Structure 2+3: Avantages et rôle des latéraux

Proposition dIllies Lebrun, Alilou Issa et Olivier Alberolaconsacrée aux avantages de la structure 2+3 et le rôle des latéraux.

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Match(s) observés(s) – Saison 2021/2022 :

Man City / Man United (PL – Journée 28)

Ajax / Benfica (LDC – 8e de finale retour)

Barcelone / Osasuna (LIGA – Journée 28)

Arsenal / Liverpool (PL – Journée 27)

Introduction

Dans l’analyse des configurations momentanées du jeu, l’opposition, la continuité et la réversibilité sont trois concepts qui s’avèrent essentiels (Gréhaigne, 2021).

Il semble que la structure 2+3 (extraite de la formation 1-2-3-5) soit une tendance que l’on peut actuellement observer dans la plupart des équipes adeptes du jeu de positions. La structure est généralement formée par les deux défenseurs centraux, les latéraux et le pivot. Les caractéristiques individuelles de ces joueurs détermineront la nature des interactions qui émergeront, dans l’objectif de créer des conditions favorables à l’expression collective. Etant donné que l’opposition représente la pierre angulaire de toute analyse, nous envisagerons les différentes évolutions structurelles à travers les interactions entre les deux équipes qui s’opposent (Gréhaigne, 2021).

Man City / Man United (PL – Journée 28)

Manchester City s’organise avec une asymétrie positionnelle entre les deux latéraux théoriques (Walker et Cancelo). L’un occupe la périphérie et l’autre le couloir intermédiaire droit. Cette asymétrie est probablement liée à la volonté des Cityzens de mettre Cancelo et l’équipe dans les meilleures conditions, lorsqu’ils ont le ballon, en utilisant sa capacité à s’associer avec les autres, dans les zones où ils peuvent faire le plus de dégâts.

La réduction des distances entre les joueurs dans la zone d’initiation modifie les habitudes dans les alignements défensifs des joueurs de Manchester United. La Zone de Lumière gauche, volontairement surchargée par B.Silva et Grealish complique la mobilité défensive adverse tout en y aménageant de l’espace via le positionnement de Cancelo profond et large, à la périphérie.

Les effets générés par l’asymétrie des latéraux théoriques, sont intéressants à observer. Walker vient former une ligne de 3 se positionnant à distance optimale de son partenaire (Stones) et de son adversaire (Sancho), afin d’offrir une aide de continuité au premier et semer le doute chez le second.

Sancho à le choix de sortir presser Walker, pour l’empêcher de recevoir le ballon dans de bonnes conditions, ouvrant par la même occasion l’accès à la Zone de Lumière droite ou se trouve De Bruyne ou bien de conserver sa position et laisser Walker avoir du temps et l’espace. Il lui est impossible de couvrir tout l’espace dans son dos.

La position de Walker va influencer l’angle de la course défensive de Sancho et il conditionnera ici, en tant que premier joueur l’espace à occuper par le deuxième joueur, De Bruyne, qui décidera d’occuper la Zone de Lumière ou la périphérie aérée par le positionnement dissuasif dans la profondeur de l’excentré de City (Mahrez) qui fixe le latéral adverse… Le tout dans une grande discrétion à l’ombre de Sancho.

A la périphérie gauche, Elanga choisi (est contraint ?) de suivre Cancelo, ce qui offre du temps et de l’espace à Laporte, si Stones décide de jouer avec lui.

Ajax / Benfica (LDC – 8e de finale retour)

Configuration T-0 seconde : L’asymétrie entre les deux latéraux théorique de l’Ajax (Mazraoui et Blind) est marquée du sceau positionnel et conditionne les références défensives des excentrés du Benfica (Silva et Everton). Cette configuration momentanée du jeu offre un point de comparaison intéressant avec Manchester City. En effet, Mazraoui s’engage dans le couloir intermédiaire droit pendant que Timber se désaxe pour manipuler l’excentré gauche du Benfica, Everton.

On s’aperçoit que Manchester City et l’Ajax d’Amsterdam concentre la structure adverse dans les couloirs intermédiaires pour exploiter la périphérie dans les meilleures conditions. Il est probable que ces modalités permettent à ces deux équipes d’anticiper la future réversibilité, en occupant de façon préventive les espaces sensibles, étant donné que les phases de possession et de récupération du ballon, constituent les deux faces d’une seule et même pièce.

T+3 secondes : Ici, l’Ajax souhaite que son excentré, Antony, profite de la profondeur à la périphérie, en situation avantageuse. La position de Mazraoui dans la Zone de Lumière droite oblige Everton à bloquer l’accès à cette zone et offre un contexte favorable à Antony, qui pourra exploiter sa vitesse face au latéral adverse.

Cette situation permet aussi à Mazraoui semer le doute chez le central et le latéral adverse. La localisation d’Alvarez dans le rôle de pivot de l’Ajax, oblige son adversaire direct à rester à son contact et incite Everton à harceler le porteur du ballon, avec les conséquences évoquées.

Ces deux équipes adoptent la même structure 2+3, mais avec une interprétation qui dépend des caractéristiques de chacun, de l’adversaire, etc.  Ils s’adaptent aux contraintes qu’ils rencontrent et qui sont fluctuantes (Seifert, 2022), pour accéder à des espaces stratégiques, identifiés au préalable, dans le cadre du plan de jeu.

Barcelone / Osasuna (LIGA – Journée 28)

Configuration à T-0 : Autre exemple lors de Barcelone – Osasuna où les visiteurs navarrais ont ajouté un 5e défenseur au rideau transversal profond (ligne de 5 formée par le joueur de couloir proche du ballon, pour gérer la largeur et éviter la menace de la profondeur. Ici, le cône des lumières (Gréhaigne, 2022) permet d’observer à quel point l’occupation de la largeur est prépondérante au FC Barcelone.

T+3 secondes : Le Barça a largement optimisé les qualités de Jordi Alba pour exploiter les caractéristiques structurelles d’Osasuna dans le couloir intermédiaire gauche, afin de profiter des larges espaces sur les côtés de la première ligne défensive. Sa position a rendu cet espace indéfendable par Moncayola pris dans le triangle Gavi dans un premier temps, Alba dans un second temps (T+2), voire Busquets, qui sont assez proches les uns des autres pour combiner l’intérieur.

Arsenal / Liverpool (PL – Journée 27)

L’auto-organisation de cette structure 2+3 (ici 2-3 en fait) est très variée selon les profils des joueurs qui la composent, les comportements de l’adversaire et la stratégie retenue. Ici, les Gunners, mis sous pression par un Liverpool très agressif, montre une autre interprétation avec le positionnement des latéraux bien plus en amplitude, avec un joueur dans le couloir extérieur et un autre dans le couloir intermédiaire à l’opposé du ballon.

Le ballon régit l’organisation du jeu et cette prise de la largeur par les latéraux peut s’expliquer par le besoin d’avoir du temps à la réception du ballon mais également pour accroitre les distances entre les joueurs de la première ligne adverse.  

Photographie comparable de Manchester City (en 2+3) qui recherche une amplitude maximale, avec les latéraux dans les couloirs extérieurs afin d’écarteler la première ligne adverse.

A retenir

  • Adaptation des latéraux pour mieux exploiter les espaces dans le dos de la première ligne défensive. Tendance structurelle en 2+3, avec occupation des couloirs extérieurs par les deux latéraux ou d’un couloir intermédiaire.
  • Occupation des couloirs intermédiaires, mais sur des hauteurs différentes, pour mieux exploiter les espaces dans le dos de la première ligne défensive.
  • Asymétrie dans le positionnement des latéraux dans la largeur comme dans la profondeur, pour exploiter au mieux leurs caractéristiques.
  • Prise en compte des qualités de chacun pour mieux exploiter les faiblesses adverses ou contraindre leurs habitudes, qu’elles soient individuelles/collectives.

Références :

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