Le joueur ou l’entraîneur : observateur et évaluateur

Proposition théorique de  © Jean-Francis Gréhaigne, professeur des Universités honoraire en STAPS de l’Université Bourgogne Franche-Comté.

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Au centre des savoirs et de la pratique du jeu, il y a le joueur connaissant qui est, en même temps, un observateur, un concepteur et un acteur de décisions.

Cela recouvre chez lui une forme d’intelligence tactique qui permet (Gréhaigne & Godbout, 2014) :

  • de simplifier l’analyse tout en respectant la complexité du jeu ;
  • d’analyser l’évolution des configurations du jeu à partir d’indices partiels ;
  • de hiérarchiser l’important, le significatif de l’accessoire ;
  • de flairer les bons coups et de se servir du hasard de façon favorable.
  • d’utiliser la mémoire, l’imagination et l’expérience du joueur (Gréhaigne, Poggi, & Zerai, 2017).

Avec la participation active des joueurs, l’observation devient une activité authentique, pas seulement dans le jeu sans ballon. Tout d’abord, cela concerne l’observation participante (Winnykamen, 1982) effectuée par les joueurs directement impliqués dans l’action.

Chaque joueur des deux équipes peut être considéré comme en situation d’observation / évaluation participante. Chacun d’eux effectue l’observation directe des adversaires,  l’observation directe des partenaires, tout en se livrant à une réflexion personnelle sur et dans l’action. Avec l’observation participante, le joueur s’immerge pleinement dans le jeu où il tient un rôle réel. Cela le conduit à appréhender d’une autre façon les rapports d’opposition.

Tout au long de son activité sur le terrain, le joueur en situation d’observation / évaluation, tout en jouant, observe, regarde et collecte des données. Par la suite, celles-ci pourront être confrontées avec des informations extérieures (observateurs extérieurs, entraîneurs) afin de conforter ses impressions ou de les faire évoluer.

L’observation participante et son utilisation demeurent, certes, délicates, puisque la subjectivité du joueur induit la modification de l’objet ; elle reste néanmoins la seule qui permet, grâce à un changement constant d’activité, de position, de présence et d’agir dans le jeu afin de diversifier les points de vue.

L’observation / évaluation formative par un observateur extérieur est là pour rapporter des données qualitatives et quantitatives sur les rapports d’opposition. Cette forme d’évaluation formative (Cardinet, 1984) a pour but, d’abord, de guider les joueurs dans leurs réponses et leurs apprentissages. Elle cherche à fournir des données pour découvrir les obstacles et les difficultés qu’il restera à surmonter afin de progresser.

Ainsi, les décisions prises par l’équipe lors d’un débat, doivent être interprétables en termes d’observations, d’indices, pour que la stratégie adoptée soit mesurable et objectivable afin d’apprécier la conformité entre les décisions prises et le jeu réel au cours de la séquence jouée suivante. Le joueur / observateur effectuera donc une observation structurée, sans pour autant ignorer d’autres aspects du jeu. L’enjeu réel de l’observation /évaluation externe du jeu est de faire de ce moment un temps d’apprentissage réel. Associer le joueur à cette fonction est un des moyens possibles pour améliorer l’analyse des réponses motrices. L’activité de comparaison entre ce qui est recherché et ce qui est observé est une compétence qui s’acquiert au terme d’une expérience et d’une activité.

L’utilisation des observations lors d’une réflexion distanciée facilitera la réflexion des joueurs sur leur jeu, leurs succès et leurs erreurs nourrissant leur pensée tactique. En un sens, ce qui est en jeu, c’est l’apprentissage et l’évaluation des connaissances tactiques en action, avec comme effet connexe l’apprentissage des compétences motrices. Les joueurs sont ici utilisateurs des données de l’observation.

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Références

Cardinet, J. (1984). Pour apprécier le travail des élèves. Neuchâtel : IRDP.

Gréhaigne, J.-F., Godbout, P. (2014). Dynamic Systems Theory and Team Sport Coaching. Quest, 66(1),96-116.

Gréhaigne, J.-F., Poggi M.-P., & Zerai, Z. (2017). Connaissances et compétences motrices en sport collectif : quoi enseigner ? eJRIEPS, 40, 143-162.

Winnykamen, F. (1982). L’apprentissage par l’observation. Revue Française de Pédagogie, 52, 24- 29.

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