalités se rejoignent, mais la conscience des phénomènes macroscopiques ainsi décrite semble toutefois plus difficile d’accès et d’apparition plus tardive. Néanmoins, il est possible que les ajustements dans un affrontement partiel ne soient pas toujours inscrits dans un projet stratégique global et que l’acte tactique individuel (Mahlo, 1969) puisse être localement désynchronisé, soit sans dommage pour la continuité de l’action ou des opérations, soit avec un bénéfice pour l’équipe adverse qui récupère alors le ballon.

Une désynchronisation positive, dans un duel par exemple, consiste à rompre à son avantage l’équilibre des rapports d’opposition pour prendre de l’avance sur le replacement défensif.

11. 3. Temps et réponse du joueur

Dans cette adaptation des travaux de Hoc et Amalberti de 1994 (figure 1), on distinguera des opérations d’exécution (celles qui sont liées à la réalisation comme telle) et des opérations d’organisation (celles qui assurent le repérage de la situation et amène à une décision) en rapport avec les opérations cognitives du joueur.

La base de connaissances de celui-ci consiste en l’ensemble de ses connaissances à propos de l’action elle-même aussi bien que les conditions dans lesquelles elle est accomplie. En d’autres termes, ce sont les représentations du jeu et de l’action en cours qui sont comprises par le joueur.

Figure 2. Organisation du jeu et contrôle dynamique (adapté de Hoc et Amalberti, 1994).

L’approche en termes de coût cognitif consiste à considérer que les ressources cognitives sont limitées chez un individu donné, à un moment donné et pour une tâche donnée. Or toute tâche nécessite l’allocation d’une certaine quantité des ressources cognitives.

Cette quantité varie en fonction du caractère plus ou moins automatique ou contrôlé des procédures mobilisées. Le facteur le plus influent en ce qui concerne la mobilisation des procédures semble être les connaissances et l’expérience du joueur.

Le modèle met en évidence un fonctionnement parallèle de quatre boucles de réajustements qui s’inscrivent dans des échelles de temps et de couts cognitifs différents. Par ailleurs, la hiérarchisation des opérations faites dans la figure 1 permet de comprendre l’efficacité d’analyser la tâche a priori en vue de construire une anticipation sur ce qui devra être effectué ainsi qu’une planification des activités à mettre en oeuvre.

Dans un environnement dynamique comme dans les sports collectifs, la compréhension de l’état en cours du jeu et l’anticipation des actions des coéquipiers et des adversaires vont de pair pour assurer un contrôle optimal des actions.

On distingue quatre niveaux différents de l’activité d’élaboration d’une réponse avec des couts temporels très différents. Dans le premier niveau de traitement de l’information, les opérations sont le plus souvent traitées en tâche de fond par le joueur. Elle s’appuie sur la détection de signaux, de repères et d’indices qui orientent immédiatement le joueur vers la réponse appropriée sans passer par la représentation symbolique.

Le deuxième niveau de traitement de l’information concerne les situations de jeu où les stimuli et repères ne sont plus exploités au niveau de leurs caractéristiques physiques, mais au niveau du contenu qu’ils véhiculent. Les signaux ne sont plus aussi clairs que pour les activités évaluatives et laissent place à une interprétation de la situation par le joueur qui se fonde sur sa compréhension du jeu.

Le troisième niveau de traitement de l’information renvoie à des mécanismes interprétatifs encore plus profonds et plus longs à mettre en œuvre que la simple orientation vers un ensemble de règles d’action. Les repères sont plus subtils et se basent sur une compréhension encore plus détaillée du jeu. Le niveau de contrôle des actions par le joueur renvoie à la notion de résolution de problèmes où la durée de traitement devient importante.

Le quatrième niveau de traitement de l’information s’intéresse aux mécanismes interprétatifs lourd et couteux en temps car il faut déconstruire des ressources antérieures qui se révèlent fausses dans la situation présente. Il faut reconstruire des réponses nouvelles.

12. Conclusion

L’objectif de cet article était de discuter quelques concepts à propos de la dynamique du jeu en football. À cet effet, nous avons analysé la pertinence et l’usage de ces trois termes.

Dans cette optique, il est à noter que les principes de jeu et les matrices d’action pour l’attaque et la défense sont particulièrement utiles pour développer un référentiel commun dans l’équipe et anticiper l’évolution des rapports de forces dans un système en équilibre ou pas (Gréhaigne, Caty, Billard, & Chateau, 2005).

La logique qui a présidé à la construction de cette analyse vise aussi à tenir compte des rapports d’opposition directs dans un match de sport collectif. Ceux-ci constituent une trame dynamique de transformation où la réversibilité souligne l’immédiateté du passage d’attaquant à défenseur et met en évidence la notion de situation à double effet ainsi que les effets de réciprocité entre les niveaux de l’action (Gréhaigne, 1992). La notion de matrice d’action devrait nous permettre de mieux analyser la dynamique du jeu et ainsi mieux anticiper son évolution ou sa transformation.

Le hasard résulte d’une rencontre fortuite entre deux ou plusieurs séries causales indépendantes. Tandis que le nécessaire correspond toujours au réel des configurations du jeu tel que perçu, le probable et ses fréquences d’apparition correspondent à des cas favorables. Si l’on considère que le probable est un rapport entre les cas favorables et les cas possibles il peut être, à la période formelle, l’objet d’un calcul.

En football, il faut préserver ce caractère continu et fondamentalement réversible du jeu, les joueurs étant tour à tour, défenseurs ou attaquants, dominants / dominés en fonction du rapport de forces et des configurations du jeu. Ces différentes caractéristiques permettent de bien situer les choix qui devraient sous-tendre une conception du jeu. Malheureusement, bien souvent, dans les équipes, en raison du besoin de rendement immédiat, on pense d’abord à la défense du but.

Il convient de substituer à ce dogme réducteur de la causalité simple et de choix stérilisant, un modèle plus complexe qui repose sur les notions d’organisation, d’interactions, d’effets réciproques et de phénomènes émergents rendant compte d’une complexité plus grande et plus appropriée aux rapports d’opposition produits par l’affrontement de deux équipes

Dans cet article, nous pensons avoir mis en évidence comment une approche de la dynamique du jeu peut ouvrir la voie à de nouvelles d’interprétations sur la variabilité du mouvement, en évitant le déterminisme implicite dans les théories traditionnelles d’analyse du jeu.

Il devient clair que cette approche offre une nouvelle perspective avec la variabilité des mouvements considérée comme fonctionnelle en permettant aux joueurs de s’adapter à la multitude de contraintes uniques dans la performance. Une étude fine du rôle de la variabilité implique qu’elle devrait être étudiée comme faisant partie intégrante du système d’affrontement.

À cela, il convient d’ajouter une approche essentielle : la combinaison d’approches expérimentales in vivo (match et entraînement) et théoriques (modélisations) allant d’une séquence de jeu à toute une population de joueurs.

En définitive, ce qui nous intéresse est plutôt relatif aux conditions permettant une description des propriétés régissant l’évolution du système d’affrontement vers des états d’équilibre ou de déséquilibre car ce système présente parfois un équilibre d’une autre nature en fonction d’une cinétique particulière du jeu (mouvements, déplacements, vitesse, modifications du rythme dans le jeu).

Les auteurs remercient Alilou Issa, Olivier Alberola et Pierre Sage pour leur relecture de cet article

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